LES FAUX-MESSIES 6ème PARTIE
Salomon Molcho: Destin curieux que celui de Diogo (Diego) Perez. Il s’agit d’un Marrane né au Portugal en 1500, huit ans après la folie meurtrière et sanglante qui s’empara de la très catholique Espagne en 1492 et sacrifia sur l’autel de la foi des dizaines et des dizaines de milliers de Juifs (et même de non-Juifs) dénoncés par jalousie ou par haine.
La famille Perez fuyant l’Espagne se réfugia à Lisbonne. Leur fils né en 1500 à Lisbonne fut baptisé comme un bon catholique et reçut une éducation stricte.
A l’âge de 23 ans, il se trouva propulsé au poste ô combien envié de secrétaire au Tribunal du roi du Portugal de l’époque: Manuel Ier.
Lorsque celui qui allait devenir son comparse (voir épisode précédent), David Réouvéni apparut à la cour royale.
Cette apparition donna à Diogo Perez le ressort nécessaire pour revenir vers le Judaïsme. Il opéra sur lui-même des changements en chaîne tels que : hébraïser son nom en Shlomo Molko, pratiqua la circoncision sur lui-même.
Le souverain portugais fut fortement courroucé de ce retournement imprévu et inattendu. Molko quitta le pays subrepticement et se réfugia en Macédoine à Bétola. C’est en ce lieu qu’il prit la décision de rédiger son livre : « Sefer HaMefoar » et il se livra alors à des supputations afin de déterminer la date à laquelle aurait lieu la Rédemption finale en définissant par là-même la date à laquelle se révèlerait le Messie-Libérateur !!!!
Ce livre fut imprimé et diffusé dans la communauté de Salonique et, Molko quitta la ville. Cependant, à l’époque le Rav Yossef Taïtatchek avait trouvé lui-même un abri dans cette ville grecque et il y avait fondé un « cercle d’études cabalistiques ». Apparemment c’est alors qu’il « s’ouvrit » à l’étude de la Cabbale et qu’il y rencontra Rabbi Yossef Caro, sur lequel il fit une grande impression.
On ne trouvera pas de précisions sur le fait qu’il quitta la communauté de Salonique pour arriver en Italie. On ne trouve qu’une légère mention selon laquelle il aurait participé sur les cas d’annulation de mariages entre deux rabbins Eliahou Halfon et Yaakov Mantino.
Très rapidement son esprit vacilla. Ne dit-on pas que pour qu’un édifice tienne il faut de solides fondations ? Chez Molko, l’éducation juive souffrait de failles profondes et, de trop vouloir se plonger dans la cabale n’était peut-être pas souhaitable soit à cause de son âge soit parce que sa formation n’était pas complète. Toujours est-il qu’en voulant calculer la date à laquelle le Messie arriverait, il eut recours à des combinaisons dangereuses et il demanda des rêves pour en savoir plus. Il parvint à fixer plusieurs dates qui, selon lui, devaient être des « étapes » pour la venue du Rédempteur. L’une des dates était 1532 qui, lui fut funeste puisque c’est en cette année qu’il fut brûlé dans un bûcher par le tribunal de l’Inquisition. Il convient, toutefois, de souligner que d’autres cabalistes étaient parvenus aux mêmes dates.
Le Rav Hayim Vital a écrit à propos de Shlomo Molko qu’il avait fait usage de Cabbale pratique et qu’il avait été « perdu » à cause de cela.
Shlomo Molko, par l’usage de calculs cabalistiques savants désirait précipiter la venue du Messie et pour préparer les foules, il donna des conférences à travers toute l’Italie et devint célèbre. Avec le concours de David Réouvéni ils convainquirent les communautés de l’arrivée imminente du Rédempteur et ils étaient par eux-mêmes si convaincus qu’il devait y avoir une armée pour libérer qu’ils tentèrent de s’assurer l’aide et le concours du Pape Clément VII de manière à organiser les juifs des diverses communautés en armée à seule fin de libérer la Judée des Ottomans.
Dans cette démarche, Molko utilisa encore des forces cabalistiques de manière à « briser les écorces » et ses contemporains ont pu prêter foi dans sa façon d’agir telle qu’elle doit se dérouler et, le Ramban au cours de la disputation de Barcelone, en fait part : A la fin des temps, le Messie arrivera selon l’ordre divin et se mettra en relation avec le chef de la communauté juive et en ceci il transmettra un message au Pape en exigeant de lui tout comme Moshe Rabbenou avait demandé au Pharaon : « Envoyez mon peuple et mes serviteurs ».
Il est à souligner que quelques deux cent cinquante ans avant, cet acte avait déjà été fait, entre autres, par le rabbin Abraham Abulafia en 1270, ainsi que, plus tard, au milieu du XVIIème siècle par Nathan de Gaza. Étonnamment, il y avait un lien spécial entre Molko et le pape, probablement parce que le pape avait évalué les capacités mystiques prophétiques dont disposait Molko. Lorsque celui-ci quitta Rome, il était pourvu d’une autorisation spéciale du pape lui-même pour faire et imprimer ses propres sermons, à condition qu’ils n’aient pas un caractère antichrétien. C’est sans doute la raison pour laquelle Molko se refusa de commenter le livre de Daniel dans lequel on peut trouver des indications sur la fin des temps pour ne pas se trouver en porte à faux avec le Christianisme.
Le tribunal ecclésiastique sis à Rome trouva étrange le fait que ce « chrétien » de naissance fut parjure et soit retourné vers le judaïsme – crime impardonnable et preuve irréfutable de félonie et voire même de traîtrise. Cependant, l’empereur Charles Quint lui proposa l’amnistie sous condition de revenir à la foi chrétienne ce que Molko refusa catégoriquement acceptant de mourir en martyre.
Ainsi que cela a été évoqué dans le récit biographique de David Réouvéni, les deux hommes se rencontrèrent à Ratisbonne chez Charles V. Selon certaines sources Molko fut donc condamné et brûlé sur le bûcher de Mantoue en 1532.
Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו
Etudes Juives
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Le 26 janvier 1531, trois secousses secouent le Portugal et de nombreuses maisons sont détruites à Lisbonne par un tremblement de terre
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