Les points de conflit entre Gallant et Netanyahu

Yoav Gallant et Benjamin Netanyahu : une relation politique mouvementée aux conséquences stratégiques pour Israël

La relation entre Yoav Gallant, ancien ministre de la Défense, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, s’est développée dans un climat de collaboration mêlé de tensions. Cette dynamique complexe, qui a évolué au fil des années, a marqué le mandat de Gallant et a finalement abouti à son limogeage. Se connaissant de longue date, les deux hommes avaient déjà envisagé de collaborer de façon plus étroite en 2010, lorsque Netanyahu avait tenté de nommer Gallant au poste de chef d’état-major. Cette nomination n’ayant pas abouti, c’est finalement en 2022, dans le cadre de la formation d’un nouveau gouvernement, que Gallant est nommé ministre de la Défense, avec la mission de renforcer la sécurité d’Israël. Mais dès les premiers mois de son mandat, la relation entre les deux responsables se tend.

Le premier désaccord survient rapidement autour de la question de la « révolution juridique », une réforme controversée au sein du gouvernement israélien. Gallant exprime une vive opposition, allant jusqu’à déclarer publiquement que cette réforme pourrait porter atteinte à la stabilité sécuritaire du pays en accentuant les divisions sociales et en affaiblissant Tsahal et les organes de sécurité. Cette prise de position pousse Netanyahu à limoger Gallant. Face à des manifestations massives, le Premier ministre revient sur sa décision et réintègre Gallant, mais les tensions entre eux persistent.

Les divergences se multiplient, notamment à propos de la politique de sécurité concernant la bande de Gaza. Gallant critique le manque de stratégie politique de Netanyahu pour l’avenir de Gaza, se prononçant contre une administration militaire dans le territoire. En retour, Netanyahu réplique en affirmant qu’il refuse de voir la bande de Gaza tomber sous le contrôle du Fatah, tout en accusant Gallant de mettre en péril les efforts israéliens en matière de sécurité.

Un autre point de discorde s’ajoute : la loi visant à exempter les ultra-orthodoxes du service militaire. Gallant s’oppose ouvertement à cette exemption, dénonçant l’opportunisme politique en temps de guerre. Ses propos provoquent un nouvel affrontement, avec Netanyahu qui critique sévèrement le ministre, l’accusant de tenir un discours contraire aux intérêts israéliens.

En août, les tensions atteignent leur paroxysme lorsque Netanyahu critique publiquement Gallant après que ce dernier ait qualifié une victoire annoncée de « non-sens ». Le Premier ministre accuse Gallant de compromettre les efforts pour la libération d’otages en ne condamnant pas le chef du Hamas, Yahya Sinwar. La relation se détériore davantage et, en septembre, Netanyahu envisage de remplacer Gallant par Gideon Sa’ar. Le projet échoue en raison de nouvelles attaques au nord, mais Netanyahu continue de marginaliser Gallant dans les discussions sécuritaires.

Finalement, mardi soir, Netanyahu annonce officiellement le limogeage de Gallant après une entrevue expéditive. Dans sa déclaration, le Premier ministre cite une « crise de confiance » comme motif de cette décision, qu’il estime incompatible avec la bonne conduite des affaires sécuritaires. Le ministre Israel Katz est alors désigné pour succéder à Gallant à la tête du ministère de la Défense.

Les affrontements entre Gallant et Netanyahu rappellent que ces rivalités politiques influencent largement les stratégies de sécurité d’Israël. Pour le pays, ces changements constants reflètent non seulement les tensions au sommet de l’État, mais aussi la complexité de concilier sécurité nationale et ambitions politiques. La situation met en lumière les défis posés par une vision stratégique parfois éclatée, au moment même où Israël affronte des menaces de sécurité pressantes.

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