L’histoire juive marquée par Tisha BeAv

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L’histoire sombre de Tisha BeAv dans la mémoire juive

Les coutumes de deuil de Tisha BeAv trouvent leurs origines principalement dans la destruction des Premier et Second Temples. Mais l’histoire juive est marquée par de nombreuses autres tragédies survenues à cette date.

par Mendy Shapiro 

Certains jours du calendrier juif sont vécus avec larmes. Tisha BeAv, le Jour de la Destruction, est devenu au fil des siècles un jour marqué par le deuil et le souvenir, un deuil national mêlé à un espoir durable. La tradition rabbinique identifie cinq catastrophes survenues à cette date. Mais l’histoire révèle que le neuvième jour du mois hébreu d’Av est devenu, à maintes reprises, le symbole des calamités juives.

Voici un rappel de ce qui est arrivé au peuple juif à cette date à travers les âges :

Le péché des espions

Le premier événement cité par les sages est le décret divin annonçant la mort dans le désert de la génération de l’Exode, suite au péché des explorateurs. Selon la tradition rabbinique, la nuit de Tisha BeAv, les Israélites pleurèrent, craignant de ne jamais entrer en Terre promise. Dieu répondit : « Vous avez pleuré pour rien, je ferai de ce jour un jour de pleurs pour les générations à venir. » Ce fut la première source de tristesse juive collective liée à cette date.

La destruction du Premier Temple

Le Premier Temple, construit par le roi Salomon, fut détruit à Tisha BeAv en 422 av. J.-C. (selon la tradition juive) par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Cela marqua la fin de la période initiale de souveraineté juive en Terre d’Israël et le début de l’exil babylonien. Cette destruction fut perçue à la fois comme une catastrophe nationale et une crise théologique.

La destruction du Second Temple

Environ 650 ans plus tard, à Tisha BeAv en l’an 70 de notre ère, les Romains détruisirent le Second Temple suite à la Grande Révolte. Le général romain Titus dirigea les légions qui écrasèrent l’indépendance juive retrouvée. Cette destruction est l’événement central commémoré par le jeûne actuel, et le deuil juif de ce jour en a préservé le souvenir pendant près de deux millénaires.

בית המקדש השני בירושלים במאה ה-1 לפני הספירה (אילוסטרציית AI), המחשה - מידג'רניLe Second Temple de Jérusalem au Ier siècle avant J.-C. (illustration générée par IA). Photo : Illustration – Midjourney

La chute de Beitar

Lors de la révolte de Bar Kochba, environ 65 ans après la destruction du Second Temple, la ville de Beitar, dernier bastion des rebelles juifs, tomba également le jour de Tisha BeAv, selon des sources rabbiniques. Maïmonide écrivit que la croyance de beaucoup en Bar Kochba comme Messie se transforma en une cruelle déception. Environ 800 000 Juifs furent tués, réduits en esclavage ou exilés. La révolte se solda par un échec cuisant.

Le labourage de Jérusalem

Selon Maïmonide, le jour de Tisha BeAv, le commandant romain Turnus Rufus laboura le mont du Temple et tout Jérusalem. Cet acte fut considéré comme l’accomplissement littéral de la prophétie biblique selon laquelle « Sion sera labourée comme un champ ». Les Romains reconstruisirent la ville en une colonie païenne appelée Aelia Capitolina et érigèrent un temple idolâtre à la place du temple juif. Ce labour symbolisait une tentative brutale d’effacer l’identité juive de Jérusalem.

Expulsion d’Angleterre

Le jour de Tisha BeAv 1290, le roi Édouard Ier ordonna à tous les Juifs de quitter l’Angleterre – la première expulsion juive à grande échelle dans l’Europe médiévale. Leurs biens furent confisqués, et tout Juif restant risquait d’être exécuté. L’édit resta en vigueur pendant plus de 350 ans.

Expulsion de France

Seize ans plus tard, le 10 avril 1306, le roi Philippe IV de France expulsa les Juifs de son royaume. Environ 100 000 Juifs furent déracinés, leurs synagogues et leurs biens saisis par la couronne.

Expulsion d’Espagne

À la fin du 8 avril 1492, le délai imparti aux Juifs pour quitter l’Espagne, conformément au décret de l’Alhambra, expira. Ce fut la fin de siècles de vie juive florissante en Espagne. De nombreux Juifs furent contraints de se convertir au christianisme, tandis que d’autres quittèrent leur patrie. L’expulsion des Espagnols est considérée comme l’une des plus grandes tragédies de la diaspora juive.

גירוש ספרד, 1492 , Getty ImagesExpulsion d’Espagne, 1492. Photo : Getty Images

Début de la Première Guerre mondiale

Le jour de Tisha BeAv 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la Russie, déclenchant ainsi la Première Guerre mondiale. Environ 1,5 million de Juifs servirent dans les armées des nations belligérantes. Entre 140 000 et 170 000 soldats juifs furent tués, dont 100 000 dans la seule armée russe.

Les soldats juifs se retrouvaient souvent dans des camps opposés sur le champ de bataille. En Europe de l’Est notamment, les Juifs étaient arrêtés ou accusés d’espionnage, contraints de prouver leur loyauté à des régimes en constante évolution. Après la révolution bolchevique, la situation s’aggrava. Rabbins et dirigeants juifs furent persécutés sous le communisme, et des communautés juives entières furent déplacées.

Les accusations antisémites se sont multipliées. Certains ont accusé les Juifs d’avoir déclenché la guerre. L’industriel américain Henry Ford s’est même rendu en Europe pour affirmer que la guerre était motivée par des intérêts financiers juifs et qu’elle devait être immédiatement interrompue.

Dans la Russie tsariste, les Juifs de Galicie furent faussement accusés d’aider l’Autriche, ce qui déclencha pillages et meurtres dans les villes situées le long de la retraite. La fin de la guerre apporta de nouveaux bouleversements : en Allemagne, les Juifs furent accusés par l’extrême droite d’avoir trahi leur pays ; en Russie et dans les États voisins, ils furent accusés de s’opposer aux bolcheviks.

On estime que 100 000 Juifs furent assassinés lors des pogroms d’après-guerre, lors des campagnes antibolcheviques en Ukraine, en Russie et en Pologne. Ces violences déclenchèrent une migration juive massive vers les États-Unis, notamment à New York. La guerre fut perçue comme le début d’une dérive qui aboutit finalement à l’Holocauste.

Approbation de la solution finale

Le jour de Tisha BeAv 1941, Heinrich Himmler approuva une note d’Hermann Göring ordonnant l’élaboration d’un plan de Solution finale – l’extermination systématique des Juifs d’Europe. De là, le chemin vers Auschwitz et le plus grand traumatisme de l’humanité du XXe siècle fut court.

Déportations de l’Holocauste de Varsovie et de Paris

Du 7 au 9 avril 1942, des déportations massives du ghetto de Varsovie vers le camp d’extermination de Treblinka eurent lieu. Des milliers de familles furent déchirées, leurs destins scellés. Au même moment, en France, le régime de Vichy raflait plus de 13 000 Juifs de Paris et les déportait vers des camps de concentration.

Fidèles à Tisha BeAv au Mur occidental, Jérusalem, Israël (Photo : Oren Ben Hakoon)
Source: ILH
JForum.fr

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