Il a surpris Google et Facebook en découvrant leurs failles de sécurité.
Avec l’argent gagné, il a fondé sa propre start-up.
« Dans dix ans, j’aimerais vivre dans une réalité où personne ne me verra, moi – un entrepreneur high-tech ultraorthodoxe en costume noir et chapeau – comme une curiosité. » — Israël Gort, cofondateur et CTO de la société de cybersécurité Reflectiz
Informations personnelles
Âge : 35 ans
Famille : marié, père de cinq enfants
Résidence : Bnei Brak
Profession : cofondateur et directeur technique (CTO) de Reflectiz, société spécialisée dans la protection des sites web.
Enfance et famille
« Je suis né dans une famille ultraorthodoxe à Haïfa. J’ai deux frères et trois sœurs. Ma mère est enseignante, mon père travaillait dans l’informatique au ministère du Logement et de la Construction. C’est de lui que j’ai reçu l’amour de la technologie, même s’il s’occupait plutôt de matériel et de réseaux. Moi, dès mon jeune âge, j’étais attiré par la programmation. »
Programmer à la yeshiva
« J’étais un bon élève, mais je ne pouvais pas rester concentré : trop d’idées me tournaient dans la tête. À 13 ans, mon père m’a offert un livre pour apprendre à programmer. Le problème : dans le ‘heder’, j’avais appris le yiddish comme deuxième langue, mais je ne connaissais pas un mot d’anglais. J’ai donc appris seul l’alphabet anglais, puis, à travers les livres de programmation, j’ai appris les mots. Je n’avais personne à qui poser des questions, pas d’internet — je devais tout comprendre par moi-même. J’apprenais pendant mes heures libres à la yeshiva. »
Service civil
« J’ai effectué une année de service civil. J’ai d’abord voulu aider dans la programmation, mais cela n’a pas fonctionné. Finalement, j’ai travaillé auprès de personnes âgées dans le cadre de l’association Hovat HaTalmidim. »
Premier emploi
« Je me suis marié à 20 ans, et trois ans plus tard, pour des raisons économiques, j’ai décidé de quitter la yeshiva pour travailler. Dans ma communauté hassidique, c’est peut-être un peu tôt, mais encore acceptable. »
Un programmeur sans expérience
« En 2011, j’ai commencé à travailler comme développeur chez Menahel4U, une société spécialisée dans l’intégration et le développement d’applications pour SAP Business One. Je n’avais pas d’expérience pratique, mais j’avais confiance en moi. Quand on m’a demandé si je savais développer pour le web, j’ai dit oui. En trois ans, j’ai découvert de nombreuses failles de sécurité. Contrairement à beaucoup qui apprennent à programmer comme on suit un livre de recettes, mon apprentissage autodidacte m’a donné une compréhension profonde du fonctionnement interne des systèmes. »
Une attaque pendant un entretien d’embauche
« En 2013, j’ai trouvé une faille majeure sur un grand site israélien (je ne dirai pas lequel) et je leur ai signalé. Ils m’ont convoqué à une réunion. Ma mère m’a supplié de ne pas y aller – elle craignait que la police m’attende – mais j’y suis allé. Ils m’ont félicité et proposé un poste. J’ai refusé.
De retour chez moi, j’ai envoyé mon CV pour un poste d’analyste en sécurité informatique chez BugSec. Pendant l’entretien, j’ai démontré une attaque réelle sur leur site et révélé la faille. Ils m’ont immédiatement embauché. »
Le « Hall of Fame » de Google
« Je me suis rendu compte que le hacking éthique me réussissait.
Je me suis donc fixé un objectif : entrer dans le Hall of Fame de Google. D’abord, j’ai trouvé une faille dans Outlook (Microsoft), ils m’ont envoyé un chèque de 2 500 dollars. Puis j’ai trouvé une faille dans Gmail – cette fois Google m’a versé 5 000 dollars et classé 136ᵉ dans leur Hall of Fame. »
Le chemin vers la start-up
« En 2016, avec Idan Cohen, alors PDG de BugSec, nous avons décidé de créer notre propre start-up. Mais j’avais déjà trois enfants, ma femme était assistante sociale, et je ne pouvais pas me permettre de démissionner.
J’ai donc décidé de continuer à trouver des failles dans de grands sites et d’utiliser les récompenses pour financer notre projet. J’ai signalé trois nouvelles failles dans Gmail et atteint le 22ᵉ rang mondial dans le classement de Google.
J’ai aussi découvert une faille sur Facebook – ils ne m’ont pas cru au début. En neuf mois, j’ai gagné environ 50 000 dollars grâce à la découverte de vulnérabilités. »
Reflectiz
« Nous avons développé une plateforme technologique qui analyse les sites web de l’extérieur pour identifier et gérer leurs risques d’exposition. C’est une technologie très complexe : il nous a fallu trois ans pour la faire fonctionner. Dans le monde de la cybersécurité, beaucoup pensent que “le web, c’est du passé” — l’attention est portée sur le cloud et l’IA, mais une grande partie d’Internet reste exposée et sans protection. »
Les chiffres
- 140 clients, pour la plupart de grandes entreprises : médias, banques, e-commerce.
- Chiffre d’affaires annuel : plusieurs millions de dollars.
- 28 millions de dollars levés en deux tours de financement.
- Le dernier tour a été mené par le fonds américain Fulcrum Equity Partners, leur première participation dans une société israélienne.
- Siège : Ramat Gan.
- 40 employés.
Vie personnelle
« J’ai un téléphone portable basique, sans Internet – uniquement pour les appels. Au travail, je me connecte à WhatsApp Web, et dès que je quitte le bureau, je suis offline.
Dans ma vie personnelle, c’est un immense avantage : cela me permet de déconnecter réellement et d’être présent avec ma famille. »
Un entrepreneur haredi
« Dans dix ans, j’aimerais vivre dans une société où voir un entrepreneur high-tech haredi en costume noir et chapeau ne sera plus perçu comme quelque chose d’inhabituel. »
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