«Je pensais que les Blacks avaient passé la main. » A la sidération d’un tueur à gages de 14 ans, abattant froidement le chauffeur VTC Nessim Ramdane, comme il l’a reconnu en garde à vue, s’ajoute à Marseille un autre constat : ce gang, passé au second plan depuis la guerre entre Yoda et DZ Mafia, semble revenir sur le devant de la scène. « La nature criminelle a horreur du vide, dès qu’une place se libère, il y a une volonté de reconquête », continue Denis Trossero, journaliste spécialiste police-justice et auteur de Règlements de comptes à Marseille (Mareuil Editions).
Les « Blacks » se font connaître dans les années 2000. Ils ont pour fief la cité des Lauriers, dans le 13e arrondissement au nord de Marseille, et pour chefs une fratrie d’origine comorienne : les quatre frères Ahamada. De 2008 à 2015, année où le clan est démantelé, une trentaine de règlements de compte sont attribués à la guerre qu’ils se livrent avec les « Gitans » de la cité voisine des Cèdres. « Avec les Blacks, on n’est plus dans la seule logique de la vengeance et de la riposte perpétuelles, rembobine Denis Trossero. On va se rendre compte qu’ils anticipent le coup, qu’ils font tuer celui qui pourrait venir s’en prendre à eux. »
En 2017, leur procès met au jour un lucratif trafic : un chiffre d’affaires de 60.000 euros par jour. Les peines les plus lourdes sont prononcées à l’encontre de Djoussouf Ahamada, alors âgé de 42 ans, surnommé « Sénateur », et de Oukoutoub Ahamada, 28 ans, surnommé « Beur ». Ils écopent respectivement de douze et dix ans de prison.
Les « nouveaux Blacks »
L’été 2021 connaît une nouvelle flambée de violences à Marseille, qu’Éric Arella, alors patron de la police judiciaire, analyse en ces termes pour 20 Minutes : il se règle actuellement « un ancien contentieux » entre clans rivaux, ravivé par un triptyque mortel, « sorties de prison, jeunes aux dents longues et trahisons ». Parmi ces clans, on retrouve les « Blacks », opposés à leurs voisins des Oliviers A, dont le conflit sanglant est à l’origine d’au moins sept assassinats. Deux hommes ont été condamnés à huit ans de prison pour la fusillade à l’origine de cette nouvelle flambée.
Alors que La Paternelle, dans les quartiers Nord, était au centre de la guerre meurtrière entre Yoda et DZ Mafia – à laquelle la vague d’interpellations fin 2023 a porté un sérieux coup d’arrêt – le point de deal au cœur du drame de vendredi se trouve près du centre-ville de Marseille. Et n’a pas grand-chose à voir en termes de profits. Depuis deux ans pourtant, le contrôle de cette cité du Moulin-de-Mai, dans le quartier de la Belle de Mai, est à l’origine de plusieurs assassinats. Et des derniers événements.
Ceux-ci s’inscrivent, selon le procureur de Marseille, dans « le contexte du conflit opposant la DZ Mafia », qui a pris l’ascendant sur Yoda, « et le clan dit des Blacks de la cité Félix-Pyat » à la Belle de Mai. Difficile encore de savoir qui, exactement, il y a derrière ces « nouveaux Blacks ». « Ce sont des clans à tiroir, qui se reconstituent », explique Denis Trossero, qui souligne toutefois que par rapport à l’année dernière, « il y a eu 60 % de diminution de règlements de compte. »
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