Netanyahu et la crise du Shin Bet
L’annonce de la nomination d’Eli Sharvit à la tête du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure israélienne, a déclenché une vague de réactions. Lundi matin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a surpris tout le monde en désignant cet ancien commandant de la marine pour un poste traditionnellement réservé à des hauts gradés de l’agence ou de l’armée de terre. Cette décision, prise dans un contexte politique tendu, pourrait cependant être annulée sous la pression des critiques et des enjeux judiciaires.
Une nomination inattendue et contestée
La désignation de Sharvit a pris de court non seulement les responsables du Shin Bet mais aussi le ministre de la Défense Israël Katz, qui n’avait pas été informé en amont. Contrairement aux usages, le poste aurait normalement dû revenir à un cadre expérimenté du Shin Bet, comme Yair « Rolly » Sagi, ancien chef adjoint de l’agence, ou Eyal Tzir Cohen, un responsable du Mossad ayant aussi servi au Shin Bet.
Ancien commandant de la marine israélienne de 2016 à 2021, Sharvit a supervisé plusieurs opérations stratégiques contre le Hamas et le Hezbollah. Plus récemment, il faisait partie d’un groupe d’experts analysant les attaques du 7 octobre sous la direction du chef d’état-major Eyal Zamir. Toutefois, son manque d’expérience dans la sécurité intérieure suscite de vives interrogations.
Un contexte politique explosif
Cette nomination intervient alors que Netanyahu est en conflit avec Ronen Bar, chef sortant du Shin Bet. Ce dernier mène une enquête sur l’affaire « Qatargate », un scandale impliquant des soupçons de versements du Qatar à des proches du Premier ministre, ce qui aurait influencé la gestion des négociations sur les otages israéliens.
Face à cette enquête, Netanyahu a tenté de rejeter la responsabilité des défaillances sécuritaires du 7 octobre sur le Shin Bet et l’armée, demandant même la démission du chef de Tsahal, Herzi Halevi. Cette tentative de remaniement a provoqué des protestations à travers le pays, où certains y voient une attaque contre les institutions démocratiques.
Une volte-face sous pression ?
Dès l’annonce de la nomination, la Haute Cour de justice a suspendu la décision jusqu’au 8 avril, laissant planer le doute sur son maintien. Mais avant même cette échéance, des rumeurs d’annulation ont émergé. Netanyahu, sous pression de ses alliés et de son propre parti, semble chercher un moyen de se rétracter sans perdre la face.
Le site Srugim, proche du Likoud, rapporte que la nomination ne sera finalement pas maintenue, la seule question restant étant la manière de faire machine arrière. Un argument avancé pour justifier cette décision serait un article critique de Sharvit sur Donald Trump, publié deux mois plus tôt.
Ainsi, la nomination d’Eli Sharvit pourrait bien être une nouvelle illustration du chaos qui règne au sommet du pouvoir israélien, où décisions et rétractations s’enchaînent dans un climat de forte instabilité.
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