Et alors que la Nation israélienne se redresse et reprend son destin activement en main en rétablissant sa capacité active et dissuasive à se défendre, face au Hezbollah au Liban et en Syrie, et face à l’Iran, qu’il gagne la main mise sur les structures terroristes à Gaza du Hamas et du Djihâd islamique, Israël se laisse redevenir, au travers les sordides négociations avec ceux-ci, avec la complicité des soi-disant médiateurs, en vue de la libération des otages, les purs objets de la jouissance sadique de nos ennemis, subissant le diktat des conditions les plus inhumaines et dangereuses de nos vaincus, sidérés de nouveau face au déshumain, déchirés et pétrifiés de nouveau, réduits à une disposition masochiste et à une culpabilité narcissiques perverses.
Nous avons été pris dans ce rituel devenu autant banalisant que mortifère, et mortifère parce que banalisant, de la remise des otages, sous le sceau de la Croix Rouge, symbole fantomatique de l’hypocrisie et de la complicité universelle, nous défendant de notre passivité et impuissance terrifiantes en discutant répétitivement de leur état apparemment plus ou moins satisfaisant…. Jusqu’à cette livraison cynique des dépouilles des enfants Bibas et de leur mère, dont l’identification du corps qui n’était pas le sien, prouvera si besoin était pour certains, la duplicité, les transgressions absolues de tous les marqueurs et tabous civilisationnels, par les Palestiniens auteurs d’une rupture anthropologique dans l’Histoire de l’Humanité.
Une conversation avec mon ami Éric Danon nous amenait à réfléchir à cette belle pensée devenue slogan « Sauver une vie, c’est sauver l’humanité ». Ce qui nous a amenés à nous pencher sur l’envoi d’un corps « anonyme » à la place de celui de Shiri Bibas, non rentrée avec ses enfants Kfir et Ariel, consciemment ou inconsciemment, acting chargé de l’archaïque palestinien: l’indifférenciation des corps déshumanisante, signifiant évidemment la destruction d’une famille, de la symbolique des liens et des générations, l’effacement d’une filiation, d’une généalogie (d’un Peuple). Mais surtout, cette confusion-indifférenciation entre deux corps maternels parle de ce que j’ai déjà appelé « inceste maternel de mort », renvoyant à cette quête fusionnelle destructrice, ensemble, comme les terroristes se faisant sauter avec leurs victimes, un seul corps. Ceci parle aussi de ce que j’ai évoqué du fantasme de substitution chez les Palestiniens, pas seulement prendre la terre des juifs, mais aussi leur histoire, leurs ancêtres, leurs signifiants, leurs récits. Quoi faire avec des voisins construits de tels paradigmes, avec qui la co-existence est impossible, car irreprésentable pour eux : le « co » est inintégrable. C’est l’un à la place de l’autre, l’existant de l’autre, en tant que tel, l’empêche d’exister, lui qui ne peut exister qu’à la place ou en fusion, ou au « mieux » une relation fut- elle inégale, d’où l’exclusion, l’extermination, la conversion, et/ou l’esclavage et la dhimmitude.
Chagrin, désespoirs absolus, mais aussi réveil, enfin, de la rage. Prise de conscience que le 7 octobre n’était pas l’origine, mais la continuité de multiples meurtres, attentats, exterminations d’enfants, d’adolescents, de femmes, de personnes âgées, de familles entières, dont des bébés dans leurs berceaux, égorgés, massacrés, qui étaient de la même nature génocidaire.
Alors, serait-ce le temps de la reprise d’une réflexion grave et sérieuse, collective sur notre identité de peuple, condition pour retrouver notre capacité de décision, et reprendre notre destin en main.
Le projet sioniste a permis au peuple Juif de retrouver après 2000 ans le Droit à la terre et à la guerre, participant de l’Alliance, la terre, le peuple, la Loi. La Nation d’Israel avec l’armée de défense d’Israel, Tsahal, a instauré le ‘Israel ne cède pas’, y compris aux chantages, constitutif de l’identité israélienne.
Qu’est-ce qui a changé, et nous a fait abandonner notre décision et force de dissuasion?
Seraient-ce nos illusions dont celle d’une coexistence avec une masse informe monstrueuse incapable d’autre chose que d’envie, de projection, de destruction, de fantasme de substitution, de cette solution à l’existence d’un état Palestinien avec une telle foule archaïque destructrice psychopathologiquement, ayant intégré le fantasme omnipotent que l’existant de l’autre l’humilie et l’empêche, elle, d’exister, de créer, l’illusion d’un camp autoproclamé de la paix, narcissiquement pur, qui fait qu’on réagit davantage à l’exécution rituelle d’un militant « de la paix » qu’à celle d’une famille de Judée ? Entre l’humanitarisme christianisé et masochiste pervers des uns et le fanatisme archaïque et égoïste d’autres, deux versions apparemment opposées d’une même problématique narcissique de pureté absolue et perverse, la question pourrait être celle de notre existant sioniste aujourd’hui.
Serait-ce notre diffluence* sur nos définitions de l’être juif recouvrant l’être sioniste qui nous disperse, nous paralyse, psychiquement, identitairement, intellectuellement, politiquement, cognitivement ?
Prof. Michael Gad WOLKOWICZ
psychopathologie, GHU Paris Sud – Orsay, Visiting Professor Tel Aviv, Glasgow. Institut Universitaire Élie Wiesel, Président de l’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr) et de The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL)
– מכון אינטר-דיסציפלינרי שיבולת , נוכחותו של פרויד: psychanalyste.
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