A cinq mois des élections municipales 2026, le casting s’étoffe à Marseille. Martine Vassal a officialisé sa candidature pour la droite et le centre, tandis que Franck Allisio portera la liste du Rassemblement national (RN). Si la gauche se fait encore attendre, les noms du maire sortant DVG Benoît Payan ou encore du député Sébastien Delogu pour LFI bruissent régulièrement. Une nouvelle personnalité pourrait-elle bouleverser les joueurs de départ ? Stéphane Tapie, fils de Bernard Tapie, a confié récemment être « sollicité, beaucoup, notamment pour Marseille », afin de rejoindre une liste municipale.
Plus surprenant quand on connaît les positions anti-Le Pen de son père, qui fut ex-ministre de François Mitterrand, le fils du « Boss » a confirmé avoir rencontré Marine Le Pen, avec qui il échangerait des SMS, et Jordan Bardella. Avant d’évoquer des discussions avec tout le monde. « Je vois les réactions depuis ce matin sur les réseaux sociaux : les gens ne s’arrêtent qu’au fait que j’ai rencontré Marine Le Pen. Mais je parle aussi avec Benoît Payan, avec Martine Vassal […]. Pourquoi pas ? À un moment donné, il faut rendre cette ville aux Marseillais », a-t-il nuancé dans une autre interview accordée au média Faisons Parler Marseille.
Serait-ce une « belle prise » ?
Dans les équipes de campagne de Martine Vassal et de Franck Allisio, interrogées par 20 Minutes, personne ne souhaite commenter les déclarations de Stéphane Tapie. Pour le RN, qui vient d’être officiellement soutenu par le sénateur Stéphane Ravier, l’heure n’est pas à la composition des listes, souligne-t-on, mais plutôt « au travail de terrain au contact des Marseillais ».
Stéphane Tapie pourrait-il néanmoins être une « belle prise » dans une liste aux élections municipales, portée par un nom de famille synonyme d’icône pour certains Marseillais ? « Je pense que ça ne compte pas du tout », tranche Nicolas Maisetti, sociologue basé à l’université Paris-8 et connaisseur de la ville et de sa politique. « Personne ne sait ce qu’il a fait, ce qu’il est, ses idées… », énumère-t-il, pointant un « manque d’ancrage et de notabilité locale ».
« On ne le connaît pas ici », réfléchit Jean, qui prend son café au comptoir d’un établissement du centre-ville de la cité phocéenne. « Les partis espèrent peut-être gratter quelques voix chez les fans de ballons… Et encore ils ne sont pas très politisés », intervient l’un de ses compagnons de petit-déjeuner.
« Difficile de passer après son père »
En évoquant un engagement possible à la fois avec le maire sortant ou avec la liste du RN, Stéphane Tapie brouille encore plus les cartes pour d’éventuels électeurs. « Personne ne va voter pour une liste de gauche ou de droite parce qu’il y a un Tapie sur la liste », poursuit Nicolas Maisetti. L’homme d’affaires et auteur préfère mettre en avant la lutte contre le narcotrafic, mesure majeure selon lui, plutôt que les bords politiques. « Je me moque du dossard que j’aurai dans le dos. Ce n’est pas la couleur politique qui compte, ce sont les actes », martèle-t-il dans son interview.
Quitte à faire cavalier seul ? « Je soutiendrai ceux qu’il faut. Mais s’il n’y a pas une seule liste capable de sécuriser cette ville et de faire la guerre à la DZ Mafia qui croit que Marseille est sa ville, j’irai », a déclaré Stéphane Tapie. « Le nom fait quelque chose », reconnaît Thierry, Marseillais, qui parle avec respect de « M. Tapie » pour évoquer l’homme d’affaires disparu en 2021. « C’est difficile de passer après son père, imagine de son côté Jean. Ce nom peut ouvrir des portes à Marseille, mais en refermer aussi beaucoup. »
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« Je ne suis pas sûre que ça pèse, enfonce Nicolas Maisetti. C’est une vieille question des partis nationaux qui n’a jamais débouché sur rien : parachuter une personnalité connue mais aussi connue pour être détachée des luttes politiques locales. » Le sociologue se souvient notamment de la candidature d’une autre figure des sphères footballistiques marseillaises, celle de Pape Diouf en 2014. L’ancien président de l’Olympique de Marseille avait décidé de conduire une liste sans étiquettes aux élections municipales, avec à son bord notamment des personnalités de la société civile et des anciens de partis politiques. Le slogan ? « Changer la donne. » Il avait obtenu 5,63 % des voix au premier tour.
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