Plan de Trump pour Gaza après la guerre

À la suite du conflit persistant à Gaza, un projet controversé attribué à l’administration Trump circule depuis quelques jours, suscitant autant de curiosité que de vives réactions. Selon le Washington Post, qui affirme avoir consulté un document de 38 pages, le plan baptisé « Gaza Reconstitution, Economic Acceleration and Transformation Trust » (GREAT) imagine une refonte totale de la bande côtière palestinienne.

Conçu par un groupe d’experts israéliens associés à la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), avec le concours financier du Boston Consulting Group, ce programme présenterait une vision radicalement nouvelle du territoire. Gaza serait transformée en un espace à vocation économique et touristique, combinant station balnéaire, hub technologique et site de production industrielle avancée.

Une tutelle américaine de dix ans
L’un des points centraux du plan consiste à placer Gaza sous administration américaine directe pendant une décennie. Cette « tutelle » aurait pour objectif d’encadrer la reconstruction, d’assurer la stabilité sécuritaire et de favoriser l’implantation d’investissements étrangers. Cette perspective rompt avec les schémas habituels de gouvernance locale ou internationale et constituerait un précédent en matière de gestion post-conflit.

Relocalisation et zones sécurisées
Le projet prévoit la relocalisation temporaire d’une partie de la population. Deux options sont évoquées : un départ volontaire vers un autre pays ou un regroupement dans des zones protégées au sein même de Gaza. L’idée est de libérer de vastes espaces afin de permettre la reconstruction et le développement urbain. Pour les habitants concernés, des incitations financières sont prévues.

Chaque Gazaoui décidant de quitter le territoire se verrait remettre 5 000 dollars en espèces, complétés par des subventions couvrant quatre années de loyer et une année de nourriture. Cette approche vise à encourager une migration encadrée et à réduire la densité de population durant la phase initiale de transformation.

Jetons numériques et droits fonciers
Une dimension novatrice du plan repose sur l’utilisation d’actifs numériques. Les propriétaires fonciers recevraient un « jeton numérique » émis par la fiducie en échange du droit de développer leurs terres. Ce jeton pourrait être utilisé de plusieurs manières : financer une installation dans un autre pays, obtenir un logement neuf ou encore investir dans un projet local.

Cette logique, inspirée du secteur technologique, entend offrir une flexibilité économique aux habitants. Mais elle soulève de nombreuses interrogations quant à la protection des droits des Palestiniens et à la valeur réelle de ces actifs.

Une « Riviera du Moyen-Orient »
Selon deux sources proches du dossier, l’ambition de Donald Trump serait de donner naissance à une « Riviera du Moyen-Orient ». L’idée est de transformer l’image de Gaza, aujourd’hui associée à la guerre et aux destructions, en celle d’un pôle d’attractivité économique et touristique.

Steve Witkoff, émissaire américain, a défendu ce projet lors d’une intervention télévisée sur Fox News. « C’est un plan très complet que nous voulons mettre en œuvre immédiatement. Beaucoup constateront sa solidité et son caractère humanitaire, en accord avec les intentions du président Trump », a-t-il affirmé.

Antécédents et controverses
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump évoque un avenir remodelé pour Gaza. Lors de son mandat, il avait déjà évoqué l’idée d’un contrôle total des États-Unis sur le territoire et le déplacement permanent de la population palestinienne. Cette version initiale avait été dénoncée par l’ONU et plusieurs experts internationaux comme un projet de « nettoyage ethnique », ce qui avait contraint Washington à abandonner cette approche.

De son côté, Jared Kushner, ancien conseiller et gendre de Trump, avait lui aussi formulé une vision post-guerre pour Gaza. Son plan prévoyait le déplacement de certaines populations vers le désert du Néguev et la conversion du littoral gazaoui en zones résidentielles haut de gamme.

Entre ambitions économiques et enjeux humanitaires
Le plan GREAT reflète une volonté de combiner reconstruction, attractivité économique et modernisation technologique. Ses promoteurs affirment qu’il s’agit d’une réponse pragmatique pour donner à Gaza un nouvel avenir, loin des conflits. Toutefois, les critiques redoutent une marginalisation durable de la population palestinienne et une remise en cause de ses droits fondamentaux.

À ce stade, il s’agit d’un projet préliminaire dont la faisabilité politique, juridique et logistique reste incertaine. Néanmoins, sa circulation témoigne d’un regain d’intérêt de l’entourage de Donald Trump pour la question gazaouie et des efforts de ses alliés pour présenter une alternative aux approches diplomatiques traditionnelles.

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