L’ex-espion Pollard promet une doctrine « Israël d’abord »
L’histoire de Jonathan Pollard, ex-analyste du renseignement devenu espion pour Israël, a toujours tenu du roman noir : arrestation, condamnation à une lourde peine aux États-Unis et libération partielle après des décennies d’emprisonnement. Aujourd’hui installé en Israël, Pollard a annoncé son intention de se présenter aux prochaines élections à la Knesset, soit au sein d’un parti partageant ses vues, soit en candidat indépendant.
Sa démarche politique s’appuie sur une plateforme en dix points qu’il expose publiquement. Au cœur de son programme : la priorité à la sécurité, la volonté d’une autosuffisance militaire renforcée et l’abandon de la contrainte de « proportionnalité » dans les ripostes, au profit d’une logique de « victoire totale ». Pollard appelle aussi à des mesures préventives plus agressives et à la création de zones tampons ou à l’annexion de territoires perçus comme stratégiques.
Parmi les éléments les plus frappants de son projet figure l’appel à reconnaître et à assumer publiquement l’existence d’un arsenal nucléaire israélien, en faisant entendre que sa crédibilité suppose la mise en place d’une doctrine d’emploi dissuasive crédible. Sur ce point, Pollard estime que la seule détention, sans volonté affichée d’envisager leur emploi, affaiblit l’effet dissuasif. Ce positionnement, volontiers provocateur, soulève immédiatement des questions éthiques, stratégiques et juridiques qui dépassent la simple tactique électorale.
Sur le volet sociétal et militaire intérieur, Pollard préconise un service national généralisé (militaire ou civique) assorti de sanctions administratives pour les refus, ainsi qu’une revalorisation du statut et de la rémunération des réservistes. Il promet également d’améliorer l’équipement des forces et d’instaurer une politique de soutien matériel aux familles des soldats, éléments qu’il présente comme essentiels pour restaurer la confiance de la nation dans sa capacité à vaincre et à prévenir de nouveaux « 7 octobre ».
La proposition d’annexion et le rejet affiché de la proportionnalité dans l’emploi de la force marquent une rupture nette avec certaines doctrines militaires et diplomatiques récentes. Pollard justifie ces positions par la nécessité, selon lui, d’éliminer définitivement les menaces et de créer des conditions géopolitiques où Israël ne serait plus vulnérable aux attaques transfrontalières. Ses positions provoquent déjà des réticences chez des observateurs qui redoutent une escalade régionale et une plus grande polarisation internationale.
Sur le plan politique, la candidature de Pollard interroge : symbole pour certains — héros ayant souffert pour Israël —, polémique pour d’autres en raison de son passé et de ses propositions radicales, il pourrait polariser davantage les débats nationaux sur la sécurité, le droit international et le rôle de l’armée. Son arrivée sur la scène électorale s’inscrit aussi dans un paysage politique israélien déjà tendu, où les questions de sécurité et de gouvernement font l’objet d’un clivage profond.
En résumé, la candidature de Jonathan Pollard mêle récit personnel, posture sécuritaire extrême et programme de transformations profondes. Qu’elle trouve un écho significatif dans les urnes ou qu’elle reste marginale, elle a d’ores et déjà déplacé le débat public sur l’équilibre entre sécurité, morale et viabilité politique à long terme.
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