L’US army va établir une base à Gaza
La perspective d’une base américaine aux portes de Gaza prend forme. Selon des informations concordantes, Washington étudie l’implantation d’un site logistique et opérationnel dans « l’enveloppe de Gaza », côté israélien, destiné à appuyer une force internationale chargée de surveiller le cessez-le-feu et de stabiliser la bande côtière. Le projet, chiffré à environ un demi-milliard de dollars, viserait une capacité d’accueil de plusieurs milliers de personnes — militaires, spécialistes civils et partenaires étrangers — pour assurer commandement, coordination, protection et soutien humanitaire. Il s’agirait d’un développement majeur, tant par l’ampleur de l’engagement que par le signal politique envoyé : les États-Unis entendent se placer au cœur de « l’après-guerre » à Gaza.
Ce pivot s’inscrit dans une séquence déjà engagée. Depuis l’entrée en vigueur de la trêve, une cellule américano-alliée, basée à Kiryat Gat, orchestre la mise en place d’un centre de coordination civilo-militaire (CMCC) chargé de piloter l’aide et de superviser les mécanismes de vérification du cessez-le-feu. Environ 200 soldats américains ont été déployés pour structurer l’état-major, installer les moyens de communication et définir des procédures communes avec les partenaires. La montée en puissance de ce dispositif a une conséquence immédiate : l’acheminement de l’aide et la gestion quotidienne de la trêve s’alignent de plus en plus sur des standards et des décisions coordonnées par ce centre, où les États-Unis jouent un rôle directeur.
La base envisagée près de la frontière viendrait consolider ce schéma. D’abord, en offrant une profondeur logistique et des capacités de protection adaptées à une mission de longue haleine : hébergement modulaire, hôpital de campagne, ateliers de maintenance, dépôts, postes de commandement redondants. Ensuite, en créant un point d’appui pour les contingents non américains que Washington s’emploie à rallier — pays arabes, européens et asiatiques —, avec un cadre d’interopérabilité unique (communications, procédures d’escalade, règles de déconfliction). Enfin, en garantissant la continuité de l’action humanitaire : couloirs d’entrée des convois, traçabilité, sécurisation des axes et capacité de réponse rapide en cas d’incident.
Beaucoup de paramètres restent toutefois ouverts. Le périmètre exact du site n’a pas été arrêté, pas plus que la forme juridique de la mission (mandat onusien, coalition ad hoc, ou hybride). De même, la participation de plusieurs États demeure conditionnée à des clarifications sur les règles d’engagement et la répartition des responsabilités avec Israël et l’Autorité palestinienne. Côté américain, l’hypothèse d’un « camp temporaire » modulable est avancée, afin d’éviter l’écueil d’une installation perçue comme permanente. Et Washington réaffirme qu’aucune opération de ses troupes n’est prévue à l’intérieur de Gaza, la mission relevant de la surveillance, du soutien et de la coordination.
Pour Israël, l’équation est ambivalente. D’un côté, la présence d’un hub américain robuste à proximité immédiate peut rassurer : elle réduit les risques d’embrasement, accélère l’aide, et ancre la trêve dans des mécanismes de contrôle extérieurs. De l’autre, l’architecture à venir encadrera plus étroitement la liberté d’action de Tsahal à la frontière, avec des procédures partagées et un suivi international. Pour les civils gazaouis, l’enjeu est concret : plus la chaîne logistique sera professionnalisée et sécurisée, plus l’aide circulera vite et de façon prévisible.
Au total, le projet de base près de Gaza n’est pas seulement une question d’infrastructures : c’est l’ossature d’un « jour d’après » où la sécurité, l’humanitaire et la diplomatie se superposent. Sa réussite dépendra de trois conditions clés : un mandat clair, des partenaires réellement engagés et une gouvernance de l’aide à la fois ferme et transparente.
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