M. Corina Machado dédie son Nobel de la paix à Donald Trump

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Machado est devenu une figure « unificatrice » au Venezuela, selon le jury, qui a du mal à justifier son choix en regard de ce qui se passe au Moyen-Orient.

Elle a dédié son prix au « peuple souffrant du Venezuela » et, dans un geste surprenant, à Trump, qui le convoitait depuis longtemps, citant son « soutien décisif à notre cause ».

OSLO : Le prix Nobel de la paix a été décerné vendredi à la dirigeante de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, qui a dédié le prix au peuple vénézuélien et au président américain Donald Trump.

Machado, la militante pour la démocratie qui a mené la campagne pour mettre fin au régime autoritaire du président Nicolas Maduro lors des élections de l’année dernière, est devenu une figure « unificatrice » au Venezuela, a déclaré le jury, qui a du mal à cacher son anti-trumpisme propre aux bien-pensants de gauche .

Elle a refusé de partir malgré les menaces de mort.

Cette reconnaissance de la lutte de tous les Vénézuéliens est un encouragement pour conclure notre tâche : conquérir la Liberté. Nous sommes au seuil de la victoire et aujourd’hui, plus que jamais, nous comptons sur le président Trump, le peuple des États-Unis, les peuples d’Amérique latine et les nations démocratiques du monde comme nos principaux alliés pour parvenir à la liberté et à la démocratie. Je dédie ce prix au peuple souffrant du Venezuela et au président Trump pour son soutien décisif à notre cause !

« Plus que jamais, nous comptons sur le président Trump », a-t-elle écrit sur X, un mois après le début d’un important déploiement militaire américain près des côtes du Venezuela et d’une campagne de frappes meurtrières contre des bateaux suspectés de trafic de drogue.

Machado, 58 ans, a déclaré au directeur de l’Institut Nobel, Kristian Berg Harpviken, qui l’a appelée pour lui annoncer son prix, qu’elle était confiante quant à une transition pacifique vers la démocratie au Venezuela. « Je suis sûre que nous vaincrons », a-t-elle déclaré lors de l’appel, filmé et publié sur X.

Ingénieur de formation, qui vit dans la clandestinité depuis un an, est « l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civil en Amérique latine ces derniers temps », a déclaré le président du comité Nobel, Jorgen Watne Frydnes.

Edmundo Gonzalez Urrutia, figure de proue de l’opposition vénézuélienne, qui vit en exil en Espagne, a salué sa victoire comme « une reconnaissance bien méritée de la longue lutte d’une femme et de tout un peuple pour la liberté et la démocratie ».

Au Venezuela, cependant, certains ont ouvertement critiqué cette récompense. « Cette femme n’a rien fait pour la paix au Venezuela », s’est plaint Pedro Gonzalez, un retraité de 68 ans de Caracas. « Tout ce qu’elle a fait, c’est appeler à des manifestations, à des émeutes et tout ce genre de choses. »

L’ambassadeur du Venezuela auprès des Nations Unies a plaisanté en disant que Machado n’était pas plus qualifié pour remporter un prix Nobel de la paix qu’un prix Nobel de physique.

Mais en Argentine, où vivent certains des millions de Vénézuéliens qui ont fui l’effondrement économique du pays sous Maduro, il y a eu des célébrations.

Maria Angel Navas, une avocate et militante vénézuélienne de 31 ans, a qualifié le prix de « soutien et de reconnaissance d’une lutte qui dure depuis des années ».

Femme politique rock-star

Machado était la candidate de l’opposition à l’élection présidentielle de 2024 au Venezuela, mais le gouvernement de Maduro a bloqué sa candidature.

La dirigeante de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado salue ses partisans lors d'un rassemblement de campagne pour l'élection présidentielle, dans l'État de Mérida, au Venezuela, le 25 juin 2024. — Reuters
La dirigeante de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado salue ses partisans lors d’un rassemblement de campagne pour l’élection présidentielle, dans l’État de Mérida, au Venezuela, le 25 juin 2024. — Reuters

Elle a ensuite soutenu l’ancien diplomate réticent et peu connu Gonzalez Urrutia comme son remplaçant, l’accompagnant lors de rassemblements où elle a été accueillie comme une rock star. Maduro a revendiqué la victoire électorale, mais seule une poignée de pays ont reconnu sa victoire.

Né à Caracas, Machado est entré en politique en 2002 à la tête de l’association Sumate (Rejoignez-nous), qui militait pour un référendum visant à révoquer le mentor de Maduro, le défunt dirigeant socialiste Hugo Chavez. Cet appel a donné lieu à des accusations de trahison et à des menaces de mort, ce qui l’a incitée à envoyer ses trois enfants vivre à l’étranger.

Le comité a déclaré être conscient que Machado pourrait ne pas être en mesure d’assister à la cérémonie d’Oslo le 10 décembre. Cette récompense intervient un mois après le début d’une campagne de pression militaire américaine sur le gouvernement de Maduro, comprenant notamment des frappes contre des bateaux dans les eaux proches du Venezuela soupçonnés de transporter de la drogue.

Washington accuse Maduro de diriger un cartel de la drogue, ce qu’il nie.

Machado et Gonzalez Urrutia ont soutenu la pression américaine sur son gouvernement comme une « mesure nécessaire » pour la « restauration de la souveraineté populaire ».

Les espoirs déçus de Trump

Machado ne figurait pas parmi les candidats potentiels mentionnés avant l’annonce de vendredi.

Pourtant, quelques heures avant la remise du prix, les chances qu’elle l’obtienne sont passées de 3,75 % à près de 73 % sur la plateforme de paris prédictifs Polymarket, déclenchant une enquête de l’Institut Nobel norvégien sur une éventuelle fuite.

Autrefois un État pétrolier relativement démocratique et prospère, le Venezuela est aujourd’hui un « État autoritaire brutal qui souffre désormais d’une crise humanitaire et économique », a déclaré Frydnes.

Plus de 7 millions de Vénézuéliens, soit environ un quart de la population, ont fui l’effondrement économique du pays sous Maduro.

Depuis son retour à la Maison Blanche pour son second mandat en janvier, Trump a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il « méritait » le Nobel pour son rôle dans la résolution de nombreux conflits – une affirmation que les observateurs jugent largement exagérée.

Son bureau a qualifié la décision du comité de signe de « politique au détriment de la paix ».

Le comité avait cependant fait son choix quelques jours avant l’annonce de l’accord qu’il avait négocié pour mettre fin aux combats à Gaza.

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