Les mots pour comprendre les enjeux de la COP-30 au Brésil

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Une COP pour les sauver toutes. Du 10 au 21 novembre, 170 pays se réunissent à Belém au Brésil pour la trentième conférence des parties (COP), qui ont signé la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Comme un retour aux sources, car cette dernière avait déjà été adoptée au Brésil, à Rio de Janeiro, en 1992 lors du Sommet de la Terre.

La COP-30 se tient dans un contexte difficile en raison du retrait américain de l’accord de Paris, des attaques contre le multilatéralisme et contre le consensus scientifique sur l’origine humaine du changement climatique. Pour se repérer dans ce marathon de la diplomatie climatique, 20 Minutes a préparé un lexique éclairant les enjeux de cette COP critique.

Les contributions déterminées au niveau national

En anglais, les CDN apparaissent sous l’acronyme NDC. C’est un des instruments capitaux prévu dans l’accord de Paris, qui a dix ans cette année, et qui vise à limiter le réchauffement planétaire « nettement sous les 2 °C », et à mener des actions pour le limiter à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Les 194 parties (moins les Etats-Unis) se sont engagées à établir une feuille de route au niveau national pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets du changement climatique.

Cette contribution est réévaluée tous les cinq ans et doit avoir des objectifs plus ambitieux que la précédente. En 2025, c’est donc une nouvelle version qui doit être présentée. Avant la COP-30, 104 parties signataires de l’accord ont déposé leur CDN détaillant les actions climatiques prévues par les pays jusqu’en 2035. Deux seulement sont comptatibles avec un objectif de réchauffement limité à 1,5°C, selon le site Carbon Tracker, celles du Royaume-Uni et de la Norvège.

Pour Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations Unies, si ces CDN « sont pleinement mises en œuvre, le réchauffement de la planète devrait atteindre 2,3 °C, contre 2,6 °C » précédemment, ce qu’il voit comme « un progrès, mais loin d’être suffisant ». Il alerte sur le fait que le monde « court toujours à l’effondrement climatique » et qu’il faut une politique plus ambitieuse.

La COP « de la mise en œuvre »

La formule est souvent utilisée par la présidence brésilienne pour qualifier sa COP. Pourquoi ? Car les Brésiliens veulent tirer les conclusions du bilan mondial, exercice fait à la COP-28 de Dubaï, et préparer la suite. Il s’agit de faire en sorte que les engagements pris dans les CDN soient traduits en faits et mis en œuvre dans les différents secteurs, en s’appuyant aussi sur la société civile, des élus, des entreprises. Cela prend par exemple la forme d’un agenda de l’action, qui veut soutenir « une réserve de solutions » pour accélérer la mise en œuvre de l’accord de Paris, comme l’a proposé André Aranha Correa do Lago, le diplomate brésilien président de cette COP-30.

Le but, c’est de rendre plus concrète la lutte contre le changement climatique avec des propositions pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030, accélérer la transition énergétique mondiale, et abandonner progressivement les combustibles fossiles, tout en essayant de l’inscrire dans une transition juste socialement. Lula, le président brésilien, l’appelle aussi la « COP de la vérité », elle doit permettre d’évaluer la crédibilité des promesses. Et répondre à l’« ambition gap », soit le gouffre de l’ambition, entre les objectifs de l’accord de Paris et les plans climat très insuffisants pour y répondre.

L’objectif mondial d’adaptation

C’est un des éléments principaux en négociations à Belém. Cet objectif vise à placer l’adaptation au changement climatique, c’est-à-dire les processus pour s’adapter au climat réel ou aux dommages potentiels (ex : déplacer un village en raison de la montée du niveau de la mer, la question de l’assurabilité des logements), au même niveau que l’atténuation, ces politiques permettant de limiter le réchauffement climatique. Si un cadre a été adopté à Dubaï lors de la COP28, il existe de nombreux désaccords sur les indicateurs à prendre en compte pour mesurer les progrès de l’adaptation.

Le Fonds mondial pour la conservation des forêts tropicales

Soit le Tropical Forest Forever Facility (TFFF) en anglais. Cette initiative portée par le Brésil vise à mieux protéger les forêts tropicales, alors que la COP se déroule à Belém, une ville portuaire située à l’embouchure de plusieurs fleuves de l’Amazonie. Ce fonds d’investissement mêlerait contributions publiques et investissements privés, et ses dividendes viendraient financer les pays et communautés autochtones ayant atteint les objectifs de réduction de la déforestation. Le Brésil voudrait que ce fonds atteigne une enveloppe à terme de 125 milliards de dollars. Mais ce fonds suscite des réserves sur son mécanisme. Le ministère de la Transition écologique français explique, de son côté, qu’il « faut encore un peu plus de travail et de discussions techniques avant de pouvoir annoncer un engagement financier ».

La feuille de route de Bakou à Belém

Si Belém est la COP de la mise en œuvre, celle de Bakou, l’année dernière en Azerbaïdjan, avait été appelée la COP de la finance. Elle avait accouché dans la douleur d’une décision de fixer aux pays riches l’obligation de financer au moins 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 pour soutenir la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique des pays en développement. Un montant très insuffisant. Cette feuille de route doit permettre de passer de 300 milliards de dollars à 1.300 milliards, en identifiant les acteurs, les échéances et les mécanismes nécessaires pour y parvenir.

Notre dossier sur le réchauffement climatique

Cela doit répondre au principe des responsabilités communes mais différenciées face au changement climatique, c’est-à-dire que tous les pays doivent contribuer à la préservation de l’environnement, mais la responsabilité historique des pays industrialisés doit être reconnue en finançant plus largement cette transition. « Le Brésil ne veut pas que sa COP soit obnubilée par les questions financières, mais elles vont revenir par la fenêtre, car on ne peut pas parler de mise en œuvre sans financement adéquat », estime Rebecca Thissen, chargée de plaidoyer mondial au Climate Action Network, qui rassemble 2.000 ONG environnementales.

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