La fin de la guerre à Gaza pourrait marquer le redémarrage de l’économie israélienne ; la relance de la production et des investissements améliorera le niveau et la qualité de vie des Israéliens.
Après deux années de guerre multifronts, l’heure de la relance économique est venue ; Israël dispose de bons atouts qui favoriseront une reprise de l’économie, grâce notamment à un boom attendu des exportations et de la consommation des ménages.
Par ailleurs, le rôle de l’État sera décisif pour dynamiser l’économie ; le gouvernement israélien devra agir rapidement et fermement pour redonner confiance aux investisseurs et créer des emplois plus nombreux et plus productifs.
Facteurs de croissance
Les deux années de guerre n’ont pas affaibli la résilience de l’économie israélienne ; en octobre 2025, celle-ci dispose d’au moins cinq facteurs de croissance qui vont permettre un redémarrage rapide de l’activité :
- un secteur technologique performant,
- un chômage bas (3 % de la population active),
- des réserves en devises fortes (232 milliards de dollars),
- un système bancaire solide et rentable,
- une politique monétaire stable et responsable menée par la banque centrale.
Dans l’immédiat, ces atouts devraient permettre une baisse des taux d’intérêt et un ralentissement de l’inflation ; autant de raisons de voir le pouvoir d’achat des Israéliens s’améliorer rapidement.
Défis à relever
Toujours est-il que pour garantir un redémarrage économique stable, des facteurs de croissance, aussi solides soient-ils, ne suffisent pas. Le pays devra aussi relever cinq défis qui pèseront sur sa croissance future s’ils ne sont pas rapidement résolus :
- l’insertion sociale des harédim qui passe par une augmentation de leur taux d’emploi et leur recrutement à Tsahal ;
- la modernisation des infrastructures du pays, notamment dans les domaines des transport publics, de l’intelligence artificielle et du digital ;
- le poids de la dette extérieure aggravée par le coût de la guerre ;
- une meilleure stabilité sociale qui devrait permettre de surmonter les inégalités croissantes et les tensions institutionnelles ;
- l’incertitude géopolitique quant à l’avenir des relations israélo-palestiniennes.
Ces défis ne pourront être relevés qu’avec un rôle actif de l’État ; la politique gouvernementale devra mettre en valeur les atouts dont le pays dispose pour réduire les incertitudes qui pèsent sur la confiance des acteurs de la vie économique.
Responsabilité de l’État
Si Israël est sorti de la guerre, le pays n’est pas encore sorti de la crise économique. Le vote d’un budget 2026 sera décisif pour s’assurer que les ressources fiscales s’orientent bien vers des dépenses créatrices de richesses et d’emplois.
Le gouvernement devra notamment renoncer aux dépenses politiques qui avaient caractérisé la coalition durant les trois dernières années ; en finançant à outrance les activités des partis religieux et nationalistes, le Trésor public a dû chercher ailleurs des ressources nécessaires pour financer le coût de la guerre, en empruntant à l’étranger et en accroissant considérablement l’endettement extérieur.
En 2026 (et années suivantes), seul un budget de croissance pourra garantir une reprise rapide et continue de l’activité : un budget qui consacrera des fonds importants aux investissements dans les infrastructures, l’éducation et formation professionnelle, tout en luttant contre la cherté de la vie.
Bref, une politique publique à la hauteur des attentes des Israéliens qui ont payé le prix élevé de la guerre et qui ont droit aujourd’hui d’en retirer des bénéfices.
à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
La source de cet article se trouve sur ce site

