L’Iran lance une chaîne de télévision en hébreu

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L’Iran lance une chaîne de télévision en hébreu

L’offensive médiatique de Téhéran : une chaîne en hébreu pour déstabiliser Israël

Dans un Moyen-Orient où les missiles s’accompagnent désormais de messages subliminaux, la République islamique d’Iran inaugure une arme inédite : une chaîne de télévision diffusant en hébreu, directement accessible aux Israéliens. Annoncée avec tambours et trompettes par l’agence officielle IRNA, cette initiative, validée par le président Masoud Pezeshkian lors de la 920e session du Conseil suprême du cyberspace le 26 août 2025, émerge sous l’égide de l’IRIB, le géant audiovisuel d’État iranien fondé en 1958. Officiellement labellisée comme un vecteur « culturel » pour favoriser la « cohésion sociale », elle ambitionne en vérité de contourner les barrières linguistiques et de semer le doute au sein du public hébréophone, en dépeignant une narrative alternative aux événements régionaux.

L’IRIB, qui pilote déjà une vingtaine de chaînes nationales et internationales couvrant l’arabe, l’anglais ou le français, étend ainsi son empire des ondes à la langue de l’État hébreu. Cette nouvelle entité, baptisée pour l’instant d’un nom provisoire évoquant l’unité persane, sera accessible via satellite et plateformes numériques, touchant potentiellement des millions d’Israéliens à l’intérieur des frontières comme dans la diaspora. Le timing n’est pas anodin : au cœur d’une escalade avec Tel-Aviv, marquée par des cyberattaques mutuelles et des frappes sur des proxies iraniens en Syrie depuis 2024, Téhéran cherche à transformer les écrans en champs de bataille. Des programmes variés sont prévus – documentaires sur l’histoire partagée juive-persane, analyses géopolitiques « objectives » et reportages sur les « injustices » au Proche-Orient – mais sous ce vernis, l’objectif est clair : éroder la crédibilité des médias israéliens comme la Chaîne 12 ou i24News, accusés de biais « sioniste ».

Cette stratégie s’inscrit dans une doctrine d’influence hybride que l’Iran affine depuis des décennies. Depuis la révolution de 1979, les ayatollahs ont investi massivement dans la guerre psychologique, avec un budget audiovisuel dépassant les 500 millions de dollars annuels pour l’IRIB seul. La chaîne en hébreu complète un arsenal déjà foisonnant : campagnes de désinformation sur Telegram et TikTok, où des faux comptes amplifient les rumeurs de divisions internes en Israël, ou encore des tentatives d’infiltration via des agents dormants. En 2025, les services de sécurité israéliens, le Shin Bet, ont procédé à plus de vingt interpellations pour espionnage au profit de Téhéran, incluant des citoyens dual-nationaux recrutés via des promesses financières ou idéologiques. Un cas récent, en juillet, a vu un habitant de Haïfa arrêté pour transmission de photos de sites militaires, motivé par des contacts virtuels iraniens.

L’approche est subtile, presque insidieuse. Contrairement aux diatribes en farsi sur Press TV, cette diffusion en hébreu natif – avec des présentateurs potentiellement expatriés ou formés en Israël – vise à créer une intimité trompeuse. Imaginez un soir de Shabbat, un téléspectateur zappant sur une émission « culturelle » qui, mine de rien, questionne la légitimité des opérations de Tsahal à Gaza ou exagère les tensions internes au gouvernement Netanyahu. Des experts en communication estiment que ce format pourrait atteindre 10 % des foyers israéliens dans les six premiers mois, en exploitant la curiosité pour les perspectives alternatives dans un pays où 70 % de la population suit les actualités quotidiennement. Téhéran, conscient des contre-feux, intègre des éléments de « soft power » : promotion de la poésie perse traduite en hébreu ou d’échanges artistiques virtuels, pour masquer la ligne éditoriale anti-sioniste.

Ce n’est pas la première incursion de l’Iran dans l’espace médiatique israélien. Dès 2010, des radios pirates en hébreu avaient été détectées aux frontières, et en 2022, une app de « nouvelles objectives » avait été bannie du Google Play local après avoir cumulé 50 000 téléchargements. Mais cette chaîne marque une escalade : approuvée au plus haut niveau, elle bénéficie d’un financement étatique opaque et d’une infrastructure technique avancée, incluant des serveurs délocalisés pour contourner les blocages du ministère israélien des Communications. À Téhéran, des studios dédiés à Netanya ou Tel-Aviv simulent une proximité, avec des décors évoquant des cafés méditerranéens. Le Conseil suprême du cyberspace, organe clé du régime, justifie ce projet comme un rempart contre la « propagande hostile », dans un pays où 80 % des médias sont censurés et où l’IRIB diffuse quotidiennement des milliers d’heures de contenu idéologique.

Pour Israël, la riposte est à la hauteur. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié cette initiative de « manipulation grossière » lors d’une allocution le 4 novembre 2025, promettant des mesures cyber pour neutraliser la diffusion. Des campagnes de sensibilisation publiques, via l’Unité 8200, alertent sur les risques de deepfakes en hébreu, tandis que des alliances avec Meta et YouTube visent à signaler les contenus iraniens. Pourtant, le défi est profond : dans une société fracturée par les débats sur la justice et la sécurité, semer la confusion peut amplifier les fissures. L’Iran, affaibli militairement par des sanctions et des frappes américaines sur ses installations nucléaires en 2025, mise sur ces outils asymétriques pour ronger la cohésion adverse.

Au final, cette chaîne n’est qu’un épisode d’une confrontation plus vaste, où les pixels valent des balles. Téhéran, maître en duplicité, transforme la culture en cheval de Troie, rappelant que la vraie victoire se joue dans les esprits avant les champs de bataille. Israël, vigilant, devra redoubler d’ingéniosité pour préserver sa narrative, dans un écho des ondes qui traversent la mer Morte.

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