Les Haredim quitteront-ils le pays ?

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Les Haredim quitteront-ils le pays ?

Enrôlement des Haredim : la polémique enfle entre Smotrich et Goldknopf

Le débat autour de la conscription des ultra-orthodoxes (Haredim) en Israël a connu un nouvel épisode tendu cette semaine, suite aux propos du ministre de la Construction, Yitzhak Goldknopf. Dans une interview accordée au journal Makor Rishon, ce dernier a affirmé que les Haredim quitteraient Israël s’ils étaient contraints de rejoindre l’armée. Une déclaration qui a immédiatement provoqué l’ire du ministre des Finances, Bezalel Smotrich.

Ce dernier, représentant du courant sioniste religieux, n’a pas mâché ses mots. Dans une réaction publique particulièrement virulente, il a accusé Goldknopf de trahir l’unité nationale en se coupant du reste du peuple. « Honte à vous », a-t-il lancé, estimant que les souffrances des familles endeuillées par le conflit ne concernaient pas uniquement les sionistes religieux, mais la nation tout entière.

Une fracture idéologique persistante
Les propos de Goldknopf mettent en lumière une fracture bien connue au sein de la société israélienne : celle qui oppose les communautés ultra-orthodoxes à la majorité laïque ou sioniste-religieuse. Le ministre haredi a déclaré que sa communauté ne modifierait pas son mode de vie, quelles que soient les circonstances : « Il y aura alors un pays sans Haredim », a-t-il prévenu. Il a également rejeté l’idée d’un partage de la douleur nationale, déclarant : « Leur douleur sera avec eux, la nôtre avec nous. »

Pour Smotrich, cette attitude revient à se désolidariser du destin collectif d’Israël. Il a rappelé une maxime talmudique selon laquelle « celui qui ne compatit pas à la détresse du public ne mérite pas d’en partager le réconfort ». Il a aussi critiqué le ton employé par Goldknopf, dénonçant une posture hautaine et détachée : « Baissez les yeux et implorez pardon. »

Une pression croissante sur les exemptions militaires
Depuis des décennies, les jeunes hommes issus du monde haredi bénéficient d’une exemption quasi-systématique du service militaire, à condition de poursuivre des études religieuses. Cette politique suscite un débat récurrent en Israël, notamment en période de guerre, lorsque les besoins en effectifs militaires augmentent considérablement.

Le conflit actuel, considéré par beaucoup comme une guerre existentielle pour Israël, a ravivé les appels à une réforme du système. De nombreux citoyens, y compris au sein de la coalition, jugent de plus en plus difficilement supportable l’idée qu’une partie de la population soit totalement exemptée de l’effort national.

Les propos de Goldknopf interviennent donc dans un contexte particulièrement tendu. Il a même proposé une alternative provocatrice : recruter à Tel-Aviv ceux qui évitent l’armée, plutôt que de forcer les Haredim à y entrer.

Une coalition sous tension
La sortie de Smotrich, bien que sévère, reflète un malaise plus large au sein de la coalition gouvernementale. Elle met en évidence la difficulté croissante de concilier les aspirations du public sioniste-religieux, largement engagé dans les forces armées, avec celles des partis ultra-orthodoxes, dont les électeurs s’opposent farouchement à la conscription.

Smotrich a affirmé qu’une majorité silencieuse de Haredim était en désaccord avec Goldknopf, qu’il accuse d’être déconnecté du peuple. Il a même appelé à un renouvellement de leadership au sein de la représentation politique haredie, suggérant que d’autres leaders, plus ouverts à une vision collective de la société, pourraient prendre le relais.

Vers un affrontement politique plus large ?
Le débat sur l’enrôlement des Haredim ne se limite pas à une querelle personnelle entre deux ministres. Il pose la question plus large de la solidarité nationale en temps de guerre, du contrat social israélien et de la place de la religion dans les institutions. Alors que le pays traverse une crise sécuritaire majeure, la pression pour réformer le statut militaire des étudiants en yeshiva pourrait bien s’intensifier.

Dans les prochaines semaines, les débats à la Knesset sur cette question s’annoncent houleux. La coalition devra naviguer avec précaution pour éviter une rupture politique entre ses composantes, déjà fragilisées par des désaccords profonds sur la vision du pays et son avenir commun.

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