L’Iran entend saper les prochaines élections israéliennes

L’Iran prévoit de saper les prochaines élections israéliennes

Il ne s’agit plus de savoir si l’Iran envisage d’interférer dans les élections israéliennes, mais d’une hypothèse de travail. L’Iran devrait exploiter le scrutin à venir en Israël pour exacerber les divisions internes et déstabiliser le pays, une menace sérieuse à laquelle Israël n’est pas préparé.

par Danny Citrinowicz

Ces dernières années, et plus particulièrement depuis le 7 octobre, l’Iran a lancé de multiples opérations d’influence visant la société israélienne. Son objectif stratégique est de déstabiliser le système politique israélien afin d’affaiblir la société israélienne elle-même. Pour ce faire, Téhéran exploite un vaste réseau de fausses identités en ligne sur de nombreuses plateformes de médias sociaux. Ces profils constituent des outils efficaces pour diffuser de la désinformation et promouvoir les objectifs du régime iranien.

Si l’on tire les leçons de l’élection de 2022, lors de laquelle l’Iran s’est impliqué dans diverses tentatives d’influence, et compte tenu de la compréhension qu’a Téhéran de l’importance du scrutin à venir, il faut supposer que des ingérences iraniennes auront lieu avant, pendant et après l’élection.

L’Iran mettra à profit la vaste expérience acquise au fil des années grâce à son interaction directe avec le discours israélien en ligne, utilisant cette familiarité pour affiner et améliorer ses campagnes d’influence avant le jour des élections.

L’analyse des tentatives précédentes de l’Iran, notamment lors du dernier cycle électoral, montre clairement que Téhéran n’a aucune intention d’attendre le jour du scrutin. L’Iran cherchera vraisemblablement à perturber l’« alignement préélectoral » du système politique parmi les électeurs juifs et arabes, afin de façonner l’organisation politique intérieure et de promouvoir son objectif stratégique de chaos politique.

Cela servirait alors de préparation au jour du scrutin. L’Iran devrait mobiliser des réseaux occultes au sein de certaines communautés en ligne afin de diffuser de fausses informations et de la désinformation destinées à perturber le bon déroulement des élections. Ceci préparerait le terrain pour une troisième phase : la contestation des résultats après l’élection.

Le modèle américain

L’ingérence de l’Iran dans l’élection présidentielle américaine de 2020 en est un exemple pertinent. Des agents iraniens ont utilisé le nom du mouvement d’extrême droite Proud Boys pour intimider des électeurs potentiels et les dissuader de voter, cherchant ainsi à perturber le processus électoral aux États-Unis. L’Iran pourrait reproduire ce schéma en Israël en tentant une série d’actions visant à porter atteinte à l’intégrité de l’élection.

Un autre point important à prendre en compte est la possibilité que l’Iran utilise ses ressources en ligne pour persuader des individus, que ce soit par usurpation d’identité politique ou par incitations financières, de mener des actions non seulement dans le cyberespace mais aussi dans le monde physique, le tout dans le but de nuire au processus électoral en Israël.

L’expérience passée montre que l’Iran est devenu très efficace pour recruter, en Israël, des individus agissant pour son compte, sciemment ou non. Téhéran tire parti de sa connaissance approfondie de la société israélienne pour faciliter ce recrutement.

Massoud Pezeshkian, président de l’Iran. Photo : Reuters

De récentes révélations indiquent que l’appareil d’influence iranien bénéficie de ressources considérables de la part du régime. Des dizaines d’agents travaillent au sein d’unités spéciales des Gardiens de la révolution dont la seule mission est de mener des campagnes d’influence non seulement en Israël, mais aussi aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il est fort probable que certains d’entre eux préparent déjà leurs opérations en vue des élections israéliennes.

Pour contrer ces tentatives et garantir l’intégrité du scrutin, les autorités israéliennes compétentes doivent se préparer à d’éventuelles opérations d’influence iraniennes visant spécifiquement les élections. Il est essentiel de comprendre que des préparatifs sont déjà en cours ou sur le point de commencer.

L’objectif principal doit être d’identifier tous les moyens iraniens déployés, en cours de déploiement ou qui seront déployés pour influencer les prochaines élections. Ce ne sera pas chose aisée. L’Iran a considérablement perfectionné ses méthodes ces dernières années et conçoit désormais ses moyens de manière à ce qu’ils soient distincts les uns des autres, ce qui les rend plus difficiles à détecter.

Un autre défi, connexe, réside dans le recours probable à l’intelligence artificielle par le régime iranien pour renforcer la crédibilité de ces sources. L’Iran pourrait même utiliser des influenceurs israéliens, manipulés à leur insu, pour amplifier son contenu. Parallèlement, les unités cybernétiques iraniennes devraient coopérer avec des équipes d’opérations d’influence afin d’inonder les réseaux sociaux d’informations obtenues grâce à des piratages planifiés de sites web israéliens, le tout dans le but de perturber le processus électoral.

Au-delà des agences gouvernementales israéliennes, les organisations de la société civile jouent également un rôle essentiel. Ces groupes doivent œuvrer quotidiennement pour préserver les échanges en ligne de toute manipulation étrangère. La collaboration entre les instances gouvernementales et les observateurs expérimentés de la société civile, capables d’identifier les activités suspectes sur les réseaux sociaux, renforcera considérablement la capacité d’Israël à détecter et à contrer l’ingérence iranienne.

Il s’agit d’un défi de taille, comme en témoignent les succès mitigés d’Israël ces dernières années dans la lutte contre les opérations d’influence iraniennes. Compte tenu des dommages potentiels que l’Iran peut causer, il est crucial d’investir les ressources nécessaires pour contrer ces efforts. La capacité de l’Iran à nuire au processus électoral israélien ne doit pas être sous-estimée.

JForum.fr avec ILH

Photo : Getty Images/iStockphoto, Hartzi Shapira

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