Nouveau Front populaire : Du dire à l’agir

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Par Jean-Marc Alcalay

Quand dire, c’est agir !

Nous connaissons tous cette expression qui dit que « ce qui est dit est dit« ! Même si ensuite, l’individu qui a lancé son message se dédie ou nie l’avoir dit. Maudit langage qui nous encombre, car les mots, ces mots peuvent parfois peser très lourd sur la conscience. Mais peu importe. À se dédire, voire à nier ce qu’ils ont dit l’instant d’avant, les politiques sont habiles à jouer avec leurs dires, car ils savent que ceux qui recevront leurs messages ne retiendront que leur première formulation et non leurs rectifications, du style : « vous n’avez pas compris… Je me suis mal expriméVous sortez ce que j’ai dit de son contexte… ». Décidément, l’enfer est parfois pavé de bonnes intentions ! Ce qui leur importe aussi, c’est de passer plusieurs fois dans les médias et de susciter des commentaires. Rien qu’de la comm quoi ! L’homme est  ainsi fait qu’il peut ne pas avoir honte de ses dires lesquels peuvent cependant agir comme des injonctions parfois assassines qui justement, entraînent un agir, un faire, un passage à l’acte. Ces dires entraînent alors des faire faire. Un dire est donc un agir ? À cette question, la psychanalyse a déjà répondu, qu’effectivement : dire, c’est agir.

Un être de parole

Les théories freudiennes et lacaniennes sont basées sur le langage. Quand le patient émet un dire, il en devient responsable et en fera ce qu’il pourra ou ce qu’il voudra… Qui plus est, son dire, soutenu par son Je suppose un désir, qu’il soit conscient ou inconscient : «  je veux, je demande, je suis, j’aime, je hais, je suggère, j’ordonne… » Un dire fait donc acte. Il est un faire-acte. De même quand l’analyste avance une interprétation, il fait acte analytique…

Que dit Austin d’Hitler ?

Dans le domaine de la philosophie du langage, John Langshaw Austin (1911-1960) avait très tôt développé cette formule dans son livre, Quand dire c’est faire[1]. Publié après sa mort, en 1962, il démontrait que dans le langage quotidien qu’il déclinait en plusieurs types d’énoncés, il y avait entre autres des énoncés performatifs qui sont des actes d’accomplissements et d’exécutions, ce qui concerne notre propos, et il y aussi des énoncés constatifs qui procèdent de l’affirmation, qu’elle soit vraie ou fausse. Pour faire court sur une œuvre qui a complètement transformé la philosophie du langage, sa conclusion démontrait que dire, c’est faire. Et je répète qu’un dire, c’est aussi un faire faire.

Ainsi, Hitler n’a tué de sa main aucun Juif. Il a évidemment hurlé sa haine des Juifs, il a ordonné leur élimination qu’Adolf  Eichmann lui-même, non tueur direct de Juifs l’a orchestrée de façon technique et industrielle avec d’autres dignitaires nazis, lors de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942. Hitler comme lui ont fait faire la besogne par d’autres exécutants zélés. Nous connaissons la suite : 6 millions de Juifs assassinés ! Ainsi, dans beaucoup de domaines, chaque subordonné se charge d’exécuter les ordres de ses supérieurs. Du coup, il s’en déculpabilise à tort  puisqu’il n’aurait fait qu’obéir. Tiens donc ! Alors, oui, les politiques sont responsables de leurs dires et sont aussi responsables des actes de leurs subordonnés, eux-mêmes coupables, lesquels interprètent ou exécutent leurs dires ou leurs ordres… Autrement dit, encore une fois : dire, c’est aussi faire faire !

Du Hamas au Nouveau Front populaire

Nous connaissons la stratégie perverse du Hamas qui sépare sa branche politique de sa branche militaire, comme si tous n’étaient pas des criminels, les premiers en cols blancs et les seconds en treillis, la kalachnikov en bandoulière. Mais enfin, tous terroristes, sans aucune différence entre eux ! Qui peut donc encore croire qu’ils ne le sont pas ! Les uns disent le crime et les autres l’exécutent. Ils agissent les dires incitatifs ou directement, les ordres des premiers ! Et dire que les Israéliens doivent (indirectement) négocier avec de tels assassins. Décidément, les négociateurs israéliens doivent avoir le cœur bien accroché !

En France maintenant. Depuis les massacres du 7 octobre, les leaders du Nouveau Font populaire ou du Nouvel Affront populaire, comme on voudra, n’ont cessé d’attiser la haine d’Israël et des Juifs par des propos antisémites à peine voilés. Mais ils restent suffisamment prudents pour ne pas tomber sous des plaintes et donc sous la loi.  « Israël apartheid ! Israël, État génocidaire ! Israël, criminel de guerre, criminel contre l’humanité… ! » Ces dires sont aussi des « faire ». Ainsi, les communistes ont-ils essayé de faire voter une loi accusant Israël d’apartheid (Fabien Roussel soutenu par l’écologiste Aymeric Caron, apparenté LFI.)

Complicité d’apologie du terrorisme

D’autres députés du même bord et leurs éternels poison pilotes, NPA, CGT, LO…, ont tenu des propos à la gloire du Hamas, de son courage, de l’éclat de sa résistance… face à une « occupation » israélienne qui historiquement et en droit n’est pas fondée. Ces politiques se tiennent donc tout juste en équilibre instable sur le tranchant de la loi pour ne pas en subir le verdict. Par leurs dires, Jean-Luc Mélenchon et les députés LFI, Erslia Soudais, Aymeric Caron (apparenté), David Guiraud, Sébastien Delogu, Rima Hassan, députée européenne, Thomas Portes et les autres du NFP, écologistes, socialistes, communistes, qui parfois ne disent rien, mais ne les condamnent pas, restent par leur soutien, complices de leurs dires. Ainsi, tous ont-ils armé d’autres antisémites plus aptes qu’eux, à agir qu’à dire, souvent les deux à la fois.

Montrer les Juifs du doigt accusateur

Alors, oui, dire c’est permettre un agir, alors oui, dire c’est faire et quand ils sont prononcés par quelqu’un qui a un pouvoir, un pouvoir politique par exemple, ces dires fonctionnent alors comme un ordre, une injonction, un faire faire la besogne par d’autres. Les dires des premiers orientent les actes des seconds, les dires des premiers montrent les cibles que les seconds visent.

Les responsables du Nouveau Front populaire restent ainsi coupables de leurs dires premiers et de ce qu’ils entraînent comme passages à l’acte antisémite. Syndrome d’influence dit-on encore chez ceux qui agissent pour d’autres qui disent ! Résultat : en France, 1000% d’actes antisémites en plus depuis le 7 octobre ! Mais ils sont malins, ils peuvent tenir des propos antisémites le matin et les nier l’après-midi, certains de penser que la gauche qu’ils servent est toujours du bon côté de la morale qui n’est autre que la moraline de Nietzsche.

La gauche déculpabilisant le crime commis par plus pauvre ou faible que soi

Cette gauche-là et ceux qui la soutiennent ne cessent de surfer sur cette corde raide. Et si c’est ça la dialectique marxiste, alors là, je ne comprends plus. Peu lui importe si elle ment, cette gauche-là sait qu’à force d’insister sur sa haine des Juifs et d’Israël, finira bien par en convaincre certains. Ce qui compte pour elle, ce n’est pas la réalité des faits, mais l’idée, voire l’idéologie dont elle s’inspire et qui, pense-t-elle, à force de répétitions, finira bien par convertir des individus malléables qui deviendront de véritables pourfendeurs des Juifs et d’Israël ! L’idée finale qui est la seule qui compte  et ce que cette gauche-là vise, c’est donc bien, en plus du vote des islam-istes, la destruction d’Israël !

Encore un mot d’espoir. Confronté à des luttes idéologiques internes et comme tout bon mouvement d’extrême gauche, le Nouveau Front populaire finira bien par s’éclater. Face à son antisémitisme dégoulinant, souhaitons qu’il finisse dans les oubliettes de la politique et espérons seulement que seule la honte lui survivra.

[1] John Langshaw Austin, Quand dire c’est faire, Le Seuil, 2024.

Jean-Marc Alcalay

Jean-Marc Alcalay est psychologue clinicien, formé à la psychanalyse. Il vit  à Dunkerque et y travaillait jusqu’ à sa retraite. Il a écrit plus de trois cents articles.
Il a écrit un premier livre sur les liens qu’avait André Malraux avec Dunkerque : André Malraux et Dunkerque, une filiation (Société Dunkerquoise d’Histoire et d’Archéologie,1996), puis en 2007, La plume et le fusil (Ysec Éditions) toujours Dunkerque, la guerre, les écrivains, puis encore en 2012, à propos d’un autre écrivain qui lui tient à cœur, Marguerite Duras, publié à Jérusalem, en français, où il a fait deux conférences. Son titre : MD la juive, les écritures juives de Marguerite Duras, diffusé en France et publié aux Éditions Elkana en 2012. Son quatrième livre, intitulé Lé-haim, A la vie, Israël 1948, est paru en septembre 2014 aux Éditons Ysec. Un cinquième livre publié en 2021  ( א Éditions- diffusé sur Amazon) intitulé : Histoire des combattants juifs de la Brigade Blindée Indépendante Tchécoslovaque, Dunkerque 1944-1945,  puis a coordonné l’édition en 2023 d’un  livre  collectif sur le sculpteur Herzi, intitulé : Herzi, Chrysalides des ombres/sculpter un Mémorial de la Shoah, Collection Molda, Éditions Jacques Flament.
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