Qualifier La France insoumise de « passionnément antisémite » n’excède pas les limites de la liberté d’expression. Cela participe du « débat d’intérêt général », a jugé jeudi le tribunal correctionnel de Paris. Les juges ont relaxé en conséquence le philosophe Raphaël Enthoven du délit d’injure et débouté le parti mélenchoniste.
« La France insoumise est un mouvement détestable, violent, complotiste, passionnément antisémite. » Le 1er mai 2024, dans un message publié sur X, Raphaël Enthoven s’en était vigoureusement pris au parti de la gauche radicale. Il réagissait à l’exfiltration de Raphaël Glucksmann d’un cortège à Saint-Etienne, sous des jets de peinture et de canettes.
« Ils sont tellement cons »
LFI avait déposé plainte contre le tweet de Raphaël Enthoven, lui réclamant 10.000 euros de dommages et intérêts, relevant deux autres passages qu’elle considérait comme injurieux : « Ils sont tellement cons » et « On n’en peut plus, de ce club de déficients ». Le tribunal a débouté le parti de l’ensemble de ses demandes.
Lors de l’audience le 23 septembre, Raphaël Enthoven avait fait l’exégèse de chacun de ses mots, écrits « sous la colère ». Antisémites ? « Quand Jean-Luc Mélenchon présente le peuple juif comme déicide », « j’estime qu’on est antisémite », avait développé l’essayiste. Le triple candidat malheureux à la présidentielle avait expliqué en 2020 ne pas savoir « si Jésus était sur la croix, mais, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes qui l’y ont mis ».
« C’est une opinion, ce n’est pas un délit »
Passionnément ? « Parce qu’ils sont convaincus de ne pas l’être », « mais on peut être aisément antisémite à l’abri de la loi », avait encore estimé Raphaël Enthoven, en développant l’idée d’un « antisémitisme d’atmosphère ». Illustré, selon lui, par David Guiraud, député LFI, lorsqu’il évoque les « dragons célestes », ou par un visuel publié sur les réseaux sociaux par plusieurs personnalités insoumises ciblant l’animateur Cyril Hanouna « sous les traits du juif Süss ».
Jean-Luc Mélenchon avait encore qualifié le député PS Jérôme Guedj de « lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs », lui reprochant de « s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions ». « Salopard antisémite », lui avait répondu l’intéressé.
« Ce sont donc toutes ces polémiques antérieures que le message reprend à son compte, en s’inscrivant ce faisant dans le débat d’intérêt général », a fait valoir le tribunal correctionnel, en considérant que les propos du philosophe « n’ont pas excédé les limites admissibles de la liberté d’expression ».
Notre dossier sur La France insoumise
« La France insoumise est un mouvement antisémite, passionnément antisémite. C’est même le premier parti antisémite de France. Et le dire est un élément du débat. Désormais, c’est ainsi, c’est une opinion. Ce n’est pas un délit », a réagi Raphaël Enthoven après l’énoncé du jugement de relaxe.
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