Passé au-dessus des 3.600 euros l’once, le métal jaune signe sa meilleure année depuis 1979. Entre inflation, tensions géopolitiques et perte de confiance dans les banques centrales, il s’impose plus que jamais comme valeur refuge.
Israël n’a officiellement pas une once d’or dans ses réserves de change, et semble ne pas le signaler pour des raisons stratégiques. C’est quelque chose pour le moins curieux, si l’on tient compte de la grande tradition juive de l’utilisation de l’or en tant que valeur refuge.
LE PLUS. Début septembre, l’or a franchi pour la première fois la barre historique de 3.500 dollars (3.000 euros) l’once –l’unité de mesure officielle, soit 31,1 grammes. Le métal doré atteint cette semaine un nouveau record, à plus de 3.600 euros l’once. Face à l’inflation et au contexte géopolitique difficile –la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien et les droits de douane américains– de nombreux investisseurs se tournent vers cette valeur refuge. Explications.
Précisons-le d’emblée: 2025 s’annonce comme la meilleure année pour l’or depuis un bail. Il faut remonter à 1979 pour retrouver de tels niveaux. À la fin des années 1970, avec une inflation à deux chiffres aux États-Unis couplée à la crise énergétique mondiale, les investisseurs multipliaient les réserves de ce métal précieux. Une ruée vers l’or comparable à celle observée des années plus tard après la crise des subprimes de 2008, lorsque les financiers ont perdu confiance dans les grandes institutions jugées jusque-là trop importantes pour faire faillite. Résultat: les prix du métal roi s’envolent.
Mais pourquoi l’or reste-t-il considéré comme une valeur refuge? Contrairement aux monnaies, sa valeur intrinsèque n’est pas déterminée par un gouvernement ou une banque centrale. Bien que jugé parfois «démodé», le métal jaune reste une alternative attrayante: sa valeur repose sur sa rareté et son éclat –et non sur sa capacité à générer du crédit.
Si la sûreté de l’or rassure certains traders, d’autres sont beaucoup plus sceptiques face à la politique monétaire contemporaine. On les appelle les «goldbugs», ces libertariens anti-institutionnels qui parient contre le système, remettant en cause la capacité de la Réserve fédérale américaine à maintenir la force du dollar. Ils sont conscients que les réserves de métal jaune dans la croûte terrestre sont limitées –à moins qu’Elon Musk trouve le moyen d’augmenter l’offre en exploitant des astéroïdes, mais cela relève d’une autre histoire– et investissent massivement dans les lingots.
La Russie investit massivement dans l’or
Alors que le prix de l’or a augmenté de 50% cette année, la tendance ne montre aucun signe de ralentissement. Ce boom s’explique notamment par l’invasion russe en Ukraine en 2022. Les sanctions occidentales contre la banque centrale russe, qui ont gelé ses réserves de change, ont poussé le pays à se tourner vers des actifs moins vulnérables aux restrictions, dont l’or. En 2024, la Russie se classe cinquième détenteur mondial d’or, derrière les États-Unis (8.134 tonnes), l’Allemagne (3.352), l’Italie (2.452) et la France (2.437), selon les données du World Gold Council.
Le phénomène touche également d’autres régions. Dans les marchés émergents, les banques centrales «ont réalisé que le seul actif vraiment sûr était l’or», explique Daan Struyven, codirecteur de Global Commodities Research chez Goldman Sachs, dans les colonnes de The Atlantic.
LE PLUS. Les chiffres du World Gold Council le montrent : plusieurs banques centrales ont massivement acheté de l’or en 2025. C’est le cas de plusieurs pays européens, comme la Pologne et la République tchèque. La Chine, la Turquie et le Kazakhstan font aussi partie des pays qui ont le plus renforcé leurs réserves en or depuis janvier 2025. Ces chiffres montrent une volonté de réduire la dépendance au dollar et de renforcer les monnaies souveraines. Mais aussi les craintes des banques centrales, dans un contexte géopolitique tendu.
Quels sont les États qui occupent le haut du classement ? Quelles banques centrales possèdent le plus d’or ? Voici le classement 2025 des réserves d’or par pays.
Top 10 des pays qui détiennent le plus d’or.
Le tableau suivant présente le classement des stocks d’or par pays, d’après les données du World Gold Council, mises à jour en septembre 2025.
À noter : plusieurs chiffres n’ont pas été confirmés officiellement par le Conseil mondial de l’or et ne figurent pas au classement. C’est le cas de la Russie, dont les stocks d’or sont estimés à 2 335,9 tonnes (soit une 5e place devant la Chine). Mais également celui de la Suisse. En juin 2025, les réserves suisses étaient de 1040 tonnes, soit une 6e place au classement.
Les États-Unis
Les États-Unis détiennent les plus importantes réserves d’or au monde, principalement conservées à Fort Knox. Et pour cause, l’histoire du développement du pays est intimement liée à celle du métal précieux. Les dollars en or en sont une bonne preuve.
Tout commence au 19ᵉ siècle avec plusieurs Ruées vers l’or successives, d’abord sur la côte est, puis en Californie. En 1933, en pleine crise économique, l’Executive Order 6102, une des mesures phares du New Deal, oblige les particuliers à remettre la plus grande partie de leur or à la Réserve fédérale, faisant augmenter ainsi les stocks.
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