Etre dirigé par Michael Mann en même temps que Laurent Lafitte, Orelsan, Marina Foïs et Fianso, François-Xavier Demaison, c’est l’un des bonheurs qu’offre le Festival Lumière, qui se termine à Lyon ce dimanche, à ses invités. Michael Mann, réalisateur entre autres de Heat, Révélations, Collateral et Le Dernier des Mohicans, était le récipiendaire du prix de cette année remis par Isabelle Huppert.
Michael Mann, très ému à la remise de son prix, a rappelé qu’il avait fait ses classes en couvrant les manifestations parisiennes de mai 1968, la caméra au poing. « J’ai rencontré des activistes de l’époque comme Alain Krivine qui ont beaucoup contribué à ma formation politique », dit-il. Le cinéaste est toujours aussi engagé. Il ne mâche pas ses mots quand il évoque la situation aux Etats-Unis. « Les événements que je décris dans Révélations où un article publié dans le New York Times, changeait l’économie politique et provoquait un procès contre l’industrie du tabac ne seraient plus possibles de nos jours », soupire-t-il.
L’animation à la rescousse
Il ne se résigne pas et entend toujours faire résonner l’évolution politique de son pays dans ses films. « Aujourd’hui, la réalité médiatique des États-Unis est complètement transformée par tout ce que nous connaissons, c’est-à-dire par l’Internet, une interconnexion qui permet des niveaux manipulation qui n’existaient pas avant. » Il croit fermement en l’art pour continuer à s’opposer à l’administration Trump et n’a pas caché son admiration pour Matt Stone et Trey Parker, les créateurs de South Park, série animée très provocatrice et furieusement anti-Trump.
« Ils y vont franchement, s’amuse-t-il. Leur approche est drôle mais elle leur permet d’aborder des sujets sérieux. Ils sont aussi pertinents que courageux ». Un épisode particulièrement féroce où ils montrent Donald Trump au lit avec Satan a déclenché l’ire de la Maison-Blanche et l’hilarité de Michael Mann. « Ils l’ont sorti juste après avoir renouvelé leur contrat juteux chez Paramount : c’était aussi malin que culotté ».
Michael Mann ne compte pas que sur South Park pour changer la donne. « Il va être intéressant de voir comment l’Europe va réagir, se demande-t-il. Il existe aussi une opposition importante dans de grandes villes comme Chicago. », révèle-t-il.
« Heat 2 » encore en négociations
Questionné par Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, lors d’une master classe, le cinéaste a fait connaître son prochain projet. Il s’agira de Heat 2 dont la sortie est prévue pour dans deux ans. Adapté du premier roman du cinéaste (disponible aux éditions Harper et Collins France) , ce polar sera la suite du film de 1995 orchestrant le tête-à-tête entre Al Pacino et Robert De Niro. Adam Driver, Leonardo DiCaprio et Austin Butler sont prévus au casting de ce nouvel opus pour lequel Michael Mann a puisé plusieurs extraits de son roman.
« Pour moi, ces personnages sont toujours restés vivants donc j’aurais eu de la matière pour faire plusieurs films, dit-il. Nous sommes encore en négociations car Heat 2 est très coûteux mais je peux vous dire que nous aimerions le tourner cet été et qu’il devrait sortir en salle ». Le film le plus récent du cinéaste, Ferrari, avait été directement diffusé sur Amazon Prime.
Des projets à foison
Après Heat 2, le cinéaste octogénaire a déjà de nouveaux projets. Il rêve de réaliser un film de science-fiction, l’un des rares genres qu’il n’a jamais abordé dans sa carrière et va produire Comanche, un western réalisé par Scott Cooper, réalisateur d’Hostiles et de Springsteen, Deliver Me From Nowhere. Michael Mann envisage également de signer lui-même un film sur la guerre du Vietnam. « Quand j’étais plus jeune, j’ai eu l’impression qu’une main divine sortait du ciel pour m’enjoindre de faire du cinéma », se souvient-il. Il n’a pas fini de lui obéir et on s’en réjouit.
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