David Friedman, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël (et ancien avocat spécialisé en droit des faillites), va devenir le nouveau président exécutif de NSO Group, fabricant israélien de logiciels espions. Cette société est surtout connue pour son logiciel Pegasus, capable de pirater n’importe quel téléphone et de le transformer en outil d’espionnage et ce produit et NSO elle-même font l’objet d’accusations depuis une dizaine d’années.
En 2018, Amnesty International a affirmé que ses employés avaient été victimes d’une attaque de logiciel malveillant utilisant le logiciel NSO. En 2021, Amnesty a déclaré que ce logiciel avait été utilisé pour pirater les appareils de Palestiniens travaillant pour des organisations de la société civile en Cisjordanie. À peu près au même moment, une enquête a révélé qu’une agence émiratie avait utilisé Pegasus de NSO pour cibler le téléphone de l’épouse du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, quelques mois seulement avant son assassinat en octobre 2018.
Les accusations se sont poursuivies depuis. Plus tôt cette année, Amnesty International a publié un rapport indiquant que deux journalistes d’investigation d’un réseau serbe avaient été ciblés par Pegasus en février 2025.
L’administration Biden a intenté une action en justice contre l’entreprise en 2021, après que le département du Commerce l’eut placée sur liste noire pour avoir sciemment fourni des logiciels à des gouvernements étrangers destinés à cibler des dissidents.
Puis, en 2024, un tribunal fédéral américain a reconnu NSO coupable d’avoir procédé à une ingénierie inverse de WhatsApp (de Meta) afin de pirater les téléphones de plus de 1 400 avocats, journalistes, militants des droits de l’homme et représentants gouvernementaux à travers le monde, dont certains diplomates américains.
Le mois dernier, un juge fédéral a accédé à la demande de WhatsApp de bloquer les produits de NSO sur sa plateforme, mais selon Friedman, NSO a fait appel de cette décision.
Malgré les difficultés financières engendrées par des années de controverses juridiques et éthiques liées à ses pratiques de surveillance, NSO est déterminée à relancer ses activités et à regagner les faveurs du gouvernement américain.
L’entreprise a été vendue le mois dernier à un groupe d’investisseurs américains dirigé par le producteur hollywoodien Robert Simonds, à qui l’on doit des films à succès comme Happy Gilmore, Bad Moms et Hustlers.
Les nouveaux propriétaires américains, qui détiennent une participation majoritaire, ont décidé de nommer Friedman, un allié de Trump, à la tête de l’entreprise.
L’objectif de Friedman est de conclure des partenariats entre NSO et l’administration Trump.
« Si l’administration, comme je le prévois, est ouverte à toute opportunité susceptible d’améliorer la sécurité des Américains, elle nous prendra en considération », a déclaré Friedman au Wall Street Journal, ajoutant qu’il ambitionne de séduire les forces de l’ordre américaines.
En théorie, NSO serait interdite de tout partenariat avec les agences gouvernementales en vertu d’un décret présidentiel de 2023 signé par le président Biden qui interdit aux agences et ministères d’utiliser des logiciels espions commerciaux ayant servi à des violations des droits humains.
Cependant, des précédents existent. L’administration Trump n’en est pas à son premier partenariat avec des sociétés israéliennes de logiciels espions à la réputation douteuse.
Sous l’administration Trump, l’ICE a immédiatement conclu un contrat de 2 millions de dollars avec la société israélienne Paragon, dont les produits ont été utilisés par le gouvernement italien pour espionner des journalistes et des militants des droits des migrants.
L’accord, initialement signé fin 2024, a été bloqué jusqu’à ce qu’un audit de conformité détermine sa conformité au décret présidentiel de Biden. Ce blocage a été levé il y a quelques mois. Entre-temps, Paragon a été rachetée par une société de capital-investissement basée en Floride.
Source : Giz Modo & Israël Valley
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