Le gouvernement israélien acte une rupture avec la procureure générale
Une nouvelle étape décisive vient d’être franchie dans la crise institutionnelle qui secoue le sommet de l’État israélien. Dimanche, le cabinet ministériel, réuni en l’absence du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour cause de conflit d’intérêts, a voté à l’unanimité une motion de censure contre la procureure générale Gali Baharav-Miara. Bien que cette décision n’ait pas de valeur juridique contraignante dans la procédure formelle de destitution, elle marque un signal politique fort : le gouvernement souhaite mettre un terme au mandat de la plus haute autorité judiciaire du pays.
La ministre de la Justice, Yariv Levin, a justifié ce vote en affirmant qu’« aucune collaboration saine ne pouvait plus exister » entre la procureure et le gouvernement. Selon lui, le lien de confiance est définitivement rompu, et il exhorte Baharav-Miara à démissionner d’elle-même « par intégrité ».
Une motion symbolique mais lourde de conséquences
Malgré le caractère non contraignant de cette motion sur le plan juridique, le geste du cabinet représente un tournant majeur. Pour révoquer officiellement une procureure générale en Israël, il faut l’intervention d’une commission publique indépendante de cinq membres. Levin a annoncé son intention de saisir cette instance, présidée par l’ancien président de la Cour suprême, Asher Grunis.
Dans une lettre transmise avant la réunion du cabinet, Baharav-Miara a rejeté la validité juridique de la motion et assuré qu’elle ne modifierait en rien sa position. Pourtant, pour le gouvernement, cette motion représente une étape préparatoire vers sa destitution.
Une contestation dans la rue et au sein des institutions
Alors que le cabinet procédait à son vote, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant la résidence privée de Netanyahu pour exprimer leur opposition à la mise à l’écart de Baharav-Miara et aux critiques envers le chef du Shin Bet, Ronen Bar. Des slogans de soutien à la procureure ont été scandés, et des discours dénonciateurs se sont succédé, notamment celui de l’activiste Moshe Radman.
L’opposition politique, quant à elle, n’a pas tardé à réagir. Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu, a accusé le gouvernement d’utiliser cette affaire pour détourner l’attention d’autres problématiques sensibles, telles que la gestion des otages ou les soupçons de collusion avec le Qatar. De son côté, Yaïr Lapid a qualifié cette tentative d’éviction de « corruption manifeste », soulignant que Baharav-Miara est ciblée précisément parce qu’elle fait preuve d’indépendance.
La réaction des plus hauts responsables
Le président Isaac Herzog, tout en appelant à l’apaisement, a rappelé les principes fondamentaux de l’État de droit : respect de la loi, des décisions judiciaires et rejet de tout discours sur une guerre civile. Il a mis en garde contre une fragmentation de la société israélienne.
Face à ces critiques, les ministres du gouvernement ont défendu leur position avec vigueur. Certains ont même ironisé sur la proximité passée de Baharav-Miara avec l’ancien gouvernement Bennett, insinuant une forme de parti-pris contre l’actuelle coalition. Le ministre Nir Barkat a dénoncé son absence à la réunion décisive, la considérant comme une marque de mépris envers le gouvernement.
Un climat de défiance entre justice et exécutif
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure controversée de l’aile droite du gouvernement, a exposé de manière virulente les différends l’opposant à la procureure. Il lui reproche d’avoir bloqué plusieurs initiatives sécuritaires jugées cruciales, comme la détention administrative de proches de criminels ou le renforcement de la Garde nationale.
Ces accusations, bien que discutables, traduisent le ressentiment d’une partie du gouvernement envers ce qu’elle perçoit comme une obstruction systématique de la part du pouvoir judiciaire.
Un Premier ministre en quête de cohésion
Malgré l’intense opposition, le camp de Benjamin Netanyahu poursuit son cap. Confronté à des enjeux sécuritaires et politiques majeurs, le Premier ministre cherche à restaurer une cohésion gouvernementale mise à mal par des divergences internes. Le départ de Baharav-Miara pourrait, selon ses soutiens, permettre de lever des blocages juridiques persistants et de rétablir une dynamique décisionnelle plus fluide.
Plutôt que de céder aux pressions, Netanyahu semble miser sur une recomposition institutionnelle visant à renforcer l’efficacité gouvernementale face aux défis du moment. Dans ce contexte, la motion de censure contre la procureure générale s’inscrit dans une logique politique assumée : celle d’un pouvoir exécutif désireux de regagner sa capacité d’action.
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