Mort de Liam Payne : One Direction, le groupe de la génération « réseaux sociaux »

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«Nous ne pensions pas écrire ce message un jour. » La mort de Liam Payne, membre du groupe One Direction, mercredi, a aussi provoqué l’émoi dans les divers fan-clubs en ligne, comme ce message posté par Team1DFrance sur Twitter. Le boys band, propulsé par « X Factor », a largement marqué les adolescents et adolescentes des années 2010. Un succès aussi caractérisé par la présence de sa communauté sur Internet.

Sur Facebook, une simple recherche « One Direction » renvoie à des centaines de groupes, dans toutes les langues, allant de trois ou quatre membres à plusieurs milliers. Carla, 25 ans, qui a découvert le boys band à 12 ans, tenait un de ces groupes. « J’avais appelé ça « Contre les groupies des One Direction », le groupe avait tourné et on était une cinquantaine de petites meufs de toute la France, raconte-t-elle. C’est la première fois que j’ai eu l’impression d’avoir autant de gens avec qui partager une passion. »

Arrivé en 2004, Facebook détrône progressivement les blogs et les forums comme lieu de partage entre fans. « L’année 2010, c’est clairement le grand développement du Web et la structuration des communautés de fans en ligne », confirme Julie Escurignan, maître de conférences en management à l’Université Catholique de l’Ouest et spécialiste des liens entre communautés de fans et industries culturelles.

Montages, quiz et fanfics

Sans forcément provoquer une révolution des pratiques, l’essor des réseaux permet de partager plus facilement ses créations et son identité de fans, poursuit Julie Escurignan. Parmi ces productions, les fanfics, ces histoires écrites mettant en scène des stars ou des personnages fictifs, occupent une place importante. Sur Archive of our own, l’un des plus importants sites de partage, One Direction fait l’objet de plus de 64.000 œuvres. « C’était un peu une mode à l’époque, se souvient Carla. J’ai commencé à en écrire car j’en lisais déjà beaucoup, la principale avait une vingtaine de chapitres illustrés avec des photos. C’était une histoire où je devenais la styliste des One Direction, je voyais les coulisses du groupe et j’avais des amitiés ou des histoires d’amour avec les membres. »

Et ce n’était pas la seule manière de se mettre en scène dans la communauté et de partager son petit crush d’ado. « Sur Facebook, il y avait beaucoup d’interactions, de jeux, de quiz pour savoir qui était la meilleure fan, et on se faisait gagner des chapitres de fanfic dédiés ou des montages de nous avec notre membre préféré, poursuit Carla. Ça paraît ridicule mais ça stimulait la créativité. »

La fin d’une époque

Internet permet à ces créations et cette passion d’être partagées à un public encore plus large. Voire, de nouer des liens. « A force, les autres membres étaient vraiment devenues mes copines, raconte l’ancienne fan de One Direction. On se racontait nos journées, on s’appelait sur Skype. Plein de gens ont créé des relations hyperfortes. » « Les réseaux sociaux permettent des communautés de fans globales, pas seulement limitées à sa ville ou sa région, abonde Julie Escarignan. Typiquement, l’appel des fans de One Direction à se réunir ce dimanche est facilité par les réseaux sociaux. »

Ce phénomène n’est pas exclusif à One Direction, mais plutôt aux phénomènes culturels d’une époque. A la même période, les fans de Harry Potter, par exemple, tissent aussi de vastes communautés sur Internet. La culture autour d’autres artistes musicaux présente des similarités. « Les pratiques des fans de Taylor Swift sont similaires, illustre par exemple Julie Escarignan, Car le public est aussi semblable, jeune et plutôt féminin. » S’il y a aussi des points communs avec la K-pop, l’experte estime que les communautés se différencient par l’intensité de certains fans, ou leur engagement social et politique.

La fin de One Direction n’a évidemment pas aidé. En 2015, Zayn Malik annonce qu’il quitte le groupe. « Là je me dis, ça y est, mon boys band se sépare, c’est la fin », se souvient encore Carla, alors en début de 1re. Le groupe annonce un an après une pause d’une durée indéterminée. « Moi aussi, j’ai arrêté petit à petit les comptes de fans, conclut Carla. On a aussi grandi, en terminale j’avais d’autres préoccupations. Et en 2016, Facebook devient un peu le réseau has been de nos parents. » . « Depuis cette époque, la communauté est un peu différente, car il n’y a plus de groupe, confirme Julie Escarignan. La disparition de Liam Payne, c’est aussi la mort de One Direction et de l’idée que le groupe puisse se reformer un jour. »

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