Disparition du MH370 : «L’avion a de fortes chances d’être retrouvé»
La Malaisie a annoncé la reprise des opérations de recherche du MH370 à compter du 30 décembre prochain. Jean-Luc Marchand, ingénieur-satellite, et Patrick Blelly, commandant de bord, révèlent les enjeux de cette nouvelle campagne de recherches en mer.
La disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, qui devait relier Kuala Lumpur à Pékin, le 8 mars 2014, reste l’un des plus grands mystères de l’aviation civile. Au point de faire encore l’objet de tous les fantasmes, alimentant les hypothèses les plus folles. L’annonce de la reprise des opérations de recherche dans l’Océan Indien était attendue : en mars dernier, le navire Armada 78-06 de la société britannique Ocean Infinity avait été contraint de rebrousser chemin en raison des conditions météorologiques difficiles. L’opération devrait donc reprendre à compter du 30 décembre prochain, a annoncé le ministère des transports malaisien le 3 décembre dernier.
Le JDD. Que sait-on de cette nouvelle campagne de recherche de l’épave du MH370 ? A-t-elle plus de chances d’aboutir que les précédentes opérations de recherche en mer ?
Jean-Luc Marchand. Oui, car les différents points d’impacts de l’avion étudiés et proposés par les différents groupes de recherches se sont affinés avec le temps. Les moyens mis en œuvre (bateaux, drones sous-marins, etc.) sont désormais plus performants. Nous pensons que l’avion a de fortes chances d’être retrouvé dans l’un des endroits envisagés pour cette opération de recherches. La zone ciblée par Ocean Infinity prend désormais en compte l’hypothèse d’un vol piloté jusqu’au bout, puisque c’est à l’extérieur du septième arc [situé au beau milieu de l’Océan Indien, à 2 000 kilomètres à l’ouest de Perth, en Australie, NDLR] qu’ils ont commencé à chercher en mars dernier.
Pourquoi l’hypothèse d’un suicide du commandant de bord est-elle selon vous la piste la plus crédible pour expliquer la disparition de l’appareil ? Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que l’avion a été piloté jusqu’à la fin ?
Patrick Blelly. Selon nous, ce vol a été parfaitement exécuté et par quelqu’un qui connaissait très bien le Boeing 777 et son fonctionnement, et qui par ailleurs avait de très bonnes notions de pilotage. Il ne reste pas grand nombre de suspects à bord quand on sait que le copilote était un élève pas encore qualifié sur cet avion. Au vu des gros débris retrouvés (flaperon, volet droit et morceau du volet gauche), nous privilégions la thèse d’un amerrissage « contrôlé », donc piloté. Nous pensons que les trois éléments cités ci-dessus ont été arrachés de l’avion au moment de l’amerrissage, puis ont dérivé jusqu’à ce qu’on les retrouve sur des plages sur l’île de la Réunion et sur les côtes du sud-est de l’Afrique.
« Il est très facile pour un appareil de « disparaître » »
S’ils avaient été rentrés dans l’aile au moment de l’impact avec un avion tombant à la verticale, ils se seraient écrasés à l’intérieur de l’aile. Or, on ne constate aucun impact sur leurs bords d’attaques. Pour nous, si ces volets ont été « sortis », c’est qu’il y avait de l’énergie hydraulique et électrique disponibles (APU). Et cela implique que quelqu’un a commandé cette sortie des volets. Il est à noter qu’un trajet similaire de vol simulé vers le sud de l’Océan Indien avait été effectué un mois auparavant. L’historique de ce trajet a été retrouvé sur le simulateur personnel du Commandant Zaharie Ahmad Shah, ce qui constitue un élément troublant.
En utilisant au mieux tous ces éléments, notre trajectoire répond à la question du « comment ». Nous avons désormais la certitude que le transpondeur a été manuellement mis sur standby ; par ailleurs, l’absence de contrainte sur le manche de l’appareil montre qu’il n’y a pas eu d’opposition. Le détournement se serait ainsi déroulé « dans le calme », si l’on peut dire.
Comment expliquer qu’un appareil tel qu’un Boeing 777 ait pu disparaître subitement dans l’une des zones aériennes les plus surveillées au monde, en pleine mer de Chine ?
P.B. Le contrôle aérien est basé sur le partage des responsabilités entre le sol et l’avion. À l’endroit choisi, la responsabilité du contrôle était à bord, le sol étant passif car il attend que l’avion se déclare en entrant dans le secteur suivant. C’est un moment passif. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est très facile pour un appareil de « disparaître » : on coupe d’abord le transpondeur pour ne plus répondre aux radars (SSR) et ne plus transmettre les informations ADS-B [Automatic dépendent surveillance-broadcast, système de surveillance pour le contrôle du trafic aérien] utilisées par l’ATC [Air Traffic Control] et les applications comme FlightRadar.
JForum.Fr et le JDD
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