L’ancien président philippin Rodrigo Duterte a été inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, en raison de son rôle présumé dans la violente « guerre contre la drogue » menée durant ses années au pouvoir.
Selon l’acte d’accusation, daté du 4 juillet dernier mais rendu public ce lundi, l’ancien dirigeant de 80 ans est tenu pour responsable d’au moins 76 meurtres.
Opérations de « nettoyage »
Le document, fortement expurgé, détaille les faits reprochés à Rodrigo Duterte, qui remonteraient à la période au cours de laquelle il était maire de Davao, puis président du pays entre 2013 et 2018. Ils « ont donné lieu à des milliers de meurtres, perpétrés de manière systématique tout au long de la période visée par l’acte d’accusation », ont affirmé les procureurs.
Les procureurs affirment qu’il aurait participé à plusieurs exécutions visant des habitants accusés d’être liés au trafic de drogue. Après son arrivée au pouvoir en 2016, la campagne s’est étendue à l’échelle nationale. L’acte d’accusation mentionne notamment des assassinats de « cibles de grande valeur », ainsi que des opérations de « nettoyage » menées entre 2016 et 2018, qui auraient coûté la vie à des dizaines de petits consommateurs et revendeurs présumés.
Une campagne de terreur
Les procureurs estiment que ces opérations ont entraîné des milliers de morts. Les organisations de défense des droits humains dénoncent depuis longtemps cette politique de répression, qu’elles considèrent comme une campagne de terreur destinée à asseoir le pouvoir de Rodrigo Duterte, et non comme une véritable lutte contre la drogue.
L’ancien président avait été arrêté le 11 mars à Manille avant d’être transféré le soir même à La Haye, où il est détenu dans le quartier pénitentiaire de la CPI. Lors de sa première comparution par visioconférence, l’ancien chef d’État est apparu affaibli et désorienté, peinant à s’exprimer.
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Des « troubles cognitifs »
Une audience devait se tenir cette semaine, mais elle a été reportée afin de permettre à la cour d’évaluer son état de santé. Son avocat, Nicholas Kaufman, a affirmé que son client souffrait de « troubles cognitifs » qui le rendent inapte à être jugé, et a demandé un report indéfini de la procédure.
Cette inculpation constitue une étape majeure dans le travail de la CPI, qui cherche depuis plusieurs années à faire la lumière sur la guerre antidrogue lancée par Rodrigo Duterte. Entre 2016 et 2022, cette politique aurait causé la mort de milliers de personnes, selon les ONG, souvent abattues sans procès lors d’opérations policières ou d’exécutions extrajudiciaires.
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