Otages ; Enterrement juif au milieu d’une tragédie
La restitution imminente des corps de quatre otages assassinés, suivie de quatre autres la semaine prochaine, met en lumière des questions complexes liées aux rites funéraires juifs. Au-delà des aspects médico-légaux, ces événements soulèvent des interrogations halachiques concernant l’identification, les pratiques d’inhumation et les rites de deuil, notamment lorsque les décès remontent à une période prolongée.
L’inhumation selon la loi juive
Dans le judaïsme, l’enterrement est une mitzvah, un commandement divin, considéré comme l’un des plus élevés en raison de son accomplissement sans attente de réciprocité. Ce devoir est principalement fondé sur le verset du Deutéronome 21:23 : « tu l’enterreras le jour même ». Traditionnellement, il est interdit de laisser un défunt non enterré pendant la nuit, sauf circonstances exceptionnelles, telles que l’attente de proches venant de loin ou un décès survenu la nuit nécessitant une inhumation le lendemain.
Cependant, lorsque le décès remonte à une période antérieure, comme c’est le cas pour certains otages, la question se pose de savoir si une inhumation juive est toujours appropriée. Le rabbin Seth Farber, directeur du centre ITIM (Centre de défense de la vie juive), affirme que ces corps peuvent « absolument » recevoir une sépulture juive et être enterrés dans un cimetière juif. Selon lui, la Halacha (loi juive) insiste sur le « respect du défunt » (kavod hamet), et bien qu’il y ait une interdiction de retarder l’enterrement, des exceptions existent dans des circonstances atténuantes, permettant ainsi de procéder aux rites funéraires dès que le corps est restitué.
Identification et autopsie : dilemmes halachiques
L’identification des dépouilles présente un défi halachique majeur. La loi juive interdit généralement les autopsies en raison de la profanation du corps et du retardement de l’inhumation. Néanmoins, le rabbin Farber souligne que, bien que les autopsies soient « généralement interdites », elles peuvent être permises si elles servent un objectif précis, comme identifier le moment du décès pour rapprocher les responsables de la justice, contribuant ainsi à sauver des vies en traduisant les meurtriers en justice. Cette interprétation s’appuie sur le principe du pikuach nefesh, qui permet de transgresser certaines lois de la Torah pour sauver une vie.
Inhumation de restes incomplets
La Halacha stipule que les individus doivent être enterrés avec l’intégralité de leurs membres et organes, reflétant l’état dans lequel ils sont nés. Cette pratique va jusqu’à l’inhumation d’organes retirés pour des raisons médicales dans certaines communautés. Cependant, lorsque le corps n’est pas récupéré dans son intégralité, il est permis d’enterrer les parties disponibles. Le rabbin Farber précise que si, ultérieurement, d’autres parties du corps sont retrouvées, elles peuvent être inhumées dans la même tombe. Toutefois, d’un point de vue administratif, l’enterrement d’un corps partiel peut poser des défis, car les autorités peuvent hésiter à délivrer un permis d’inhumation dans de tels cas.
Pratiques funéraires : avec ou sans cercueil ?
Traditionnellement, les juifs sont enterrés sans cercueil, enveloppés dans un linceul ou un tallit (châle de prière), bien que cette dernière pratique soit moins courante en Israël. Cependant, les soldats israéliens sont systématiquement enterrés dans des cercueils pour préserver la dignité du défunt, en particulier en cas de décès violent. Le rabbin Farber explique que toute personne tuée en raison de sa judéité est considérée comme ayant été assassinée « al kiddush Hashem » (en sanctifiant le nom de Dieu). Dans de tels cas, la purification rituelle (taharah) n’est pas nécessaire, car la personne est automatiquement considérée comme purifiée de ses péchés.
Période de deuil : quand observer la shiva ?
La shiva est une période de deuil de sept jours observée immédiatement après l’enterrement par les proches parents du défunt. Lorsque la date du décès est inconnue ou remonte à une période antérieure, déterminer le moment approprié pour commencer la shiva peut être complexe. Selon le rabbin Farber, certaines familles d’otages ont débuté la shiva lorsque Tsahal a déclaré leurs proches décédés en captivité. Dans ces situations, il est courant d’observer une journée de shiva le jour de l’enterrement. Si la famille n’a pas encore observé la shiva, il est généralement recommandé de le faire au moment de l’inhumation. Concernant la commémoration annuelle (yahrzeit), si la date exacte du décès est inconnue, de nombreux Israéliens choisissent de se souvenir de leurs proches lors de Yom Hazikaron (Jour du Souvenir), bien que certaines familles puissent opter pour une autre date significative, comme le 7 octobre, en fonction des circonstances.
La résilience d’Israël face à l’adversité
La gestion de ces défis halachiques témoigne de la résilience et de l’engagement d’Israël à honorer ses défunts conformément aux traditions juives, même dans des situations complexes. En affrontant ces questions avec compassion et respect, la nation israélienne démontre son dévouement à préserver la dignité humaine et à maintenir les valeurs fondamentales du judaïsme.
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