Les profits insolents affichés par plusieurs firmes israéliennes en 2024.

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Les profits insolents affichés par plusieurs firmes israéliennes en 2024 se sont traduits par un endettement croissant de l’Israélien qui consomme à crédit.

Les bilans financiers ne révèlent pas seulement que les grandes entreprises israéliennes n’ont pas été handicapées par une année de guerre ; elles en ont même tiré profit en affichant des bénéfices record, sur le dos et le portefeuille du consommateur.

En fait, presque aucun secteur ou branche de l’activité d’Israël n’a ignoré le boom des ventes et des profits : la distribution, l’alimentation, l’habillement, les centres commerciaux, la banque, l’assurance, l’immobilier, etc…

Profits record

Certes, la consommation des ménages s’est relativement bien tenue durant 2024 ; elle a connu une hausse réelle de 3,7% sur toute l’année, notamment grâce à un sursaut au dernier trimestre.

Avec une inflation annuelle de 3,2%, on aurait dû s’attendre logiquement à une hausse du chiffre d’affaires des producteurs et commerçants d’environ 7%, soit le même ordre de grandeur que la hausse (corrigée par l’inflation) des dépenses des ménages.

Un coup d’œil dans les bilans financiers déposés à la bourse de Tel Aviv renseigne sur les profits engrangés par les grandes firmes israéliennes en 2024, par exemple :

  • la compagnie aérienne El Al a réalisé un chiffre d’affaires de 3,4 milliards de dollars soit 37% de plus en un an, et un profit net de 545 millions de dollars, soit 4,7 fois plus qu’en 2023 ;
  • les cinq grandes banques ont réalisé un profit de 30 milliards de shekels, soit 17% de plus qu’en 2023 ;
  • les cinq grandes chaînes de distribution ont réalisé un profit de 1,9 milliard de shekels, soit 58% de plus qu’en 2023 ;
  • les cinq grandes compagnies d’assurance ont réalisé un profit de 6,4 milliards de shekels, soit 97% de plus qu’en 2023 ;
  • les trois grandes sociétés de crédit ont réalisé un chiffre d’affaires de 563 milliards de shekels, soit 12% de plus qu’en 2023.

La valse des étiquettes qui s’est poursuivie en temps de guerre est une des raisons du profit record des grandes firmes. Il s’agit souvent de monopoles dans leur secteur d’activité, ce qui leur permet de fixer des prix exagérés sans pour autant dissuader le consommateur d’acheter.

Endettement record

Dans le contexte de guerre actuelle, on est en droit de se demander comment le consommateur israélien – déjà handicapé par la hausse des impôts et taxes, la fermeture de nombreux commerces, des pertes de revenu et la baisse de son pouvoir d’achat – fait face à la hausse démesurée de ses dépenses.

La réponse se trouve dans le Rapport 2024 de la Banque d’Israël qui vient d’être publié : on y lit à la page 88 (en hébreu) qu’à la fin 2024, les ménages israéliens étaient endettés à hauteur de 845 milliards de shekels ou 210 milliards d’euros. Leur dette a augmenté de 52 milliards de shekels dans le courant de 2024, une hausse de 7% par rapport à 2023.

Autrement dit, les ménages israéliens ont financé leur consommation à crédit (immobilier compris). Durant une année de conflits militaires et tensions politiques, ils se sont endettés davantage pour garder un minimum de normalité dans leur vie quotidienne.

Pour le plus grand profit des entreprises qui ont flairé une bonne occasion de s’enrichir, et de leurs patrons qui se sont attribués des dividendes généreux. Pourquoi s’en priver ?…

A propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

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