
La compagnie pétrolière britannique Shell est jugée ce jeudi 11 décembre, au Nigeria, pour avoir prétendument pollué le royaume du souverain d’Ekpetiama, dans l’État de Bayelsa, qui a réclamé 12 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros) de dommages et intérêts.
Un petit royaume nigérian contre un géant pétrolier. Le procès de Shell débutera ce jeudi 11 décembre au tribunal fédéral de Yenagoa, après la plainte déposée en juin dernier par l’influent Bubaraye Dakolo, roi du royaume Ekpetiama, qui a accusé l’entreprise britannique d’avoir causé de sdommages environnementaux sur ses terres pendant des décennies.
Depuis des années, Shell est mis en cause pour avoir gravement pollué les États du sud du pays africain, riches en pétrole et en gaz. Sa filiale locale, la Shell Petroleum Development Company, serait notamment à l’origine de fuites d’hydrocarbures non traitées, des déversements non nettoyés et de combustion de gaz à l’air libre.
«Shell veut abandonner un désastre qui a détruit nos rivières»
Ces activités auraient provoqué des marées noires majeures et détruit les ressources halieutiques et agricoles, engendrant une crise sanitaire et alimentaire qui affecterait plusieurs millions de personnes, d’après les spécialistes.
Soutenu par plusieurs ONG nigérianes, dont Social Action Nigeria, Health of Mother Earth Foundation (HOMEF), Agada IV, de son nom de souverain, a réclamé 12 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros) pour dépolluer, démanteler les infrastructures dangereuses laissées sur place et indemniser les communautés touchées sur une douzaine d’années. Cette somme a été estimée par la Commission pétrolière et environnementale de l’État de Bayelsa, un organisme indépendant.
«Shell veut abandonner un désastre qui a détruit nos rivières, nos terres agricoles et nos moyens de subsistance», a dénoncé le roi Bubaraye Dakolo, selon un communiqué.
Le gouvernement nigérian mis en cause
Le plaignant a souligné que la vente de ses parts au consortium Renaissance en mars dernier, avec l’accord du gouvernement nigérian, «sans remplir ses obligations environnementales conformément à la Constitution et aux lois nigérianes» était «illégale et injuste».
Le ministre nigérian des Ressources pétrolières, la Commission nigériane de réglementation du secteur amont du pétrole (NUPRC) et le procureur général de la Fédération nigériane sont également poursuivis.
«Il s’agit d’un moment crucial dans l’histoire environnementale et juridique du Nigeria. La Cour a une occasion unique de faire respecter la justice, de protéger l’État de droit et de démontrer qu’aucune entreprise n’est au-dessus des lois au Nigeria», a déclaré Olanrewaju Suraju , directeur du Centre de ressources HEDA.

