Les israéliens sont-ils devenus plus religieux
Religion juive en Israël
Contrairement à certaines idées reçues, la pratique religieuse des Juifs israéliens n’a pas connu de bouleversements majeurs au cours des dix dernières années. C’est ce que révèle une étude approfondie menée par le Pew Research Center, une institution américaine réputée pour la rigueur de ses enquêtes sociologiques et religieuses. Publié en 2025, le rapport s’appuie sur des données collectées entre 2023 et 2024 dans 36 pays, dont Israël et les États-Unis, les deux seuls ayant un échantillon juif suffisamment représentatif.
L’étude a interrogé 591 personnes juives en Israël, avec des entretiens menés en personne au printemps 2024. À titre de comparaison, une précédente enquête menée entre 2014 et 2015 par le même institut comptait 3 789 répondants juifs israéliens.
Croyances religieuses : des chiffres constants
En 2024, 71 % des Juifs israéliens affirment croire en Dieu, contre 73 % dans l’étude de 2016. La part des non-croyants reste stable à 20 %. L’importance accordée à la religion suit une trajectoire similaire : en 2016, 30 % jugeaient la religion « très importante » dans leur vie, et 26 % « assez importante ». En 2024, ces chiffres s’établissent respectivement à 34 % et 22 %. Les non-croyants, quant à eux, sont passés de 43 % à 44 %. En somme, ces données confirment que la religiosité en Israël demeure relativement stable.
Les données américaines offrent un parallèle intéressant : 57 % des Juifs des États-Unis considèrent la religion comme importante en 2024, contre 55 % en 2016. La variation est minime, là aussi.
Prière et pratiques : une évolution nuancée
Si les croyances globales ne varient guère, certains indicateurs révèlent des transformations dans la manière dont la religion est vécue. La pratique quotidienne de la prière progresse sensiblement en Israël : 29 % des Juifs prient chaque jour en 2025, contre 21 % en 2016. Inversement, ceux qui ne prient jamais sont passés de 50 % à 41 %. Ce changement témoigne d’une réappropriation plus personnelle, voire introspective, de la foi.
Fait notable, Israël est le seul pays de l’étude où les hommes sont plus enclins que les femmes à prier quotidiennement : 40 % des hommes contre 28 % des femmes. Une particularité culturelle qui contraste avec d’autres sociétés où les femmes manifestent souvent une religiosité plus active.
Jeûne et fréquentation des lieux de culte
La tradition du jeûne à Yom Kippour reste bien ancrée. En 2025, 62 % des Juifs israéliens déclarent jeûner pendant les périodes sacrées, un chiffre comparable aux 60 % qui affirmaient jeûner toute la journée en 2016. La fréquentation des synagogues, elle, reste stable : environ un tiers des répondants ne s’y rendent jamais, tandis que 27 % y assistent au moins une fois par semaine.
Un rapport complexe à la spiritualité
Les nouvelles données révèlent une ouverture croissante à des formes de spiritualité alternatives, parfois éloignées du judaïsme traditionnel. En Israël, 58 % des Juifs croient en une vie après la mort, et 42 % en la réincarnation. Aux États-Unis, ces proportions sont respectivement de 38 % et 25 %. Par ailleurs, 67 % des Juifs israéliens et 60 % des Juifs américains estiment qu’un monde spirituel existe au-delà du monde matériel.
Une majorité (64 %) des Juifs israéliens considèrent que les animaux possèdent une essence spirituelle. Ce chiffre tombe à 53 % chez leurs homologues américains. En revanche, la nature inanimée – montagnes, rivières – est moins souvent perçue comme porteuse d’une dimension spirituelle : 28 % en Israël contre 43 % aux États-Unis.
Les croyances ésotériques telles que la magie ou les objets dotés de pouvoir spirituel ne sont pas marginales. Près de 30 % des Juifs israéliens pensent que des sorts ou malédictions peuvent affecter leur vie, et un quart croient que des objets comme les cristaux ou les bijoux peuvent contenir une énergie spirituelle. Ces chiffres sont plus bas aux États-Unis (respectivement 15 % et 23 %), ce qui reflète sans doute des différences culturelles ou générationnelles.
Identité juive : forte stabilité en Israël
Enfin, l’étude de mars 2025 du Pew Center indique que l’identité juive reste profondément enracinée en Israël. Tous les répondants israéliens qui ont été élevés dans le judaïsme continuent de s’identifier comme juifs. Aux États-Unis, près d’un quart des personnes élevées dans cette religion ne s’y reconnaissent plus.
Cette constance souligne l’ancrage fort du judaïsme dans la société israélienne, bien que sa forme varie : entre tradition, sécularisme et spiritualité personnelle. Une réalité plus complexe que les apparences ne le laissent parfois croire.
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