« Selon des sources du renseignement, la formation aurait perdu environ 70% de ses capacités », affirme l’expert militaire Riad Kahwaji.
Le Hezbollah, que le gouvernement s’est engagé à désarmer d’ici fin 2025, disposait d’un arsenal impressionnant mais qui a été en grande partie détruit durant sa dernière guerre avec Israël, dont il est sorti très affaibli. L’AFP fait le point sur les ressources militaires de la formation pro-iranienne, qui restent ciblées par des frappes israéliennes quasi quotidiennes et dont les caches d’armes au sud du Litani sont régulièrement mises au jour.
Jeudi notamment, la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul) avait annoncé avoir découvert un « réseau de tunnels » et des centaines d’armes dans la région de Naqoura (Tyr). En juin, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a déclaré que l’armée libanaise avait démantelé « plus de 500 positions militaires et dépôts d’armes » dans le sud du pays, conformément à l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024.
« Lourdement dégradé »
Lorsque le parti chiite armé et financé par l’Iran a ouvert le front du sud du Liban contre Israël au début de la guerre à Gaza, le 8 octobre 2023, il disposait d’un large éventail de roquettes d’artillerie non guidées et de missiles balistiques, anti-aériens, antichars et antinavires, selon les experts. Seule formation libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, le Hezbollah avait considérablement développé ses capacités militaires après sa précédente guerre avec Israël en 2006.
Pour mémoire
Drones, roquettes, missiles : ce que l’on sait sur l’arsenal du Hezbollah
Mais selon l’expert militaire Riad Kahwaji, « l’arsenal du mouvement a été lourdement dégradé », à la fois par le dernier conflit, qui a tourné à deux mois de guerre ouverte à l’automne 2024, « et par les frappes israéliennes répétées visant ses dépôts d’armes ». « Selon les renseignements disponibles, il a perdu une grande partie de son arsenal lourd, notamment ses missiles longue portée », a-t-il précisé à l’AFP. « Selon des sources du renseignement, le Hezbollah aurait perdu environ 70% de ses capacités ».
Approvisionnement et tunnels
La chute en décembre de l’ancien président syrien Bachar el-Assad, son principal allié, a coupé ses routes d’approvisionnement, deuxième coup dur. Peu après l’arrivée des nouvelles autorités islamistes, le chef du Hezbollah, Naïm Kassem, a reconnu que la chute d’Assad privait son mouvement de toute fourniture militaire via la Syrie. Les nouvelles autorités syriennes ont annoncé à plusieurs reprises avoir déjoué des tentatives de contrebande d’armes vers le Liban.
Selon M. Kahwaji, la capacité du Hezbollah « à reconstituer son potentiel militaire » a ainsi été « fortement limitée ». « Le Hezbollah tente toutefois de produire certaines armes localement. Il dispose d’ateliers sur le territoire libanais, où sont notamment fabriquées des roquettes de type Katioucha ». Selon des experts, le groupe possédait avant la guerre environ 150 000 roquettes.
Depuis le cessez-le-feu, plusieurs responsables de sécurité ont indiqué que l’armée libanaise avait « comblé et scellé de nombreux tunnels » creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d’Israël. L’armée israélienne a annoncé avoir frappé à plusieurs reprises des entrées de tunnels.
Drones
L’ancien chef du parti, Hassan Nasrallah, assassiné par Israël en septembre, avait indiqué que le mouvement disposait d’un grand nombre de drones, intensivement utilisés lors de la dernière guerre, car il en fabrique une partie, en plus de ceux fournis par l’Iran. Selon M. Kahwaji, l’armée libanaise a récemment intercepté un conteneur transportant des pièces détachées de petits drones à destination du Hezbollah, « preuve que le mouvement cherche clairement à développer cette capacité ». Selon un responsable proche des négociations, le Hezbollah n’a pas écarté la possibilité de renoncer à ses armes lourdes, mais a insisté pour garder ses drones et missiles antichars kornet.
Effectifs
En 2021, le Hezbollah revendiquait quelque 100 000 combattants. L’Institut international pour les études stratégiques (IISS) en comptait moitié moins. Depuis, les frappes israéliennes menées pendant le dernier conflit ont décimé la direction du parti et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.
En septembre, le service israélien de renseignement extérieur, Mossad, avait stupéfié le monde avec une attaque aux bipeurs explosifs contre des membres du Hezbollah, faisant 39 morts et des milliers de blessés, dont un grand nombre de civils, selon les autorités libanaises. La poursuite des frappes israéliennes malgré le cessez-le-feu de fin novembre a fait, selon le décompte de L’Orient-Le Jour, basé sur des chiffres de l’ONU et du ministère de la Santé, au moins 293 morts.
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