L’Iran va-t-il lâcher les Houthis
L’Iran tente de prendre ses distances avec les Houthis, signe d’un réseau affaibli
Alors que les frappes américaines contre les positions houthis au Yémen se multiplient, un changement de discours surprenant semble émerger du côté de Téhéran. L’Iran, longtemps perçu comme le principal soutien de ce groupe armé, commence à insister sur le caractère « indépendant » des décisions prises par les Houthis. Une position qui pourrait refléter un recul stratégique face à la pression militaire croissante des États-Unis.
Dans la nuit du 15 au 16 mars, l’administration Trump a ordonné une nouvelle vague de frappes aériennes d’envergure contre les infrastructures houthis, en réponse aux attaques menées en mer Rouge contre des navires marchands et militaires. Le message est clair : Washington ne tolérera pas que la liberté de navigation dans cette voie maritime cruciale soit compromise.
Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth l’a confirmé : la campagne militaire se poursuivra tant que les Houthis persisteront dans leurs attaques. L’objectif n’est pas de s’ingérer dans la guerre civile yéménite, mais bien de rétablir la sécurité dans la région et de dissuader les soutiens de ces groupes.
Téhéran sur la défensive
Face à cette démonstration de force, les déclarations iraniennes évoluent. Le général Hossein Salami, commandant en chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), a affirmé que les Houthis « prennent leurs décisions de manière indépendante ». Une façon évidente pour l’Iran de se protéger d’éventuelles représailles en cas d’escalade du conflit.
Ce repositionnement coïncide avec une déclaration du Guide suprême iranien, qui a rejeté toute tentative de reprise du dialogue avec Washington. Par ailleurs, alors qu’un missile houthi a récemment touché le territoire égyptien du Sinaï, Téhéran semble vouloir prendre ses distances pour ne pas être directement impliqué dans de nouvelles tensions régionales.
D’un côté, l’Iran refuse l’idée d’un rapprochement avec les États-Unis, malgré une lettre de Donald Trump en ce sens. De l’autre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, ouvre la porte à des discussions avec les Européens, affirmant que les relations internationales de Téhéran doivent se baser sur le respect mutuel.
Un réseau de mandataires sous pression
Cette tentative de désengagement vis-à-vis des Houthis trahit une réalité plus profonde : le réseau régional bâti pendant des années par le général Qassem Soleimani montre aujourd’hui des signes de faiblesse. Depuis la mort de ce stratège de la Force Al-Qods, tué par une frappe américaine en janvier 2020, la capacité de l’Iran à coordonner et soutenir ses alliés armés dans la région semble s’éroder.
Le cas des Houthis illustre cette dynamique. Perdre leur soutien représenterait pour l’Iran une nouvelle défaite symbolique dans sa stratégie d’influence par procuration. Loin de la puissance unifiée qu’elle prétendait incarner, cette alliance hétérogène se révèle vulnérable face à une pression militaire bien ciblée.
Depuis le 7 octobre 2023, l’Iran a cherché à multiplier les fronts : attaques en mer Rouge, provocations contre les forces américaines en Irak, tentatives de déstabilisation de la Cisjordanie et incitations au conflit via le Hezbollah. Mais ces efforts paraissent désormais désorganisés. L’idée d’un soulèvement régional coordonné semble s’éloigner à mesure que chacun de ces mandataires rencontre des difficultés à tenir face à la riposte occidentale.
Une réponse ferme et nécessaire
L’Iran comprend probablement que ses alliés ne sont pas capables de mener seuls une guerre prolongée, et que toute escalade pourrait lui coûter cher. En tentant de s’exonérer de la responsabilité des actions houthis, Téhéran cherche à éviter une confrontation directe avec les États-Unis.
Mais Washington ne se laisse pas berner. Les États-Unis continuent de tenir l’Iran pour moralement et logistiquement responsable des agressions de ses partenaires régionaux. À cet égard, la stratégie américaine actuelle, ferme mais ciblée, démontre son efficacité.
Enfin, ce redéploiement de la politique iranienne doit aussi être analysé à la lumière de son hostilité permanente envers Israël. Les Houthis ont récemment réaffirmé leur volonté de viser tous les navires liés à Israël. C’est pourquoi l’engagement des États-Unis dans la région est non seulement légitime, mais essentiel : pour protéger la liberté de navigation, contenir l’expansion du terrorisme, et garantir la sécurité d’alliés stratégiques, au premier rang desquels se trouve l’État d’Israël.
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