Liban ; La FINUL abat un drone israélien

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Liban : des soldats de la FINUL ont abattu un drone israélien

Incident rarissime au Sud-Liban : des soldats de la FINUL ont neutralisé — et selon l’armée israélienne, abattu — un drone de reconnaissance de Tsahal au-dessus de Kfar Kila, en face de Metoula. La mission onusienne affirme que l’aéronef a survolé sa patrouille de manière « agressive », justifiant des « contre-mesures défensives ». L’armée israélienne rétorque que l’appareil effectuait une observation de routine et ne représentait aucune menace. Dans la foulée, un second drone israélien a largué une grenade à proximité de la zone de chute, geste que Tsahal présente comme destiné à empêcher des curieux de s’emparer de débris sensibles. La FINUL soutient en outre qu’un char israélien a tiré vers ses Casques bleus ; l’armée nie toute mise en joue de la patrouille et indique enquêter via les canaux de liaison.

Ce face-à-face illustre un glissement préoccupant : la force onusienne, conçue pour observer, se retrouve emportée par la dynamique tactique d’un théâtre saturé de drones, de capteurs et d’interceptions au ras de la Ligne bleue. Surtout, l’épisode survient après d’autres incidents au cours des dernières semaines : à deux reprises en septembre puis début octobre, la FINUL a accusé des drones israéliens d’avoir largué des grenades à proximité de ses équipes ; un observateur a été légèrement blessé. Israël a alors parlé d’opérations de dispersion visant des activités du Hezbollah, tout en promettant des vérifications. Ces frictions répétées accroissent mécaniquement le risque de méprise ou de dérapage létal.

L’arrière-plan est politique autant que militaire. Le Conseil de sécurité a renouvelé en août le mandat de la FINUL pour la « dernière » fois jusqu’au 31 décembre 2026, avec un retrait ordonné sur l’année suivante. Cette trajectoire reflète une double réalité : d’un côté, le Liban insiste sur le rôle tampon de la mission ; de l’autre, Israël juge depuis des années que la FINUL n’a pas empêché le Hezbollah de reconstruire une infrastructure armée au contact de la frontière. Dans ce contexte, le moindre incident prend une dimension stratégique : il teste la robustesse des mécanismes de déconfliction et la capacité des acteurs à éviter l’engrenage.

Parallèlement, le front libanais reste actif. Dimanche, des frappes israéliennes ont visé Naqoura, sur la côte sud, et la région de Baalbek, dans la plaine de la Bekaa ; le ministère libanais de la Santé a fait état de trois morts. Tsahal affirme cibler des cadres opérationnels du Hezbollah et des capacités logistiques, prolongeant une campagne de précision entamée de longue date. Ce tempo nourrit la thèse israélienne selon laquelle la dissuasion n’est pas encore restaurée au nord et exige des frappes ciblées, tout en alimentant côté libanais les accusations de violations de la trêve et de la résolution 1701.

Que change l’abattage du drone ? D’abord, il rappelle que la FINUL n’est pas passive : ses règles d’engagement autorisent des mesures de protection immédiate de ses personnels. Ensuite, il met en lumière une zone grise : dans un ciel saturé, distinguer un survol « hostile » d’une mission de routine est délicat ; or, l’interprétation de ces micro-gestes peut déclencher une chaîne d’actions-réactions. Enfin, il pose une question de fond : la sécurité des Casques bleus dépend autant de la discipline tactique des forces en présence que de la clarté du mandat et des canaux de coordination avec Tsahal et l’armée libanaise.

Côté israélien, l’enjeu est existentiel : empêcher le Hezbollah de reconstituer un arc offensif en bordure immédiate. L’aviation et les drones y jouent un rôle central — surveillance de courte portée, neutralisation rapide, interdiction de récupération de matériel sensible. Côté FINUL, la priorité est la protection de ses unités et la liberté de mouvement prévue par 1701. À défaut d’accord politique global, la seule manière de contenir le risque est d’industrialiser la déconfliction : procédures standardisées pour les survols, géofencing d’alerte autour des patrouilles, balises d’identification électroniques, et échanges en temps quasi réel entre la cellule de liaison de Naqoura, Tsahal et les Forces armées libanaises.

Au total, l’incident de Kfar Kila n’est pas « un accident de plus » : c’est un signal faible d’un théâtre où chaque survol et chaque munition rôde au bord d’un malentendu stratégique. Si la FINUL doit sortir par le haut de son mandat, et si Israël veut réduire l’espace d’action du Hezbollah sans collision avec l’ONU, c’est la qualité des garde-fous tactiques, plus que la rhétorique, qui fera la différence.

La sécurité des citoyens d’Israël impose de neutraliser la menace du Hezbollah et d’empêcher sa réimplantation au contact de la frontière. Cela suppose des opérations de précision et des mécanismes de déconfliction encore plus stricts avec la FINUL pour éviter toute bavure. En combinant fermeté opérationnelle et coordination rigoureuse avec l’ONU et l’armée libanaise, Israël défend son droit souverain à la sécurité tout en réduisant les risques d’escalade — la seule voie réaliste pour stabiliser durablement le nord.

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