Une telle initiative permettrait de faire d’une pierre deux coups : neutraliser l’influence des partis orthodoxes, et peut être aussi provoquer le départ des formations de la droite nationaliste

L’annonce, dimanche, de la formation d’une coalition alternative, regroupant l’ensemble des partis d’opposition pour protester contre la loi sur la conscription des élèves des yéchivot, n’est pas passée inaperçue. Il est en effet peu courant de voir toutes ces formations politiques trouver un dénominateur commun, si ce n’est bien sûr leur aversion farouche envers le Premier ministre Benyamin Netanyahou…!
Il faut le reconnaître : l’opposition est dans son rôle lorsqu’elle dénonce ce projet de loi que s’apprête à présenter le président de la Commission des Affaires étrangères et de la défense, le député Likoud Boaz Bismuth. Et pour cause : il s’agit d’un texte bien plus conciliant que celui qu’avait soumis Yuli Edelstein aux partis orthodoxes il y a quelques mois. Tellement conciliant, d’ailleurs, qu’il fait grincer les dents de certains députés du Likoud, qui estiment qu’il ne répond pas aux besoins réels de l’armée israélienne et que Netanyahou commet une erreur stratégique en acceptant de se soumettre aux diktats des formations orthodoxes. .
Pourtant, l’histoire politique d’Israël a prouvé que des revirements spectaculaires étaient toujours possibles. Supposons, par exemple, qu’au lendemain d’élections législatives, l’actuelle opposition ne puisse disposer d’une majorité parlementaire qu’avec le soutien des partis orthodoxes. Les observateurs israéliens sont prêts à parier que, dans un tel cas de figure, ces mêmes formations déploieraient alors des efforts considérables pour séduire les partis orthodoxes et les convaincre de rejoindre leur coalition.
Personne n’a oublié que Benny Gantz avait déclaré, dans le passé que, dans un tel scénario, il serait prêt à « signer un chèque en blanc » aux partis orthodoxes. Il ne fait aucun doute que, dans ce cas, les partis de gauche et du centre laïcs sauraient trouver l’argumentaire idéal pour justifier une telle alliance : « le bien de la Nation », « la fin du pouvoir de Netanyahou », « la beauté d’un monde orthodoxe garant du patrimoine juif », etc. Bref, pour ces partis, la fin justifierait les moyens — y compris, donc, la prolongation d’une dispense de service militaire pour tous les élèves des yéchivot qui le souhaiteraient.
Voilà pourquoi, si ces formations de l’opposition souhaitent réellement que les jeunes orthodoxes s’enrôlent au plus vite dans Tsahal, elles n’ont qu’une seule option : ravaler leur rancœur obsessionnelle envers Benyamin Netanyahou et lui proposer la formation d’un gouvernement d’union nationale qu’il dirigerait pendant un an. Durant cet intervalle, ce gouvernement aurait pour mission de faire voter une loi sur l’enrôlement répondant véritablement aux besoins sécuritaires de Tsahal.
Une telle initiative permettrait de faire d’une pierre deux coups : neutraliser l’influence des partis orthodoxes, et peut être aussi provoquer le départ des formations de la droite nationaliste (Force juive d’Itamar Ben Gvir et Sionisme religieux de Bezalel Smotrich). C’est le prix à payer pour ramener les partis orthodoxes vers des positions plus réalistes et espérer enfin régler ce dossier explosif de l’enrôlement des élèves des yéchivot, qui empoisonne depuis trop longtemps le climat social en Israël.
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