Trois jours après l’attaque israélienne contre la direction du Hamas à Doha, et alors que l’incertitude demeure quant au sort des archi-terroristes hébergés par le Qatar, plusieurs conclusions s’imposent.
Tout d’abord, qu’elle soit réussie ou non, cette opération israélienne audacieuse envoie un message clair à tous les pays arabes qui envisagent d’héberger sur leur sol des terroristes palestiniens : Israël a le bras très long et il n’y aura plus d’immunité pour les terroristes, ni pour ceux qui leur offrent le « gîte ».
Dans le même temps, les leaders du Hamas savent désormais qu’il n’existe plus un seul endroit au monde où ils sont protégés. Jusqu’à présent, on considérait que le Qatar disposait d’une immunité diplomatique contre des frappes israéliennes, de par son rôle de médiateur et sa relation étroite avec les Américains. Mais Benyamin Netanyahou considère que cette tolérance a ses limites : ces derniers mois, Doha a abandonné son rôle de médiateur équitable pour se placer résolument aux côtés du Hamas. L’émirat a même, à plusieurs reprises, encouragé le mouvement terroriste à durcir ses positions, torpillant ainsi un accord qui ne servait pas ses intérêts propres.
Par ailleurs, l’opération israélienne de lundi, même si elle a partiellement échoué, a aussi le mérite de rappeler le rôle trouble et sombre que joue le Qatar dans la région. Au cours des dernières années, le richissime émirat a consacré des milliards de dollars à soigner son image d’État philanthrope : en finançant le PSG, en multipliant les donations aux plus prestigieuses universités américaines, en récupérant une partie du patrimoine historique de la France ou d’autres pays européens, et même en volant au secours de personnalités bien placées comme l’émissaire américain Steve Witkoff. Le raid israélien a donc mis en lumière une réalité : le Qatar est avant tout un pays voyou qui soutient le terrorisme le plus abject.
Ce rappel prend d’autant plus de force que, dès le lendemain de l’opération, Benyamin Netanyahou a révélé avoir pris la décision de frapper les chefs du Hamas après s’être rendu sur le lieu de l’attentat de Ramot, qui a coûté la vie à six Israéliens. Le symbole est puissant : alors que le Hamas assassine des civils au cœur de Jérusalem, Israël choisit de frapper chirurgicalement les monstres qui ont orchestré les massacres du 7 octobre. Et même si, cette fois, ils ont échappé à la sentence des armes, ceux-ci savent que, tôt ou tard, ils quitteront ce monde brutalement.
Sur le pan des conséquences diplomatiques, il convient de distinguer la façade des coulisses. Les condamnations unanimes du monde arabe à l’attaque de Doha contrastent en effet avec les propos exprimés en aparté par certaines puissances régionales. Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont dénoncé publiquement l’opération israélienne, mais en coulisses, ils ne sont pas si mécontents. Tous deux redoutent que le Qatar exporte le conflit israélo-palestinien au cœur du Golfe persique. De son côté, l’émirat a vite compris qu’il disposait d’une opportunité-choc pour apparaître, même brièvement, comme un rassembleur des pays arabes modérés autour d’une condamnation commune d’Israël. En d’autres termes, l’hypocrisie bat son plein.
Enfin, même si l’on peut comprendre l’anxiété des familles d’otages après l’opération israélienne à Doha, et même si la solidarité avec leur douleur est évidente, il n’était pas envisageable, lorsque l’occasion s’est présentée, de reporter ou d’annuler une telle opération afin de protéger la vie des otages détenus par le Hamas. La décision prise par le Premier ministre n’avait pas pour objectif de torpiller les négociations sur leur libération, mais répondait avant tout aux impératifs sécuritaires et stratégiques de l’État d’Israël, engagé dans une guerre qu’il considère comme juste contre le plus implacable de ses ennemis.
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