Mandat d’arrêt contre Assad
Un chapitre judiciaire déterminant s’ouvre en France : un tribunal a récemment délivré un mandat d’arrêt visant Bachar al-Assad, l’ancien président syrien, ainsi que six de ses anciens hauts dignitaires. Ces mesures concernent le bombardement d’un centre de presse improvisé à Homs en février 2012, où deux journalistes — l’Américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik — ont perdu la vie.
L’enquête, conduite par le pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal judiciaire de Paris, a établi que cette attaque visait délibérément des journalistes étrangers afin d’éteindre la couverture médiatique des actions du régime dans cette ville rebelle. Ce ciblage prémédité constitue, selon les magistrats, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Le mandat a été émis en août et concerne également des personnalités syriennes telles que Maher al-Assad, le frère du président, Ali Mamlouk, ancien chef des renseignements, ou encore Ali Ayoub, alors chef d’état-major, ainsi que d’autres responsables sécuritaires régionaux. Pour les parties civiles, appuyées par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, cette décision représente une étape décisive permettant de porter l’affaire devant un tribunal français.
Ce développement intervient dans un contexte juridique marqué par une décision de la Cour de cassation de juillet dernier : un précédent mandat datant de 2023 avait été jugé invalide, car il avait été délivré alors qu’Assad était encore en fonction, bénéficiant ainsi d’une immunité liée à son statut de chef d’État. Toutefois, désormais exilé en Russie depuis sa destitution fin 2024, il n’est plus protégé par cette immunité, ouvrant la voie à de nouvelles poursuites.
Ce n’est pas la première fois que la France agit contre des personnalités du régime syrien : en 2023 déjà, un mandat avait été émis pour l’usage d’armes chimiques à Douma en 2013, et en début d’année 2025, un autre mandat a ciblé la mort d’un ressortissant franco-syrien à Deraa en 2017. À ce jour, une vingtaine de mandats internationaux ont ainsi été émis par les juridictions françaises dans le cadre du conflit syrien.
Les implications sont lourdes : si Bachar al-Assad, aujourd’hui hors d’atteinte en Russie, devait être jugé, ce serait une première judiciaire majeure contre un ex-dirigeant syrien reconnu coupable de crimes contre les journalistes. En parallèle, d’autres procès avancent en France contre des anciens dignitaires, notamment pour des actes de torture ou de tortures ayant entraîné la mort — certains jugements ont déjà été rendus en leur absence.
Ce tournant judiciaire illustre le mouvement international en faveur de l’imputation de responsabilités face à des violations graves des droits humains, en s’appuyant sur le principe de juridiction universelle. Il envoie un message fort : aucune position ne peut excuser des crimes majeurs, et la justice nationale peut se saisir d’affaires commises ailleurs, quand elles entrent dans le champ des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.
La reconnaissance de la responsabilité de dirigeants pour des attaques contre des journalistes, figures de la liberté d’expression, revêt une dimension symbolique forte. Elle met en lumière le rôle clé de la justice pour affirmer la protection des médias en zone de conflit — et rappeler que tuer pour museler le monde entraîne une réponse judiciaire, même des années plus tard.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site
Assad, c’était mieux que ce qui arrive aujourd’hui à la Syrie. Nous avons maintenant des islamistes purs et durs, installés par le sinistre Erdogan, animé des pires intentions vis-à-vis d’Israël.