Libération des camps; Le grand rabbin Lau à la Knesset

Libération des camps ; Le grand rabbin Lau à la Knesset

L’unité face au mal

Mercredi, la Knesset a accueilli un moment fort en émotion à travers la cérémonie « Le voyage de sa vie – De Buchenwald à Jérusalem ». À l’occasion des 80 ans de la chute du Troisième Reich, l’ancien grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yisrael Meir Lau, a partagé son récit bouleversant de survivant de la Shoah. Son message central : seule une union authentique des peuples et des nations peut vaincre les forces du mal.

Devant un parterre composé de ministres, de députés et de soldats du bataillon religieux « Netzah Yehuda », le rabbin Lau a livré un témoignage poignant sur sa libération du camp de concentration de Buchenwald. Il a raconté comment, enfant, il s’était caché parmi les cadavres durant les derniers jours du camp, jusqu’à ce qu’un soldat soviétique, Feodor Mikhaïlichenko, le découvre et lui sauve la vie. Le nom de ce soldat est aujourd’hui inscrit à Yad Vashem, en hommage à son acte.

Dans son discours, le rabbin a insisté sur le fait que la chute du nazisme n’a été rendue possible que par la coopération de nombreuses forces alliées. Il a notamment souligné le rôle décisif de l’Union soviétique, dont les pertes humaines, incluant environ 250 000 soldats juifs au sein de l’Armée rouge, furent immenses. Il a également exprimé sa reconnaissance envers les États-Unis, la Grande-Bretagne, et tous les pays qui se sont dressés contre la barbarie nazie.

L’événement avait été organisé à l’initiative de plusieurs parlementaires, dont Boaz Bismuth, Yosef Taieb, Yitzhak Pindrus, Avi Maoz et Yevgeny Sova. La cérémonie a rassemblé des élus de divers horizons politiques, réunis autour de la mémoire, du devoir de vigilance et de la solidarité. Le chantre Avi Miller y a entonné une prière pour la protection des soldats israéliens et le retour des otages, enlevés lors des récents conflits.

Le député Yosef Taieb a ouvert la séance en soulignant que l’idéologie nazie n’a pas totalement disparu. Selon lui, elle persiste sous d’autres formes, comme en témoignent certains événements contemporains. Il a notamment cité l’attaque du Hamas survenue durant la fête de Sim’hat Torah, qu’il considère comme une résurgence du même antisémitisme meurtrier. Il a également évoqué les craintes de nombreux Juifs européens à afficher leur identité, ainsi que la glorification, dans certains pays, de figures ayant collaboré avec les nazis.

Israël a d’ailleurs protesté à plusieurs reprises contre la désignation de rues ou de monuments en hommage à des collaborateurs du régime nazi, notamment en Ukraine ou dans les États baltes. Ces faits, souvent ignorés dans le débat public occidental, nourrissent une vigilance constante du gouvernement israélien vis-à-vis de la mémoire historique.

Au cours de la cérémonie, le rabbin Lau a également salué l’engagement du philanthrope German Zakharyayev, à l’origine du « Jour de libération et de sauvetage » dans le calendrier hébraïque. Cette journée spéciale est marquée chaque année par des prières au Mur occidental, et mobilise diverses personnalités publiques autour de la mémoire des libérations des camps et de la fin de la Shoah.

L’événement s’est achevé sur une note profondément spirituelle avec l’interprétation de « Ani Ma’amin » (« Je crois »), un chant emblématique composé dans les wagons qui menaient les Juifs à Treblinka. Cette mélodie, issue d’un texte de foi rédigé par le hassid de Modzitz Azriel David Fastag, est devenue un symbole de l’espérance juive face à l’horreur. Elle résonne encore aujourd’hui comme un écho de courage et de croyance inébranlable.

À travers son discours, le rabbin Lau a transmis un message de mémoire, mais aussi d’unité. Pour lui, la lutte contre le mal — hier incarné par le nazisme, aujourd’hui par des formes modernes d’antisémitisme ou de fanatisme — doit toujours passer par une cohésion des peuples épris de justice. L’histoire de Buchenwald, tragique et salvatrice à la fois, demeure un rappel puissant de ce que la solidarité peut accomplir face à la haine.

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