Pendant des décennies, Israël s’est maintenu au firmament du secteur des diamants. Ce dernier assurait à lui seul jusqu’à 20 % des exportations du pays. Mais cette position, un moment hégémonique, n’est plus qu’un souvenir. Depuis quelques années, Dubaï et, dans une moindre mesure, l’Inde ont pris les devants.
Pour couronner le tout, la Bourse du diamant installée à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv, connaît un sérieux coup de blues, après deux années successives déjà noires. Donald Trump a, en effet, annoncé une taxe de 10 % sur les importations de diamants aux Etats-Unis.
Le coup est d’autant plus douloureux que le marché américain représente à lui seul 60 % des exportations de pierres brutes et taillées en provenance d’Israël. Malgré tout, Nissim Zuaretz, président de la Bourse du diamant, se veut optimiste et parie sur une nouvelle génération pour remonter la pente et retrouver le lustre d’antan. Il fait également pression sur le gouvernement pour qu’il tente de convaincre le président américain de renoncer à son projet. Une mission, qui ne s’annonce pas de tout repos.
Israël n’a conservé son avantage que pour la qualité des pierres taillées dans de multiples ateliers disséminés autour de la Bourse. Pour le reste, en revanche, l’heure est plutôt au déclin. Comme le rappelle Globes, un quotidien économique israélien, les chiffres sont éloquents et inquiétants. Il y a quelques années, le chiffre d’affaires de la profession en Israël culminait à 20 milliards de dollars par an, alors qu’il était limité à 2 milliards pour Dubaï. Désormais, l’émirat affiche des ventes de 20 milliards de dollars, tandis que l’Etat hébreu a reculé à 7-8 milliards.
Autre contre-performance : les exportations de pierres brutes et taillées ont respectivement chuté de 24 et 36 % l’an dernier en raison notamment des tensions provoquées par la guerre dans la bande de Gaza.
L’inexorable montée en force de Dubaï s’explique par l’ouverture d’une zone de libre-échange pour le marché des diamants, des taxes réduites, une législation minimale et l’encouragement du gouvernement. Autant d’avantages, qui ont attiré des 25.000 entreprises, dont plus de 90 % sont d’origine étrangère, au point que des professionnels israéliens se sont eux-mêmes laissés tenter en s’installant dans ce qui apparaît comme un nouvel Eldorado.
Pour le président de la Bourse du diamant, le gouvernement israélien – contrairement aux autorités de Dubaï – ne soutient pas à fond l’industrie du diamant. Il milite ardemment auprès du ministère des Finances en vue d’établir la création d’une zone de libre-échange, ce qui constitue selon lui « une question de vie ou de mort » pour la profession.
Nissim Zuaretz mise aussi sur une nouvelle génération de diamantaires. Le droit d’entrée à la Bourse du diamant a été réduit de moitié, à 15.000 dollars, ce qui a permis à une cinquantaine de nouveaux venus d’entrer dans ce club fermé en l’espace de trois mois. Une autre tendance de la profession est de ne plus se contenter de polir des diamants pour les exporter, mais de développer l’autre bout de la chaîne en ouvrant des joailleries. Un important point de vente de diamants va ainsi être ouvert au public dans une tour de la Bourse pour attirer des clients. Nissim Zuaretz a lui même opté pour cette stratégie. Il dispose d’une joaillerie à Miami dont la clientèle comprend, selon lui, Ivanka Trump ou Kim Kardashian notamment.
Les diamants n’ont pas qu’une importance économique pour Israël. Ils sont en effet susceptibles de faciliter des rapprochements que la diplomatie traditionnelle ne permet pas ouvertement.
Un exemple : en février, malgré la guerre dans la bande de Gaza, une délégation de diamantaires israéliens a participé officiellement pour la première fois à un congrès professionnel au Qatar, alors que ce pays n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. De même, l’Afrique du Sud, qui a pris des positions en flèche contre Israël depuis le début du conflit à Gaza contre le Hamas, n’a pas cessé ses fournitures de pierres brutes.
Enfin, Israël qui cultive volontiers son image de « start-up nation » mise sur la « high-tech » en développant l’utilisation professionnelle de l’intelligence artificielle pour faciliter la coupe des diamants sans perte ou sous forme de logiciels permettant de distinguer une pierre naturelle d’un diamant synthétique.
Source : Les Echos (copyright)
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