Macron refourgue un mirage aux Palestinien l’état imaginaire

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L’initiative diplomatique d’Emmanuel Macron pourrait bien ne pas faire long feu dans les couloirs du Conseil de sécurité de l’ONU. Le président de la République a clarifié cette semaine son intention, courant septembre, de reconnaître officiellement la légitimité d’un État palestinien auprès des instances onusiennes. Une telle démarche est strictement encadrée par les textes fondateurs de l’institution. Sans surprise, cette dernière n’a que de faibles chances d’aboutir à une reconnaissance formelle par l’Assemblée générale des Nations unies.

La reconnaissance d’un État par l’Organisation des Nations unies ne relève pas d’un vote symbolique, mais répond à une procédure juridique précise, encadrée par la Charte des Nations unies. Pour qu’un nouvel État soit admis en tant que membre, il doit d’abord déposer une demande officielle auprès du Secrétaire général, dans laquelle il s’engage à respecter les principes de la Charte. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a franchi cette première étape le 23 septembre 2011. 

Cette demande est ensuite soumise à l’appréciation du Conseil de sécurité, qui joue un rôle de filtre. Pour poursuivre le processus, le Conseil doit adopter une recommandation positive, votée par au moins 9 pays sur les 15 membres. À cette occasion, les cinq nations disposant d’un siège permanent (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni) ont la possibilité d’y opposer leur veto

Si la recommandation n’obtient pas le nombre de voix requis ou bien qu’un pays met son veto, la procédure est stoppée net. En 2011, l’adhésion de la Palestine n’a même pas fait l’objet d’un vote au Conseil de sécurité, puisqu’au fil des discussions, il était évident que la demande ne pouvait pas recueillir la majorité nécessaire, d’autant que les États-Unis avaient affiché leur intention de mettre leur veto.

Toutefois, si cette première étape était hypothétiquement franchie, la demande serait alors examinée par l’Assemblée générale des Nations unies, où une majorité des deux tiers des suffrages exprimés est requise pour valider l’admission. À ce stade, deux raisons laissent penser que la Palestine serait en mesure de réunir la majorité nécessaire. Premièrement, 138 États membres ont voté en faveur d’un statut de « membre observateur » pour la Palestine en 2012, soit une dizaine de voix de plus que le minimum requis. De plus, la France sera le 148e État à reconnaître officiellement la Palestine, soit une vingtaine de plus que nécessaire. À condition que ces États votent effectivement en cohérence avec leur reconnaissance bilatérale, ce qui reste incertain.

Ainsi, le véritable obstacle à une reconnaissance de la Palestine comme membre à part entière des Nations unies reste le filtre du Conseil de sécurité. Comme en 2011, le veto américain semble une certitude, si l’on en croit les récentes déclarations de Donald Trump et de son chef de la diplomatie, le secrétaire d’État Marco Rubio.

Ces derniers ont vivement réagi à l’annonce d’Emmanuel Macron. Quelques heures seulement après le post sur X du président de la République, Rubio a fait savoir publiquement que « les États-Unis rejettent fermement le projet d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien », ajoutant qu’il s’agissait d’une « décision irresponsable ». De son côté, le locataire de la Maison Blanche estime que « cette déclaration n’a pas beaucoup de poids », précisant que la position d’Emmanuel Macron « ne changera rien » et « importe peu ». 

Considérant les très faibles chances que la reconnaissance formelle de la Palestine soit entérinée par l’ONU, le président a engagé la France sur une voie difficile, qui ne peut vraisemblablement pas changer le cours des choses en termes de droit international. Il faudra donc aller chercher ailleurs les motivations profondes d’Emmanuel Macron dans ce dossier. Concrètement, plusieurs explications peuvent être envisagées. 

Sur le plan de la politique intérieure, il est évident que ce mouvement donne un signal fort à la gauche du pays ainsi qu’à toute une partie de la population issue de l’immigration maghrébine sensible à cette question. Sur le plan des relations internationales, Emmanuel Macron poursuit un repositionnement vis-à-vis des pays arabes. 

L’épisode palestinien et la fermeté nouvelle de Paris contre Benjamin Netanyahou sont effectivement à replacer dans une séquence plus longue, incluant la réouverture de notre ambassade à Damas en Syrie, la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et la multiplication des échanges diplomatiques avec l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte à propos de Gaza. Même si elle n’ouvre pas les portes de l’ONU à la Palestine, l’initiative française confirme le virage arabe d’une France en quête d’influence au Moyen-Orient face à l’omniprésence américaine.

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1 COMMENTAIRE

  1. Giorgia Meloni a une logique imparable : « on ne peut pas reconnaitre un état qui n’existe pas ». Les problèmes psychologiques de Macron font qu’il doit toujours être au centre de tout, qu’il doit exister par tous les moyens. C’est un narcissique pathologique. Vivement qu’il dégage !

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