LFI parvient à faire annuler deux soirées Israéliennes
Deux soirées caritatives destinées à soutenir des vétérans israéliens ont été annulées en France après plusieurs jours de controverses et d’appels à l’interdiction. Prévus à Marseille puis à Neuilly-sur-Seine, ces rendez-vous de collecte de fonds de l’association Beit Halochem devaient réunir donateurs, témoins et blessés de guerre venus d’Israël. Face à une tension croissante et à des risques évoqués pour l’ordre public, la décision de renoncer est finalement tombée, au grand soulagement des opposants et à la déception des organisateurs, qui insistaient sur la vocation strictement humanitaire de l’initiative.
L’étincelle est venue d’une mobilisation politique et militante. Le député LFI Thomas Portes a écrit au ministre de l’Intérieur pour demander l’interdiction des événements, accusant les soirées de « promouvoir » des soldats impliqués dans la guerre à Gaza. Sur les réseaux sociaux, des collectifs ont annoncé des rassemblements de protestation, durcissant encore le climat. Dans ce contexte, la priorité donnée à la sécurité — des participants comme des lieux — a pesé lourd. Les organisateurs expliquent que l’annulation a été décidée à la lumière d’alertes et de signaux de risque, tout en regrettant que la pression de rue prenne le pas sur la liberté d’association et l’objet social d’un gala de levée de fonds.
Pour comprendre l’ampleur de la déception côté pro-événement, il faut rappeler ce qu’est Beit Halochem. Née en 1949, dans le sillage de la guerre d’indépendance, l’organisation fédère quatre grands centres de réhabilitation en Israël — Tel-Aviv, Haïfa, Jérusalem et Beer Sheva — et accompagne, sur le long terme, des dizaines de milliers de blessés de guerre et leurs familles. On y propose des soins de rééducation (physio, hydrothérapie), un suivi psychotrauma, du sport adapté, des ateliers d’insertion et un lieu de vie structurant. En France, des antennes amies organisent des tournées de témoignages et des galas dont le produit finance équipements, thérapies et programmes éducatifs dans ces centres.
Le cœur du différend en France ne portait donc pas sur la réalité des besoins — incontestables pour quiconque a côtoyé la rééducation lourde — mais sur une lecture politique de l’événement. Pour les opposants, il s’agissait d’une « normalisation » d’une armée engagée dans un conflit où les civils palestiniens paient un tribut tragique. Pour les défenseurs, c’était au contraire un geste de solidarité envers des blessés qui, une fois démobilisés, luttent pour retrouver autonomie et dignité. La collision entre ces deux perceptions, surdéterminée par la guerre et les passions qu’elle suscite en Europe, a rendu l’espace du compromis étroit.
Sur le plan pratique, les soirées figuraient à l’agenda local avec dates, lieux et formats clairement annoncés. Des personnalités de l’association avaient communiqué en amont, y compris sur des canaux publics, afin de mobiliser les donateurs. La bascule s’est opérée lorsque la perspective de contre-manifestations a fait planer l’incertitude sur la sécurité du public et sur la capacité des organisateurs à garantir un déroulement serein. Dans un pays où l’autorité préfectorale peut limiter un rassemblement au nom de l’ordre public, la « prudence active » — annuler avant que la décision ne tombe ou qu’un incident ne survienne — est devenue la sortie la moins risquée.
Cette séquence pose deux questions. D’abord, celle de la proportionnalité : où placer le curseur entre liberté d’association et prévention des troubles, quand l’objet est caritatif mais politiquement inflammable ? Ensuite, celle du débat public : peut-on, sans invectives, distinguer l’aide à des blessés — quel que soit le jugement porté sur la stratégie d’un gouvernement — du soutien à une politique militaire ? En évacuant les galas, on n’évacue ni les besoins des blessés ni les crispations françaises autour du conflit ; on se contente de différer le débat dans un contexte plus calme.
Pour Israël, la réhabilitation de ses blessés n’est ni un luxe ni un slogan : c’est une obligation morale envers ceux qui ont servi et une condition de résilience nationale. Soutenir des centres de soins, de rééducation et de reconstruction de vies, c’est investir dans la dignité humaine et dans la stabilité d’une démocratie sous menace. Que la discussion politique se poursuive — c’est sain —, mais qu’elle ne fasse pas oublier l’essentiel : aider les blessés, c’est choisir la vie, et cela devrait rester possible partout, y compris en France.
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