Les jeunes attaquants lorientais Eli Junior Kroupi et Pablo Pagis se souviendront longtemps d’avoir partagé une vidéo inattendue avec l’insaisissable Nico Williams, vainqueur de l’Euro 2024 avec la Roja. Car oui, l’actuel leader de Ligue 2 s’est rapproché depuis Noël de l’Athletic Bilbao pour une collaboration comme le football professionnel en fournit rarement. L’idée du FC Lorient était la suivante : créer avec ce monument du foot espagnol (actuel 4e de Liga) un brassard de capitaine commun afin de mettre en avant « deux régions à très forte identité », avec leur langue propre.
« L’Athletic Bilbao est connu pour être un grand ambassadeur de la culture basque, avec son effectif 100 % issu de la région, explique Martin Le Blévec, responsable de la communication du FC Lorient et à l’initiative de ce brassard spécial. Nous sommes liés culturellement. Il y a par exemple des échanges entre Lorient et Bilbao au niveau d’écoles et de groupes de danse. »
« Kabiten » et « kapitaina »
L’Athletic Club a immédiatement validé le projet, « en glissant des mots en breton dans son mail de réponse ». Si bien que lors de Lorient-Laval ce samedi (14 heures), puis pour Athletic Bilbao-Valladolid dimanche (14 heures), Laurent Abergel et Iñaki Williams vont entrer sur la pelouse avec un brassard inédit mêlant les drapeaux breton et basque, avec au milieu la lettre K, comme « kabiten » et « kapitaina ».
C’est la première fois dans sa riche histoire que l’Athletic Club va disputer un match de Liga avec un brassard réalisé en collaboration avec un autre club. « Nous avons tenu à bondir sur cette belle opportunité, explique Dan Parry, du service communication du club de Bilbao. La plupart des habitants du Pays basque sont bien au fait de la culture bretonne et ils s’intéressent plus globalement à toutes les cultures et langues minoritaires. »
Olivier Pantaloni s’est rendu dans une école diwan
Entraîneur du FC Lorient cette saison, le natif de Bastia Olivier Pantaloni s’est par ailleurs récemment rendu dans une école Diwan, qui enseigne la langue bretonne, afin de partager sa connexion avec la langue corse. Cette initiative vient donc d’aboutir à une vidéo très réussie, partagée jeudi par les deux clubs sur les réseaux sociaux, autour du mot « souffle ».
On y voit des paysages des deux régions, des images de buts mémorables, le tout accompagné de voix off s’exprimant en breton et en basque. « L’Athletic Bilbao est un super club, avec un gros palmarès [8 titres de champion et 24 Coupes d’Espagne]. Cette collaboration est donc une vraie chance pour nous », apprécie Martin Le Blévec.
Cet objet « mi-breton, mi-basque » s’inscrit dans le cadre d’une jolie série de brassards de capitaine du côté du club présidé par Loïc Féry. « La saison passée, des artistes du Morbihan avaient carte blanche pour réaliser une série d’affiches de match, reprend Martin Le Blévec. Au vu des très bons retours de nos supporteurs, on voulait une autre série et on a pensé au brassard. C’est un objet présent à tous les matchs mais rarement utilisé pour exprimer quelque chose, hormis un Carles Puyol qui y mettait en avant le drapeau catalan. »
La Compagnie des Indes a lancé la série
La LFP n’imposant pas de stricte uniformisation/réglementation du brassard, le FC Lorient a pu laisser libre cours à son imagination tout au long de la saison. Si à l’extérieur, le capitaine Laurent Abergel porte toujours le même brassard, qui rend hommage aux supporteurs du FCL, les Merlus innovent sur les 17 rencontres programmées au Moustoir.
L’histoire du territoire breton, de la ville de Lorient et du club est mise à l’honneur d’une façon originale, à l’image d’un shooting photo initial au musée de la Compagnie des Indes, qui avait donné naissance à la ville en 1666, époque Louis XIV. Le premier brassard de la saison en a découlé, dans un esprit de cartes maritimes. Les Merlus ont ensuite changé de cap en mettant à l’honneur huit de leurs capitaines les plus emblématiques, du premier Georges Le Lardeux (en 1926) à Sylvain Ripoll, Fabien Audard, et donc Laurent Abergel.
Laurent Abergel, « capitaine exemplaire »
Deux semaines plus tard, ce dernier a reçu son brassard via un zodiac de la base de Force maritime des fusiliers marins et commandos (Forfusco). Au moment du coup d’envoi contre Ajaccio, le commandant est même descendu en rappel sur la pelouse, avec une mallette contenant le brassard dédié. Parmi les autres idées les plus originales, on trouve un brassard en écailles (de merlus évidemment) et un autre en voiles recyclées pour marquer le départ du Vendée Globe.
L’occasion pour Laurent Abergel de rencontrer Yoann Richomme, futur deuxième de la mythique épreuve de voile, sur son Imoca. « On a de la chance d’avoir un capitaine vraiment exemplaire, souligne Martin Le Blévec. Il est toujours partant pour échanger sur son temps libre avec des supporteurs, des écoles, et pour ce projet avec des couturières et un club amateur par exemple. »
Notre dossier sur le FC Lorient
Alors qu’ils s’intéresseront dans les prochaines semaines aux costumes bretons et aux filets de pêche recyclés, toujours dans le cadre de cette série consacrée au brassard, les Merlus vibrent cette saison sur le terrain (leaders de Ligue 2 avec 5 points d’avance sur Metz) comme en dehors. « Ce projet permet de raconter des histoires qui plaisent à notre communauté de supporteurs et à notre effectif, et ça offre de la visibilité au club », conclut Martin Le Blévec. Ce week-end, il n’y aura exceptionnellement pas 850 km entre Lorient et Bilbao.
La source de cet article se trouve sur ce site
