Mer Rouge : quel périmètre pour la coalition internationale anti-houthistes ?

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La communauté internationale a voulu réagir très rapidement. Après l’annonce hier de la formation d’une coalition de dix pays pour lutter contre les attaques perpétrées par les houthistes en mer Rouge, celle-ci s’est réunie pour la première fois ce matin en visioconférence, a indiqué, mardi 19 décembre, le ministère des Affaires étrangères français.

« L’escalade récente des attaques irresponsables » des houthistes « en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et contrevient au droit international », a également déclaré lundi le chef du Pentagone. « C’est pourquoi aujourd’hui j’annonce l’établissement de l’opération Prosperity Guardian », a-t-il ajouté, alors que certaines compagnies ont décidé de suspendre leurs traversées.

Des attaques de navires dans le détroit

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Depuis fin octobre, les rebelles, qui contrôlent une partie du territoire de ce pays plongé dans la guerre civile, ont mis leur menace à exécution : plusieurs attaques de navires traversant le détroit de Bab al-Mandab, situé entre le Yémen et l’Erythrée au sud de la mer Rouge, ont été revendiquées.

« Nous mènerons des missions de combat jusqu’à ce que l’entité sioniste cesse ses attaques sur Gaza », avait averti le commandant des forces navales des rebelles, le général Mohammad Fadl Abdelnabi. Alliés à l’Iran et soutiens de la Palestine, les rebelles houthistes ont déclaré que leurs actions continueraient « jusqu’à ce que l’agression israélienne contre nos frères de la bande de Gaza cesse ».

Les houthistes décidés à poursuivre les attaques

Après l’annonce de la formation d’une coalition par les Etats-Unis, les rebelles n’ont pas tardé à réagir. « Même si l’Amérique mobilise le monde entier, nos opérations militaires ne s’arrêteront pas […] quels que soient les sacrifices que cela nous coûte », a déclaré Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable des houthistes, sur X, anciennement Twitter.

Selon le Pentagone, les rebelles ont lancé plus de 100 attaques en mer Rouge depuis le 7 octobre, au cours desquelles une dizaine de navires ont été ciblés en raison de leur supposée proximité avec l’Etat israélien. En novembre, ils se sont emparés du Galaxy Leader, un navire commercial affrété par une société japonaise, et ont pris en otage les 25 membres de l’équipage, toujours retenus au Yémen.

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Proche de l’Iran et du Hezbollah libanais, ils bénéficient par leur biais de matériel avancé, tels que des drones et missiles chinois, explique à L’Express Pascal Ausseur, directeur de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, un centre de recherche, qui qualifie les moyens en possessions des houthistes de « faibles ». Il insiste néanmoins sur le fait que « le rapport de force technologique entre l’Occident et le reste du monde s’est amoindri », et sur le coût des opérations de défense.

Les contours flous de la coalition

Si le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a annoncé lundi la formation d’une coalition de dix pays, comprenant principalement des pays occidentaux, tels que la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, le Canada, les Pays-Bas et la Norvège, ainsi que les Seychelles et Bahreïn, les contours de son action semblent encore peu définis. Pascal Ausseur, qui rappelle le nombre important de coalitions déjà existantes dans la région, notamment pour lutter contre la piraterie, relativise l’annonce américaine : « l’ensemble des pays cités sont déjà alliés via d’autres coalitions en place dans la région ».

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Il remarque également le caractère plus sensible de cette alliance liée à la guerre entre Israël et le Hamas : dans ce contexte, « il est très compliqué pour les pays arabes de s’afficher aux côtés des Etats-Unis », souligne-t-il. L’Egypte, membre de la coalition CTF153 à laquelle est adossée la « task force » annoncée par les Etats-Unis, ne fait ainsi pas partie des pays mobilisés.

Des engagements asymétriques

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Depuis l’annonce de la coalition, les prises de position de ses membres illustrent d’ailleurs des engagements asymétriques : alors que l’Italie a annoncé mardi l’envoi d’une frégate en mer Rouge « dans les prochaines heures », la France exclue à ce stade de fournir davantage de moyens dans la région. L’Espagne, quant à elle, a pris ses distances avec la coalition : le pays « dépend des décisions de l’Union européenne et de l’Otan et, par conséquent, ne participera pas unilatéralement », a indiqué le ministère de la Défense dans une déclaration à l’AFP.

Pascal Ausseur perçoit surtout « beaucoup de gesticulations » du côté de la coalition comme de celui des rebelles yéménites. « Personne n’a envie de monter dans une escalade » de tensions, affirme-t-il. Les moyens mis en place du côté des pays occidentaux devraient se limiter à des actions de dissuasion et à quelques interventions, telles que l’interception de drones, qui peuvent toutefois montrer leur efficacité contre les attaques.

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