Le Hezbollah qui combat les principes et les valeurs démocratiques et les médias jouent le jeu
Léna Gaber
Dans son récent discours, le secrétaire général du Hezbollah, Naim Qassem, a exigé qu’Israël respecte l’accord de cessez-le-feu et se retire du sud du Liban d’ici le 18 février. Il a présenté cette situation comme une question de « souveraineté nationale » et a condamné tout retard comme « une mise en œuvre des exigences de l’occupation ». Les principaux médias, dont Voice of America , France 24 , ABC News et Reuters, ont repris ses déclarations sans trop y prêter attention.
Ces informations font suite aux récits d’une femme tuée et de plusieurs autres blessées alors qu’elles tentaient de regagner leurs villages le dimanche 16 février, soit deux jours avant la date limite de retrait. Voice of America, dans le tout dernier paragraphe de son rapport (où moins de lecteurs sont susceptibles de le lire), a mentionné que l’armée libanaise avait en fait averti les citoyens de ne pas pénétrer dans les zones où ses troupes n’étaient pas encore déployées. Aucun de ces médias n’a repris le compte-rendu de l’armée israélienne, qui a déclaré avoir tiré des coups de semonce après avoir repéré des individus non identifiés se rassemblant dans une zone militaire.
Le cadre de ces reportages est sans équivoque: des civils tentent de rentrer chez eux, mais sont tués et blessés par les forces d’occupation prêtes à violer les accords internationaux. Pendant ce temps, le Hezbollah, le défenseur supposé du peuple, invoque la « souveraineté ». Tout cela s’inscrit parfaitement dans un récit conçu pour susciter la sympathie des lecteurs occidentaux, ce qui permet de distinguer facilement le bien du mal.
Mais la réalité est la suivante: le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste aux États-Unis, dans une grande partie de l’Europe et dans de nombreux pays arabes, ne lutte pas pour une véritable souveraineté ou une indépendance nationale. Quiconque connaît son histoire sait que le Hezbollah exploite ces concepts pour justifier son propre contrôle armé sur le Liban, tout cela avec le soutien du régime iranien. Et malgré sa rhétorique sur les accords internationaux, c’est le Hezbollah qui viole systématiquement ces mêmes accords.
Prenons par exemple la résolution 1701 de l’ONU. Signée par le Liban en 2006, elle exigeait que tous les groupes armés du pays désarment, et seules les forces armées libanaises étaient autorisées à posséder des armes. Le Hezbollah ne s’est jamais conformé à cette résolution. Au lieu de cela, il a accumulé un vaste arsenal, faisant passer des armes en contrebande depuis l’Iran via la Syrie. Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah tire des roquettes sur les villes du nord d’Israël presque quotidiennement. En novembre 2024, 45 civils israéliens avaient été tués, plus de 60 000 résidents avaient fui leurs maisons et d’innombrables entreprises et fermes avaient été détruites.
Mais le Hezbollah n’est pas le seul à avoir une mémoire sélective en matière d’accords internationaux. L’ONU a largement ignoré les violations flagrantes de la résolution 1701 par le Hezbollah. Aucune nouvelle résolution n’a été adoptée pour demander au Liban de l’appliquer. Pendant ce temps, depuis l’entrée de l’armée israélienne à Gaza en octobre 2023, les médias occidentaux ont méticuleusement couvert les opérations militaires israéliennes. Les attaques à la roquette quasi quotidiennes du Hezbollah, qui ont forcé des millions d’Israéliens à se réfugier dans des abris, ont été reléguées aux notes de bas de page – si elles sont mentionnées. Après tout, les médias s’intéressent bien moins aux victimes de « l’oppresseur ».
Et que signifie exactement la « souveraineté » du Hezbollah ? En Europe, la souveraineté nationale est considérée comme l’expression de la volonté du peuple, et non comme la capacité des milices armées à imposer leur loi. Qassem lui-même a clairement exprimé la position du Hezbollah :
« Le problème n’est pas que les autorités libanaises assurent la sécurité des civils dans un moment difficile », a déclaré Qassem. « Le problème est qu’il s’agit de la mise en œuvre d’un ordre israélien. Nous sommes confrontés à un véritable problème. Où est la souveraineté nationale ? Sommes-nous des employés d’Israël, appliquant les exigences de l’occupation ? »
En d’autres termes, le Hezbollah considère la protection des civils comme une concession à Israël. Il ne s’agit pas de souveraineté, mais de contrôle. L’autorité du Hezbollah repose sur la peur, et les médias occidentaux, que ce soit par omission ou par cadrage, continuent de lui fournir une couverture.
Lena Gaber est une journaliste indépendante spécialisée en sciences politiques et sociales. Ses articles ont été publiés dans Haaretz, The Jerusalem Post, The Times of Israel, Meduza, Republic et d’autres médias.
JForum.fr avec HonestReporting
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