Les porte-avions américains rentrent chez eux

Offensive navale contre les Houthis

L’USS Truman et la campagne contre les Houthis : une démonstration de puissance américaine en mer Rouge

Le porte-avions américain USS Harry S. Truman, récemment de retour aux États-Unis, laisse derrière lui une campagne militaire marquante menée au large des côtes du Yémen. Engagé dans une opération de plusieurs mois contre les Houthis – un groupe armé soutenu par l’Iran – le Truman et son groupe d’attaque ont exécuté ce qui est présenté par certains hauts responsables militaires comme la plus grande série de frappes aériennes jamais lancée depuis un porte-avions.

Selon les chiffres rapportés par Stars and Stripes, le Truman a réalisé 670 frappes et intercepté près de 160 drones et missiles ennemis durant son déploiement en mer Rouge. Le capitaine Christopher “Chowdah” Hill, à la tête du bâtiment, a salué ces résultats sur les réseaux sociaux, les qualifiant de records opérationnels.

Une intensification des opérations américaines
Cette mission navale s’est déroulée dans un contexte de tensions croissantes dans la région, avec des attaques régulières des Houthis contre les navires commerciaux et militaires circulant dans les eaux stratégiques de la mer Rouge. Le vice-amiral James Kilby, chef intérimaire des opérations navales américaines, a souligné l’importance de rester vigilant face à ces groupes :

« Ils ne sont pas la Chine, mais ils représentent une menace concrète et poursuivent nos navires. Ne pas les sous-estimer est crucial. »
Le Truman, initialement envoyé pour des exercices de l’OTAN en mer du Nord à l’automne dernier, a vu son déploiement prolongé à plusieurs reprises par le Pentagone, en raison de la persistance des hostilités menées par les Houthis. À partir du 14 décembre, le bâtiment a pris le relais de l’USS Abraham Lincoln pour mener des opérations quotidiennes visant à neutraliser la menace houthie.

La campagne « Prosperity Guardian » : une réponse multiforme
Les États-Unis n’ont pas limité leur réponse aux seuls moyens militaires. Dès décembre 2023, ils ont lancé l’opération Prosperity Guardian, une initiative multinationale destinée à sécuriser les routes commerciales dans la région. Cette campagne, mêlant frappes ciblées et pressions diplomatiques, visait à dissuader les attaques sur les navires civils, en particulier ceux transitant vers Israël ou affiliés à des intérêts occidentaux.

Malgré l’intensité des opérations, les résultats restent mitigés. Une campagne de bombardements intensifs, entamée le 15 mars et achevée le 6 mai, n’a pas permis de mettre un terme aux attaques. Les Houthis continuent notamment de viser le territoire israélien à l’aide de missiles balistiques, mettant en lumière les limites d’une stratégie exclusivement militaire face à un acteur irrégulier bien ancré localement.

Autres théâtres d’intervention : la Somalie
Parallèlement aux opérations en mer Rouge, le groupe d’attaque du Truman a aussi été mobilisé pour des frappes contre des positions de l’État islamique en Somalie. Le groupe djihadiste y disposerait encore d’un effectif significatif, estimé à environ 1 500 combattants. Cette implication démontre la polyvalence des porte-avions américains, capables d’intervenir simultanément sur plusieurs fronts en Afrique et au Moyen-Orient.

Une mission dans la continuité stratégique américaine
La marine américaine, forte d’une flotte de plus de 300 navires et de 11 porte-avions – répartis entre les classes Nimitz et Gerald R. Ford – continue d’incarner la puissance navale dominante sur la scène internationale. L’engagement du Truman s’inscrit dans cette logique historique, qui remonte à l’émergence des États-Unis comme force maritime majeure au XXe siècle, succédant progressivement à la Royal Navy britannique.

La protection de la liberté de navigation, notamment dans des zones critiques comme le détroit de Bab el-Mandeb ou le canal de Suez, demeure un pilier de la doctrine américaine. Les efforts déployés contre les Houthis traduisent cette volonté de garantir un accès sûr aux voies commerciales mondiales, malgré des adversaires de plus en plus habiles dans l’usage des technologies asymétriques, telles que les drones et les missiles à longue portée.

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