L’Eurovision est-elle sur le point de s’autodétruire

L’Eurovision est-elle sur le point de s’autodétruire en cédant aux boycotts anti-israéliens ?

Rachel O’Donoghue

Points clés à retenir :

Le concours Eurovision de la chanson menacé – Les boycotts de l’Irlande, de l’Espagne, des Pays-Bas et d’autres pays politisent directement une compétition censée s’élever au-dessus de la politique.
L’UER hésite – Les rapports faisant état de pressions exercées sur Israël pour qu’il se retire ou se produise sous un drapeau neutre mettent en danger les règles et la crédibilité du concours.
Un précédent dangereux : une fois qu’Israël est désigné, n’importe quel pays pourrait être ciblé, transformant l’Eurovision en une plateforme d’intimidation politique plutôt que musicale.

Le concours venait à peine de se terminer en Suisse que la campagne visant à exclure Israël de l’Eurovision de l’année prochaine était déjà lancée.

Depuis plus de 50 ans, Israël participe au plus grand concours culturel du monde. Mais aujourd’hui, des radiodiffuseurs d’Irlande, d’Espagne et des Pays-Bas se sont joints à une poignée d’autres pays, dont l’Islande et la Slovénie, pour exiger que l’Union européenne de radio-télévision (UER) exclue Israël. Si leur ultimatum est ignoré, ils menacent de boycotter l’édition 2026.

La dernière en date est venue de la chaîne de télévision néerlandaise AVROTROS, qui a invoqué « les souffrances humaines persistantes et graves à Gaza » pour justifier son retrait. « Notre participation… ne sera pas possible tant qu’Israël restera admis », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle reviendrait volontiers si Israël était expulsé.

Cela viole directement le principe le plus fondamental de l’Eurovision : l’apolitique du concours. Le règlement de l’UER interdit explicitement toute politisation ou instrumentalisation de l’événement. Les seuls pays exclus sont la Russie et la Biélorussie, exclues après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la suspension de leurs radiodiffuseurs nationaux de l’UER. Israël, en revanche, est un radiodiffuseur membre à part entière et en règle.

Dans un premier temps, l’UER a fait preuve de détermination. Son directeur, Martin Green, a souligné que chaque radiodiffuseur devait décider lui-même de sa participation et a déclaré que l’organisation gérerait les tensions géopolitiques tout en préservant l’intégrité du concours. Les radiodiffuseurs ont jusqu’à la mi-décembre pour confirmer leur participation à Vienne.

Mais aujourd’hui, des rapports suggèrent que l’UER pourrait faire marche arrière, laissant entendre à la radiotélévision publique israélienne Kan qu’elle pourrait se retirer volontairement ou se produire sous un « drapeau neutre » pour éviter l’expulsion. Kan a refusé à juste titre.

Israël a déjà été confronté à des campagnes de boycott, des militants pro-palestiniens ayant organisé des manifestations bruyantes lors de l’Eurovision à Malmö en 2024 et à Bâle cette année . Mais si l’UER cède maintenant à la pression, les dégâts dépasseront largement la participation d’un seul pays.

L’Eurovision ne sera plus une célébration de la musique et de la culture au-dessus de la politique. Elle deviendra une nouvelle scène de boycotts et d’intimidations politisés. Et une fois le principe de neutralité disparu, aucun pays n’est à l’abri. Aujourd’hui, c’est Israël. Demain, tout radiodiffuseur confronté à une controverse politique pourrait être le prochain.

Si l’Eurovision cède, le concours perd ce qui fait son importance : sa capacité à unir les publics au-delà des frontières par la musique, et non par la politique.

Source: HonestReporting 

Crédit image : Le concours Eurovision de la chanson appelle au boycott d’Israël Crédit :
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Née à Londres, en Angleterre, Rachel O’Donoghue s’est installée en Israël en avril 2021 après avoir travaillé pendant cinq ans pour divers journaux nationaux au Royaume-Uni. Elle a étudié le droit à l’Université de droit de Londres et obtenu un master en journalisme multimédia à l’Université du Kent.

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