Les USA font pression pour libérer les terroristes retranchés dans les tunnels
Craignant l’escalade, Washington presse, Jérusalem calcule
Depuis quelques jours, Washington pousse discrètement Israël à envisager un « passage sécurisé » pour environ 100 à 200 membres du Hamas retranchés dans un réseau de tunnels du secteur de Rafah, du côté israélien de la « Ligne jaune ». L’argument américain : neutraliser un foyer de friction susceptible de faire capoter le cessez-le-feu en vigueur et, à terme, tester un mécanisme de désengagement des combattants contre leur désarmement. Côté israélien, la réponse est plus conditionnelle : aucune discussion sérieuse n’aura lieu tant que la dépouille du lieutenant Hadar Goldin, tombé en 2014 lors de l’opération Bordure protectrice, ne sera pas restituée.
Dans l’intervalle, les échanges entre Jérusalem et Washington se poursuivent par les canaux politico-sécuritaires habituels. Les partisans d’un arrangement mettent en avant un calcul froid : si ces combattants, coincés derrière la Ligne jaune, déposent les armes et quittent les tunnels vers une zone sous contrôle du Hamas, on réduit un risque de reprise immédiate des hostilités. Les opposants, eux, redoutent un précédent dangereux : permettre à des terroristes de s’exfiltrer sans reddition complète ni transparence sur les réseaux souterrains pourrait être perçu comme une concession stratégique et miner l’effet dissuasif israélien.
Le Caire a, dit-on, fait circuler une variante : remise des armes sous supervision égyptienne, obligation de fournir la cartographie précise des tunnels pour destruction ultérieure, puis passage vers un secteur gazaoui non contrôlé par Tsahal. Ce « compromis technique » vise à transformer un nœud tactique en opportunité de démantèlement des infrastructures. Il ne règle pas, cependant, le cœur du contentieux israélien : le lien explicite entre tout geste humanitaire ou sécuritaire et la restitution des dépouilles de soldats.
Sur ce point, le dossier Goldin pèse lourd. Israël a démontré cette année qu’il pouvait récupérer des corps de soldats en zone ennemie, mais exige désormais que le Hamas livre formellement les dépouilles encore retenues. Ces derniers jours, des sources médiatiques ont évoqué des fouilles à Rafah et des indices laissant penser que des restes attribués à Goldin pourraient avoir été localisés. Aucune confirmation officielle n’a, à ce stade, dissipé l’incertitude — et Jérusalem maintient sa condition préalable.
Le tableau se complexifie encore avec les signaux contradictoires en provenance de Rafah. Des récits locaux non vérifiés évoquent des tensions entre les combattants piégés et le haut commandement de la branche militaire du Hamas, accusé de les avoir laissés derrière les lignes. Même si ces informations restent à manier avec prudence, des analyses indépendantes confirment que la chaîne de commandement — aujourd’hui associée au nom d’Izz ad-Din al-Haddad — fonctionne de manière dégradée, avec des communications lacunaires, surtout depuis l’entrée en vigueur de la trêve.
Politiquement, l’équation israélienne est serrée. Toute décision sur un couloir sécurisé devra rassembler une majorité nette au sein de la coalition, soucieuse d’éviter l’image d’un « laissez-passer » offert à des terroristes. Stratégie et symbole se télescopent : d’un côté, l’intérêt opérationnel de vider des tunnels sans combattre ; de l’autre, l’impératif de ne pas éroder la doctrine de fermeté. À ce stade, aucune décision n’est actée. Mais une constante demeure : sans avancée concrète sur la restitution de la dépouille d’Hadar Goldin, Jérusalem ne prendra pas le risque d’un précédent qui pourrait redéfinir la ligne de conduite face au Hamas.
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