Plasan Sassa et Shimoni Michael Metal Enterprises. Le Prix d’économie « Hugo Ramniceanu » a été décerné.

Le 38^e Prix d’économie Hugo Ramniceanu a été décerné dans le cadre du Conseil des Gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv, à deux entreprises industrielles du nord du pays ravagé par la guerre pour leur extraordinaire résilience : Plasan Sasa, entreprise spécialisée dans la conception et la production de systèmes de protection balistique pour les véhicules automobiles, les avions et les navires, et Shimoni Michael Metal Enterprises, firme experte dans les solutions pour projets intégrés et technologiquement complexes du secteur de la métallurgie, de la conception à la production. Le prestigieux prix Ramniceanu est attribué chaque année pour contribution exceptionnelle dans les domaines de l’économie, de la technologie, de la recherche et du développement en Israël. La cérémonie de cette année a également été l’occasion pour l’université de rendre hommage au président sortant de l’Association française, le Prof. François Heilbronn, et d’accueillir son successeur, Francis Barel, également petit-fils du fondateur du Prix, Hugo Ramniceanu.

La cérémonie s’est déroulée en présence de Dafna Meitar-Nechmad, présidente du Conseil des gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv, du Prof. Ariel Porat, président de l’Université, Amos Elad, vice-président, Monique Ramniceanu, fille du fondateur du Prix, ainsi que du Prof. François Heilbronn, de Francis Barel, de l’Ambassadeur de Roumanie en Israël, S.E. Radu Ioanid, et du Prof. Jean-Robert Pitte, ancien président de la Sorbonne, membre de l’académie des sciences morales et politiques, président de la Société de géographie et docteur honoris causa de l’Université de Tel-Aviv.

« Merci pour votre vision, votre générosité, votre humanité »

Le prix Ramniceanu est décerné chaque année depuis 1987, date de sa fondation par le regretté Hugo Ramniceanu, industriel français dans le domaine du textile, qui fut le premier président de l’association française de l’Université de Tel-Aviv, rôle qu’il a occupé pendant 30 ans. Grand ami de l’Etat d’Israël, Hugo pensait que seule l’éducation lui permettrait de devenir un pays fort sur le plan économique, social et militaire. Le Prix, dont le but est de promouvoir l’excellence dans le domaine de l’économie, témoigne de sa vision de l’avenir entrepreneurial de l’Etat, bien avant que naisse l’idée de la « startup nation ».

En ouverture de la cérémonie, Amos Elad a rendu hommage au Prof. François Heilbronn, président sortant de l’association française de l’UTA : « Nous célébrons vingt années remarquables de dévouement, de leadership et de profonde amitié. Bien plus qu’un simple président, François a été le moteur du resserrement des liens entre Israël, la France et l’Université de Tel-Aviv. Un visionnaire, un constructeur de ponts, un homme à la fois de stratégie et de cœur ». Depuis sa première visite à l’université en 2003, le Prof. Heilbronn, rappelle-t-il, a occupé les postes de vice-président de l’association, puis de président, ainsi que de vice-président du Conseil des gouverneurs de l’UTA; il a créé des partenariats durables avec certaines des plus importantes institutions françaises, comme Sciences Po, la Sorbonne, le Collège de France et le CNRS, et a été à l’origine d’évènements culturels et philanthropiques inoubliables. Il relève également que l’impact du Prof. Heilbronn va bien au-delà du monde universitaire : « Comme vice-président du Mémorial de la Shoah, vous avez donné une voix à la mémoire du récit juif, sa douleur, sa résilience, son héritage. Vous avez lutté contre l’antisémitisme et la désinformation. Merci pour votre vision, votre générosité, votre humanité. Ceci n’est pas un adieu mais un moment de profonde gratitude, d’admiration et d’amitié pour tout ce que vous avez fait ».

Le Prof. François Heilbronn s’est déclaré très ému : « Il y a 22 ans, je devenais vice-président des amis français de l’Université de Tel-Aviv. Puis il y a 17 ans je succédais au tant regretté Hugo Ramniceanu, fondateur de notre association. J’ai la chance de transmettre aujourd’hui la présidence à un jeune homme brillant, passionné par notre cause et prêt à s’engager complétement, Francis Barel, fils de Monique Barel et du regretté Sylvain Barel, et petit-fils d’Hugo. En lui passant le flambeau, j’ai l’impression d’avoir accompli une transition que son grand-père m’avait confié ». Il remercie ensuite tous ceux qui l’ont accompagné dans cette mission essentielle, et évoque les souvenirs les plus forts de ces 22 années au service de l’association. « Merci à toutes et tous pour toutes ces années de bonheur au service de cette admirable institution, du savoir, de l’humanisme et du progrès. Francis, c’est à toi de reprendre le flambeau de cette si belle association d’amis dans tous les sens du terme, amoureux d’Israël et totalement dévouée à l’excellence universitaire de notre si chère Université de Tel-Aviv ».

« Nous ne devons jamais douter que nous avons non seulement le droit d’exister, mais celui de prospérer. L’Université de Tel-Aviv a le devoir et le privilège d’enseigner aux plus grands esprits de la nation à devenir les plus grands leaders du pays. François et mon grand-père avant lui, ainsi que mes parents, depuis 2008, m’ont ouvert une voie et offert un exemple que je dois suivre, en tant que nouveau président de l’association. Notre rôle est de lever des fonds pour que l’université puisse prospérer, inspirer, et remplir son devoir d’encourager les plus grands esprits du pays, sinon du monde. Nous savons que nous pouvons et devons faire toujours plus », a déclaré le nouveau président de l’association.

La résilience du pays du sud au nord

Après avoir à son tour chaleureusement remercié François Heilbronn et souhaité la bienvenue à Francis Barel, le Prof. Ariel Porat présente les lauréats du Prix Ramniceanu 2025 : « Depuis les atrocités du 7 octobre, la résilience des habitants de la frontière nord d’Israël a été durement mise à l’épreuve. Ils ont souffert chaque jour des attaques de roquettes, missiles et drones du Hezbollah qui ont causés des dommages dévastateurs aux maisons, écoles, usines, hôpitaux, terres agricoles et services publics. Plus de 70 000 personnes ont été évacuées de leur foyer. Ceux qui sont revenus doivent faire face à de nombreux défis. Dans ce contexte, nous rendons aujourd’hui hommage à deux entreprises qui sont parvenues non seulement à survivre, mais même à prospérer pendant cette année et demie. Plasan Sassa est une société israélienne appartenant au kibboutz Sasa, qui réalise un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars par an, spécialisée dans la conception et la fabrication de véhicules blindés. Elle exploite des unités de fabrications en Israël, en France et aux Etats-Unis, exportant la plus grande partie de sa production. Bien que l’usine ait été la cible des attaques du Hezbollah, elle a continué de fonctionner à haute capacité, contribuant à la réadaptation et à l’expansion des forces opérationnelles de Tsahal. La société Shimoni Michael Metal Enterprises, pour sa part, a été établie en 1980 dans le moshav Avdon en Galilée occidentale. Elle est spécialisée dans les solutions métallurgiques, de la conception à la production, et procure ses services aux entreprises dans les domaines de la défense, de la médecine et de la haute technologie. Elle a continué de fonctionner sous les attaques de missiles pour faire face aux besoins des industries israéliennes de défense, comme Rafaël, Elbit et l’industrie aérospatiale. Aujourd’hui, elle construit une nouvelle usine, continuant de fournir des opportunités d’emplois dans la région nord du pays ».

« Ce Prix est en fait non seulement le miroir de l’économie d’Israël et de l’évolution de l’Université de Tel-Aviv, mais aussi de la vie de l’Etat d’Israël », déclare ensuite Monique Barel. Etablissant un parallèle entre les différentes étapes de la vie du Prix et celles de l’histoire de l’université et du pays depuis 1987, elle rappelle que le prix de l’an dernier a été remis à des entrepreneurs de la région frontière de Gaza, pour leur courage et leur résilience. « Cette année, nous remercions les habitants du nord d’Israël qui ont continué de travailler pour leur pays malgré les bombardements quotidiens au-dessus de leur tête, et alors que tant d’eux ont dû quitter leurs domicile, réfugiés dans leur propre pays. Nous, le groupe français, avons toujours été présents, et le seront toujours pour dire combien nous admirons votre courage et votre résilience, combien nous vous soutenons et souhaitons partager votre souffrance dans la mesure du possible. Dans l’espoir que nous pourrons traverser toutes ces tragédies que nous avons connues de génération en génération, et continuer de dire Am Israël Hai ».

« Protéger ceux qui nous protègent »

Avec le Prof. Ariel Porat, elle remet ensuite le certificat du prix aux représentants de Plasan Sasa: Moshe Elazar, PDG, Udi Shani, président du conseil d’administration et Noam Kishinovski, président du comité commercial du kibboutz Sasa.

Le prix Ramniceanu 2025 est décerné à Plasan Sasa « en reconnaissance de sa contribution significative à la prospérité économique d’Israël et à la sécurité nationale, grâce au développement et à la production de solutions de protection avancées pour les véhicules qui protègent la vie des soldats; sa capacité à surmonter la crise économique et à renouveler sa croissance ; ses capacités d’innovation technologique et la haute qualité de ses produits qui lui ont acquis un statut international; sa mobilisation rapide pour fournir des solutions de protection aux soldats de Tsahal pendant la guerre actuelle ; et en particulier la résilience et la détermination extraordinaires dont ont fait preuve ses employés et ses dirigeants en poursuivant leurs opérations sous le feu ennemi, alors que l’usine elle-même était une cible et que de nombreux employés étaient évacués de leur foyer ».

« En tant que diplômé de l’Université de Tel-Aviv, ce moment est particulièrement émouvant pour moi », a déclaré Moshe Eleazar. « L’histoire de Plasan a débuté il y a 40 ans au kibboutz Sasa sur la frontière nord d’Israël. De la production d’équipement de protection pour Tsahal au statut de leader mondial pour des solutions de survie, notre mission est restée la même : protéger ceux qui nous protègent. Cette année, sous le feu ennemi, nous avons tenu le coup. Ce n’est pas seulement de la résilience, c’est notre identité. Pour nous ce prix n’est pas seulement une reconnaissance de ce que nous avons fait, mais l’affirmation de qui nous sommes. Il est à la fois un honneur et un appel à l’action. Merci pour cette reconnaissance chargée de sens qui renforce notre résolution et notre espoir dans l’avenir ».

A l’avant-garde de l’industrie israélienne

Monique Barel et le Prof. Porat remettent ensuite le certificat du prix à Michael Shimoni, fondateur et CEO de Shimoni Michael Metal Enterprises.

Le Prix Ramniceanu 2025 est attribué à Shimoni Michael Metal Enterprises « en reconnaissance de 45 ans de développement et production de solutions avancées de traitement des métaux pour de nombreuses entreprises dans tout le pays; pour ses produits de haute qualité et sa capacité d’innovation technologique qui les a propulsé à l’avant-garde dans son domaine; son statut d’entreprise familiale prospère de génération en génération qui renforce l’économie de la Galilée occidentale, reconnue pour son professionnalisme, l’excellence de son service; et en particulier la résilience et la détermination dont ont fait preuve ses employés et ses dirigeants en poursuivant leurs opérations sous le feu ennemi, malgré les défis et les dangers considérables ».

« C’est un grand honneur non seulement pour moi et pour ma famille, mais pour toute la communauté que nous représentons. Nous sommes une entreprise familiale. Tous ensemble, nous avons transformé le petit atelier fondé par mes parents en 1984 en une usine de 75 personnes spécialisée dans la fabrication d’assemblages métalliques complexes haut de gamme. Depuis le 7 octobre, nous nous sommes trouvés sous la menace constante des roquettes et des missiles. Plus de la moitié de notre équipe ont dû évacuer leur foyer. Mon frère et moi, ainsi que beaucoup de nos travailleurs, avons été mobilisés dans les réserves. Nous avons cependant décider de continuer. Nous avons dû courir aux abris plus de 130 fois, dans une région où il n’y a aucun temps d’attente entre les alertes et la chute des roquettes. Pendant la guerre nous avons étendu nos lignes de production, et développé de nouvelles technologies plus efficaces nous plaçant à l’avant-garde de l’industrie israélienne. Nous sommes persuadés qu’après les temps sombres et difficiles que nous vivons, de meilleurs jours viendront. Am Israel Hai », a déclaré Idan Shimoni, co-CEO de l’entreprise.

Enfin, le Prof. Jean-Robert Pitte a remis la bourse d’économie Hugo et Valérie Ramniceanu à Eviatar Segal, étudiant de 2^e année en économie et gestion.

La partie artistique de la cérémonie a été assurée par Ronnie Enoch et Shahar Elhayani, étudiants de l’Ecole de musique Buchmann-Mehta de l’université, qui ont notamment interprété la chanson « A new day will rise », qui a obtenu la deuxième place du récent concours de l’Eurovision.

Photos: Yuval Yosef

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