Mar-a-Lago ; Trump va-t-il imposer la Turquie à Gaza

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Mar-a-Lago ; Trump va-t-il imposer la Turquie à Gaza

Les équilibres diplomatiques autour de l’après-guerre à Gaza continuent de se redessiner, parfois loin des déclarations officielles. À la suite de la rencontre entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump à Mar-a-Lago, une question particulièrement sensible a émergé avec plus de clarté : celle d’une éventuelle implication turque dans un dispositif de stabilisation à Gaza.

Jusqu’à récemment, cette hypothèse restait cantonnée aux discussions de coulisses. Or, les propos tenus par Trump devant la presse ont marqué un tournant. Interrogé directement sur la possibilité d’un rôle d’Ankara, le président américain n’a ni fermé la porte ni repris explicitement le veto israélien. Au contraire, il a souligné sa relation personnelle avec Recep Tayyip Erdogan, évoqué la question comme un sujet à venir et même salué l’importance régionale de la Turquie. Cette posture a été interprétée comme une première confirmation publique de discussions en cours.

Selon des informations concordantes, plusieurs médiateurs régionaux, dont la Turquie et le Qatar, militent depuis des semaines pour qu’Ankara soit intégrée à une force internationale chargée de la stabilisation de la bande de Gaza. En Israël, cette perspective suscite de fortes réticences. Les déclarations virulentes d’Erdogan à l’encontre d’Israël depuis le début du conflit ont profondément entamé la confiance, faisant de la Turquie un acteur perçu comme problématique, voire hostile.

Face à cette situation, la ligne israélienne s’est voulue pragmatique. Plutôt qu’un refus catégorique présenté à Washington, Netanyahu aurait opté pour une approche conditionnelle. Des sources politiques indiquent qu’Israël serait prêt à lever son veto à une implication turque uniquement en cas de changements concrets et vérifiables de la part d’Ankara. Parmi les exigences évoquées figurent une clarification publique, voire une rétractation, des déclarations anti-israéliennes, ainsi qu’un signal clair de changement de cap diplomatique envers Jérusalem.

Cette marge de flexibilité reste toutefois étroite. Il ne s’agit pas d’un feu vert automatique, mais d’un compromis tactique visant à préserver la relation stratégique avec Washington tout en protégeant les intérêts sécuritaires israéliens. Le Premier ministre aurait ainsi évité de placer le président américain devant un refus frontal, susceptible de compliquer un dialogue plus large.

Car la question turque ne constitue qu’un élément d’un ensemble diplomatique plus vaste. Les déclarations de Trump à l’issue de la rencontre ont également mis en lumière un soutien américain particulièrement ferme sur le dossier iranien. Le président américain est allé jusqu’à évoquer explicitement une possible intervention militaire si l’Iran poursuivait ses avancées dans les domaines nucléaire et balistique. Pour Israël, cette prise de position publique représente un appui stratégique majeur.

La combinaison de ces deux volets — ouverture prudente sur la Turquie et fermeté sur l’Iran — suggère que la réunion de Mar-a-Lago ne visait pas à trancher un point isolé, mais à esquisser un cadre d’accord diplomatique global. Chaque partie y aurait trouvé un espace de manœuvre : une souplesse conditionnelle pour Israël sur un dossier sensible, et un engagement clair des États-Unis sur des menaces existentielles perçues par Jérusalem.

Reste désormais à savoir si ce compromis sera accepté par Ankara. La réaction d’Erdogan, tant sur le plan rhétorique que politique, sera déterminante pour évaluer la faisabilité réelle d’une telle évolution. Dans un Moyen-Orient en recomposition rapide, cette séquence illustre combien les équilibres se construisent par ajustements successifs, où chaque concession apparente s’inscrit dans un calcul stratégique plus large.

Affirmer aujourd’hui qu’Israël envisagerait de lever son veto à une implication turque à Gaza, sous réserve de conditions politiques strictes imposées à Recep Tayyip Erdogan, apparaît comme le strict minimum après avoir proclamé, sans ambiguïté, qu’aucune présence militaire turque ne serait jamais tolérée dans l’enclave. Cette inflexion, même conditionnelle, marque un recul par rapport aux positions initialement affichées. Elle illustre une nouvelle fois la capacité de Donald Trump à imposer sa lecture stratégique du dossier gazaoui, y compris sur des sujets que Jérusalem considérait comme des lignes rouges. Dans ce rapport de forces, le Premier ministre israélien se retrouve contraint d’ajuster sa position, sans disposer d’une réelle marge pour s’y opposer frontalement, confirmant que les décisions sur l’avenir de Gaza se jouent désormais autant à Washington qu’à Jérusalem.

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