Une Ville de Paris « assiégée », et même submergée par « la crise migratoire ». Ce sont les mots de l’influenceuse pro-Trump Savanah Hernandez dans une vidéo postée sur X le 25 septembre dernier, cumulant plus de 6 millions de vues. « Paris connaît l’une des pires crises migratoires que j’aie jamais vue. Partout où nous sommes allés, il y avait des migrants africains dans les rues », expose la jeune femme, illustrant ses propos avec des images filmées à bord d’une voiture.
Elle poursuit : « La crise des migrants » est visible « à chaque coin de rue ». Tout en montrant des images du campement de réfugiés à Stalingrad et de plusieurs rues du quartier de la gare du Nord, elle décrit Paris comme une ville « assez puante », avec « beaucoup de déchets » dans ses rues, et « des graffitis présents sur chaque bâtiment ». « La culture française » serait même « introuvable ».
FAKE OFF
Derrière la publication de la jeune femme se trouve Turning Point USA (TPUSA). Une association fondée en 2012 par le militant pro-Trump Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre dernier. Cette vidéo, qui est un extrait d’un reportage de Savanah Hernandez qu’elle a publiée en trois parties sur X, est destinée principalement à une audience américaine.
Si les chiffres qu’elle présente dans la vidéo sont vrais, des propos qu’elle tient dedans sont mensongers. Les graffitis, qu’elle présente comme un « résultat de la crise des migrants », proviennent en réalité de la culture américaine. C’est l’un « des cinq piliers du hip-hop », nous avaient raconté deux graffeurs en 2017. D’ailleurs, ce n’est pas quelque chose de nouveau dans les rues de la capitale. En avril 1990, des équipes de l’émission « Envoyé spécial » (France 2) avaient suivi des graffeurs parisiens.
Concernant l’absence de culture française dans les rues de Paris : qu’en est-il des terrasses des bistrots parisiens ? Qu’en est-il aussi des nombreux monuments présents dans la capitale ? D’une des spécialités culinaires de notre pays : le pain ? Patrick Bloche, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, évoque, auprès de nos confrères du Parisien, une vidéo de « manipulation », présentant une « vision caricaturale de Paris ».
Paris ciblé par l’extrême droite américaine depuis plusieurs années
Ce n’est pas la première fois que le camp pro-Trump se sert de la capitale pour désinformer sur l’immigration. En 2015, la chaîne conservatrice Fox News avait diffusé, à plusieurs reprises, de fausses informations sur l’existence de « no-go zones », à Paris. Des zones de non-droit réservées à la communauté musulmane. Le média avait, par la suite, présenté ses excuses.
En février 2017, quelques semaines après son arrivée à la Maison-Blanche, le président Donald Trump avait lancé, citant un ami : « Paris n’est plus Paris. » L’objectif ? Défendre sa politique migratoire en prenant la France, et plus précisément la ville lumière, comme un contre-exemple.
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