Les Réservistes secouent le paysage politique israélien
Yoaz Hendel, ancien ministre de centre-droit, vient d’officialiser la création d’un parti politique baptisé HaMilouimnikim (en hébreu « Les Réservistes »), qui sera sur les listes aux prochaines élections de la Knesset. Cette formation rassemble des réservistes de Tsahal, leurs familles, des soldats blessés, des familles endeuillées ainsi que des citoyens volontaires. Elle entend représenter un segment de la société israélienne marqué par l’engagement militaire et ses conséquences personnelles.
Le parti ne se définit pas par rapport aux traditionnels clivages politiques, mais par des principes. Selon Hendel, HaMilouimnikim vise à remettre en question ce qu’il considère comme les lacunes du système politique, notamment les manquements révélés lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Le communiqué du parti affirme que ceux responsables de ce jour-là doivent rendre des comptes, tandis que ceux qui ont effectivement assumé des responsabilités depuis devraient occuper les positions de pouvoir, pour diriger le pays de façon effective.
Parmi les propositions concrètes du programme figurent la mise en place d’un « gouvernement sioniste », le service militaire pour tous, y compris une application stricte des obligations de réserve, et la création d’une commission d’enquête indépendante sur les événements tragiques du 7 octobre. Ces demandes marquent une rupture avec le refus de l’actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu de lancer une enquête officielle approfondie, notamment du fait de la situation de guerre sur de multiples fronts.
Yoaz Hendel lui-même occupe un rôle central : anciennement affilié au Likud, puis dans le parti Kakhol Lavan, il a navigué entre plusieurs formations avant de s’éloigner de la scène politique active. Il est commandant de bataillon dans les réserves de Tsahal, ce qui confère à sa nouvelle formation une gravité symbolique forte, mais aussi une crédibilité sur les questions de défense et de sécurité.
Le nouveau parti a été officiellement enregistré et entend constituer une force modératrice ou de rupture selon les circonstances. Hendel n’exclut pas une alliance avec le Likud, mais précise que HaMilouimnikim « traitera des principes, non des boycotts politiques ». L’idée est de se positionner entre les blocs traditionnels, sans adhérer automatiquement à l’opposition ni à la coalition gouvernementale, mais en imposant certaines réformes exigées par leur base.
Un sondage récent indique que si les élections législatives avaient lieu désormais, HaMilouimnikim obtiendrait environ six sièges sur les 120 de la Knesset. Ce taux le placerait comme une force intermédiaire potentiellement décisive pour la formation d’un gouvernement. Dans le passé, d’autres enquêtes avaient estimé légèrement plus haut (jusqu’à huit sièges), selon les scénarios politiques proposés.
L’apparition de ce parti survient dans un contexte de mécontentement populaire lié aux conséquences de l’attaque du 7 octobre : critiques sur la préparation, sur la gestion de la sécurité nationale, sur les pertes humaines. Le discours de Hendel tire parti de ce climat pour proposer une alternative qui ne soit pas simplement un réplique des partis existants, mais qui se revendique comme représentative de ceux qui ont servi, souffert, ou perdu des proches.
Au-delà du discours, HaMilouimnikim entend peser sur des enjeux clés : la réforme de la réserve militaire, la responsabilité des dirigeants lors de crises majeures, et l’exigence de transparence politique. Certains électeurs pourraient être séduits par cette promesse de renouveau, surtout parmi ceux touchés directement par le conflit ou par ceux estimant que le gouvernement actuel a échoué sur plusieurs fronts.
Ainsi, en s’appuyant sur une base sociale et militaire forte, et sur une critique publique de la responsabilité gouvernementale, Yoaz Hendel propose avec HaMilouimnikim une refonte possible du panorama politique israélien, caractérisé jusqu’à présent par des blocs bien installés. Le parti devra toutefois prouver sa capacité à transformer ses promesses en actions concrètes, notamment en cas d’implication dans une coalition ou de pression sur le gouvernement.
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